Chapitre 19 - page 1

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Dans les rues de la cité, Togänn marchait d'un pas léger. Les certitudes qu'il avait à présent venait de permettre à l'une de ses plus anciennes blessures de se refermer sans douleur.
Sa peine avait disparu et il se réjouissait même pour Laena, qui avait su se reconstruire, trouver un nouvel amour et qui semblait aujourd'hui très heureuse de se marier. À bien y réfléchir, maintenant que ce poids lui avait été retiré, Togänn réalisa que lui aussi était heureux. Tout comme elle, il avait rencontré quelqu'un qui avait su trouver le chemin de son cœur, quelqu'un qui lui avait redonné le sourire et même su ramener de la joie dans sa vie.

Alors, il pensa subitement à la pauvre Madeline, qui devait endurer bien des souffrances en ce moment même, toute seule auprès de son oncle mourant.
Aussitôt il pressa le pas, maudissant une fois de plus son orgueil qui l'avait poussé à agir comme un imbécile et l'avait conduit ici, à Kastraëll, déambulant dans les rues au beau milieu de la nuit alors qu'il devrait déjà être en route pour retrouver sa bien-aimée, laquelle se languissait sans-doute de sa venue.

La culpabilité l'envahit alors. Il se mit à courir, ignorant la fatigue et ne pensant plus qu'à rentrer à Vornamswën. Armand avait sûrement déjà dû préparer la voiture, ainsi que ses affaires. Il n'aurait plus qu'à arriver au plus vite, faire une rapide toilette, se changer et sauter dans l'attelage. Il comblerait son manque de sommeil en se reposant pendant la durée du voyage vers Noräthgadën.

Au moment où il traversait une place, on l'interpella, « hé, toi ! », cria une voix autoritaire. Il tourna la tête, une troupe de miliciens venait de le repérer et se lançait à sa poursuite. Togänn continua de courir, cherchant à les semer en tournant au hasard des rues étroites de la cité.
À force de détour, il arriva dans un cul-de-sac. Lorsqu'il voulut faire demi-tour, trois miliciens lui bloquaient déjà le passage.

Vaincu, il écarta les bras en signe de reddition. L'un d'eux approcha prudemment, spada en main, cherchant de son autre main les fers accrochés à sa ceinture.
Lorsqu'il baissa les yeux pendant un bref instant pour les décrocher, Togänn fonça sur lui, saisissant son bras et le désarmant avant de le clouer à terre d'un croche-pied.

Ses deux camarades vinrent à sa rescousse en file indienne, à cause de l'étroitesse du lieu.

Le premier fendit sur Togänn, qui coula sa lame et le frappa d'un coup de genou dans le ventre. L'autre taillada d'un mouvement vertical. Togänn para le coup, écarta sa spada et opéra un battement sur sa main du plat de sa lame. Le milicien écarta les bras par réflexe et Togänn en profita pour le frapper au visage, avec la garde de son épée.

Les trois assaillants maîtrisés, il lâcha son arme et s'échappa à travers les ruelles.

Lorsqu'il arriva devant l'auberge relais, des miliciens apparurent au détour de la bâtisse et lui barrèrent la route. Il fit demi-tour, mais un autre groupe, composé de cinq hommes, coupa sa retraite.

Il s'avoua vaincu, sans feindre cette fois-ci, se mettant à genoux et levant les bras. Deux hommes le saisirent, pendant qu'un troisième lui passait les fers. Il fut ensuite conduit aux geôles du poste garde et jeté au fond d'une cellule.

***

Avec pour seule compagnie un gardien qui semblait parfaitement muet, les premiers instants de son incarcération furent assez tranquilles.

Un peu plus tard, trois hommes firent irruption, ceux-là mêmes qu'il avait rossés dans la ruelle un peu plus tôt.
Ils congédièrent leur camarade, puis ouvrirent la cellule et se ruèrent sur le prisonnier pour lui administrer une bonne correction. Togänn peina à encaisser les frappes, car les miliciens n'avaient même pas pris la peine d'ôter leurs gantelets de mailles, ce qui rendait leurs coups encore plus douloureux.

Un reflet dans la lame 🏆 (Roman)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant