☀️05 - Coup de soleil

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Samedi 24 juin 2023

Un bruit étrange me réveilla en sursaut d'un sommeil délicieusement profond. J'ouvris les yeux sur un plafond inconnu, qui ressemblait à s'y méprendre à un baldaquin. La lumière était faible et je bâillai avant de m'asseoir en essayant de comprendre dans quel lit je me trouvais, parce que ce n'était certainement pas le mien. Et puis les souvenirs me revinrent et mon estomac se tordit quand je me souvins que j'étais dans le lit d'un vampire et que ce n'était certainement pas normal que la lumière du jour m'ait réveillé.

D'un bond, emmêlé dans les draps, je me retournai vers son côté du lit alors que le même bruit résonnait à nouveau. Marko avait bougé, désormais étalé sur le dos, et c'était lui qui gémissait, le visage froncé d'une expression douloureuse dans son sommeil. Un mince rayon de soleil se faufilait entre les rideaux et touchait le lit, suffisamment proche pour brûler la peau de son épaule. Même si je savais que le soleil le blesserait très grièvement, c'était impressionnant de voir à quelle vitesse le coup de soleil était en train de virer à une brûlure sérieuse. Il s'agita à nouveau, s'écartant vaguement sans se réveiller, et je compris que la lumière allait le tuer si je ne faisais rien pour l'en empêcher.

Sautant hors du lit, je me précipitai pour le contourner et lutter avec les rideaux du baldaquin pour essayer de faire obstacle à la lumière, au moins le temps de trouver une solution. Un bref regard à ma montre m'apprit qu'il n'était que neuf heures, ce qui voulait dire que le soleil avait encore largement le temps de progresser sur le lit, donc je devais régler le problème de manière efficace. En luttant contre la panique, je fouillai dans mon sac jusqu'à mettre la main sur ma couverture de survie, avec l'espoir qu'elle suffirait à protéger Marko. Je la dépliai pour l'en recouvrir entièrement, vérifiai que les rideaux du baldaquins étaient bien fermés, puis je m'approchai de la fenêtre pour essayer de déterminer d'où venait la lumière. C'était forcément quelque chose de récent, parce qu'il était impossible que Marko ait dormi dans une chambre avec une ouverture aussi mortelle.

— Merde ! sifflai-je en découvrant la source de la lumière. Oh bon sang je vais les tuer !

Parce que, bien sûr, les crétins qui m'avaient tendu un piège la veille avaient jeté des trucs sur la façade dans l'espoir de me faire flipper, et ils avaient réussi à déloger l'une des briques qui condamnaient la fenêtre. Fou de rage et en même temps terrifié pour Marko, je m'obligeai à prendre une profonde inspiration pour me calmer et réfléchir au meilleur moyen de le mettre en sécurité le temps de réparer ce trou (et de vérifier qu'il n'y en avait pas d'autres). Vu qu'il n'avait pas l'air de pouvoir se réveiller avant la tombée de la nuit, je devais le déplacer pour le mettre hors d'atteinte de la lumière d'ici là. Et comme je n'étais absolument pas certain que les autres pièces soient safe, la seule option absolument sûre qu'il me restait était la cave. Là, au moins, je savais qu'il n'y avait aucune fenêtre. Ou alors la bibliothèque, mais pour cela je devais pouvoir porter Marko à travers le passage secret et dans l'escalier, ce qui me paraissait un peu au-delà de mes capacités. Ce serait donc la cave.

Revenant au lit, j'enveloppai Marko dans la couverture de survie, jusqu'à ce qu'il soit entièrement recouvert de cette fine couche métallique, comme une étrange momie ou une chrysalide futuriste. Dans un éclair de génie, j'attrapai ma lampe frontale pour la passer sur ma tête et l'allumer, histoire d'avoir les mains libres et assez de lumière pour y voir quelque chose en descendant à la cave.

— Bien, marmonnai-je, c'est le moment de voir si tu es assez léger pour être transporté comme une princesse !

Heureusement, pour des raisons de sécurité, j'avais pris l'habitude des années auparavant de faire de la musculation pour m'assurer de pouvoir soutenir mon propre poids à la force de mes bras. J'avais également appris, au fil de stages de secourisme, que porter quelqu'un était davantage une question d'équilibre qu'autre chose. Avec précaution, je parvins à soulever Marko et à le caler contre moi, appuyé sur mon épaule, puis je quittai la chambre en espérant de toutes mes forces trouver un accès à la cave de ce côté-ci du pavillon.

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