🎆09 - Un parfum d'été

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Vendredi 14 juillet 2023

Le week-end suivant, j'étais prêt. J'avais tout organisé pour avoir mon week-end entier de libre, et j'avais préparé mon sac de façon à pouvoir rester au moins deux nuits au pavillon. J'espérais que Marko serait disponible, puisque je ne connaissais pas son emploi du temps, mais je n'avais aucun moyen de lui poser la question hormis en allant le trouver directement. Inutile de dire que je trépignais littéralement d'impatience alors que je chargeais la voiture, et il est possible que j'aie roulé un peu plus vite que ce qui était autorisé. Heureusement, il n'y avait ni radar ni trafic sur la route.

Dans ma hâte, j'avais un peu trop anticipé le trajet, et j'arrivai au pavillon une bonne heure avant le crépuscule. Dans la lumière dorée du soir, les bâtiments semblaient tout droit sortis d'un conte de fée, et j'avais à peine arrêté la voiture que j'étais déjà en train de prendre des photos pour les envoyer à Yseult. L'une d'entre elles me plut tellement que je m'empressai de la mettre en fond d'écran, sans même chercher à la retoucher.

Et puis je cessai enfin de repousser le moment que j'attendais, et je sortis de la voiture pour m'engager sur le pont et entrer dans le bâtiment. Il me fallut prendre sur moi pour ne pas monter le grand escalier quatre à quatre, vu que de toute manière Marko ne devait pas être réveillé à cette heure-ci. Finalement, je me retrouvai devant la porte close de ses «appartements» et, faute de meilleure solution parce que je n'étais pas le mec le plus réfléchi de la terre, je finis par m'appuyer d'une épaule contre le mur, pour attendre.

Heureusement, ce ne fut pas très long. L'obscurité envahissait déjà les pièces désertes et les dernières lueurs du soleil n'avaient même pas encore disparu que j'entendis tourner le verrou de la porte. Marko en sortit à moitié, encore en train de s'habiller, les bras pris par un t-shirt bordeaux sur lequel je devinai le visage de Tom Cruise en Lestat dans Entretien avec un Vampire. Sa tête tout ébouriffée jaillit du col, et son air encore un peu endormi laissa place à la surprise lorsqu'il me vit.

— Ron ?! Qu'est-ce que tu fais ici ? Je me disais bien que quelqu'un était là, mais je n'étais pas sûr que c'était toi. Enfin je l'espérais mais...

— Je t'avais dit que j'essaierai de venir, ris-je. Tu m'as presque manqué.

— Presque ? s'offusqua-t-il en portant théâtralement une main à son coeur. Dire que je soupirais face à la fenêtre, le regard dans le vide, en espérant ta venue... je suis choqué déçu.

Impossible de ne pas pouffer à le voir comme ça, et il m'offrit cette fois un large sourire pétillant, que je ne pus que lui rendre.

— Je n'ai rien de prévu ce week-end, expliquai-je. Je n'étais pas certain que tu sois chez toi, je me suis dit que tu travaillais peut-être, mais je voulais tenter le coup.

— Tu as de la chance, cette semaine je ne travaille pas avant dimanche soir. Et si tu es prêt à rester au moins jusqu'au matin, c'est avec plaisir que je t'accueillerai.

— Je peux carrément rester jusqu'à dimanche, je rentrerai sûrement dans l'après-midi.

— Génial ! Ça te dit de te poser avec moi dans la cour ?

— J'ai une autre proposition, contrai-je. Ça te dit d'aller voir le feu d'artifice quelque part ?

— Oh, ouais, carrément ! Il y en a un qui est tiré dans le patelin d'à côté à 23h, c'est à cinq minutes en voiture et y a même un parking.

C'était parfait, d'autant que j'avais toujours eu un faible pour les petits feux d'artifices de campagne, ceux où l'air sentait bon les moissons et où l'on pouvait profiter du spectacle sans se faire bousculer, sans entendre brailler les bébés terrifiés et sans respirer la fumée de beuh.

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