Chapitre 10 - page 5

104 30 4
                                    

D'autres restaurations permirent de développer de nouvelles activités. La petite bâtisse en ruine sur le côté Est, près du manoir, était devenue des écuries, un atelier de menuiserie et de ferronnerie, ainsi qu'une grange à foin et à bois.
Le terrain attenant avait été déboisé pour servir de pré, où gambadaient librement les chevaux du domaine. Car des chevaux, il en fallait sans cesse et ceci en grande partie à cause des aménagements développés sur la parcelle Sud.

Le Vicomte avait divisé l'immense étendue marécageuse en quatre grandes sections, séparées par de larges allées sablonneuses formant des chemins allants d'un bout à l'autre du domaine.
La section la plus au Sud-Est avait été découpée en portions égales, servant de champs potagers. Pommes de terre, choux, artichauts, carottes, navets, tomates, potirons... tout ce qui put être planté fut planté, sous le regard avisé d'Armand qui avait une grande expérience en la matière, ayant lui-même travaillé aux champs dans sa jeunesse.
Mais avant d'en arriver là, il fallut d'abord effectuer un recrutement de masse.

Les tableaux d'affichage des places marchandes de Rivënicès et de Kerruheix (un petit bourg situé quelques lieues à l'Ouest du domaine) avaient été bardés d'annonces, indiquant que le domaine était à la recherche d'ouvriers agricoles.
Une vingtaine de gaillards se présentèrent les jours suivants et tous furent engagés. Aucune paire de bras ne fut de trop, étant donné l'ampleur de la tâche et comme il fallait se hâter à cause de la saison déjà bien avancée, le sol devait être préparé le plus rapidement possible.

Le problème de se trouver si près de la mer, est que la terre possède une trop forte teneur en sable et en sel. Pour trouver la qualité adéquate, il fut nécessaire de se rendre trois lieues plus au Sud, à la lisière d'un bois, où la terre était idéale pour les plantations.
Six grandes charrettes remplies d'hommes armés de pelles furent donc envoyées pour prélever cette terre, pendant que d'autres évacuaient l'ancienne, décaissée à l'endroit des futurs champs du domaine.
Cela prit du temps, mais après de nombreuses semaines de patience et d'attention, les premiers légumes firent enfin leur apparition.

La récolte était toujours séparée en deux lots, l'un restant dans le cellier du domaine (afin de nourrir les occupants et les travailleurs), le reste vendu au marché, contribuant sur un autre front au remplissage des caisses et à la bonne réputation du domaine, par la qualité de ses produits et ses prix toujours très raisonnables.

La parcelle la plus au Sud-ouest ne fut pas simple à aménager. Il faut dire que c'était la zone la plus impraticable du domaine, étant donné la présence des hautes herbes et des nombreuses mares d'eau boueuse.
D'abord, il fut impératif de niveler le terrain (à l'aide du trop-plein de sable évacué sur la partie voisine), puis de creuser de larges sillons passant entre toutes les parcelles cultivables du domaine, pour y drainer l'eau ayant transformé les lieux en marécages. Mais pour éviter qu'elle ne stagne, il fallait aussi apporter un courant perpétuel d'eau douce. Cela fut possible en déviant la petite rivière longeant le domaine par l'Ouest, le guillet, qui offrait son flux continu d'eau claire et potable à travers les champs.
L'idée marcha si bien qu'elle fut poussée plus encore, donnant naissance à d'autres déviations menant à une dizaine de puits placés à des points stratégiques, pour alimenter tout le domaine. La fin de la déviation ramenait le cours d'eau un peu plus loin dans son lit primaire, lequel finissait par se jeter dans la mer en une jolie petite cascade rocailleuse tout près de la plage.

Une fois préparée, la parcelle Sud-ouest fut recoupée en deux parties. Une au Sud, où furent dressés des enclos servant à élever moutons, chèvres, vaches, cochons et volailles, l'autre au nord accueillant plusieurs champs où l'on sema du blé, de l'orge, du maïs et des tournesols.
Plusieurs greniers, ainsi qu'un moulin, furent construits au croisement de ces quatre champs pour des raisons évidentes.
Les céréales récoltées, tout comme les autres produits du domaine étaient vendus d'une part puis stockés dans les greniers d'autre part, le moulin permettant la production de nombreuses farines et huiles.

Un reflet dans la lame 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant