Chapitre 5

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— Bonne fin de journée !

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— Bonne fin de journée !

Oikawa ferma la porte derrière lui et s'élança joyeusement dans la rue. Il était 17h, le soleil tapait encore fort, quelques voitures roulant proches de lui offraient des courant d'air bienvenus et peu de gens marchaient dans les rues sous cette chaleur assommante. Il finissait tout juste sa journée de travail dans le journal indépendant dans lequel il travaillait comme rédacteur depuis quelques semaines maintenant. 

Il étira l'encolure de son tee-shirt blanc et la secoua pour ventiler son corps en train de surchauffer. Il passa devant le fleuriste de sa rue et s'arrêta devant les étales, attiré par la douce odeur se répandant aux alentours. Supposant qu'il ferait meilleur à l'intérieur, il s'engouffra dans la petite boutique, qui était climatisée — sans trop l'être non plus, on n'était pas à l'abris d'un blocage de nuque — pour son plus grand bonheur. La gérante de la boutique le salua avec un grand sourire — il était un habitué — et son regard se perdit dans le large dos du seul client présent.

— Mais non...

L'homme se retourna et il se sentit fondre davantage en croisant les prunelles vertes obsédantes d'Iwaizumi. Il relâcha son encolure toujours coincée entre deux doigts et s'approcha de lui. Le voir ainsi entourée de fleurs toute plus colorées les unes que les autres le rendait encore plus beau qu'il ne l'était déjà et Oikawa se demanda comme une telle chose était possible.

— Je sais pas pourquoi mais j'imaginais pas du tout te croiser ici.
— C'est si surprenant de voir un homme viril dans une boutique de fleuriste ?
— Exactement, pouffa Tooru.

Avec un sourire en coin, Iwaizumi détourna le visage et le châtain aurait juré avoir vu ses joues se tinter de rouge. Son cœur se gonfla de joie. Il n'aurait jamais cru assister à une telle scène. Iwaizumi n'était plus uniquement sexy à souhait, il pouvait être mignon, et ça, ça pourrait être fatal pour lui. Il préféra se tourner lui aussi et il fut attirer par une table recouverte de cactus. En ajouter un à sa petite famille n'était pas une mauvaise idée alors il s'accroupit et se concentra sur celui qu'il voulait, jusqu'à ce que l'autre homme reprenne la parole :

— L'orchidée est morte.
— Pardon ?
— L'orchidée. Celle que tu m'avais dit d'arroser l'autre jour. Elle est morte.
— Oh. Toute mes condoléances. Il était déjà trop tard ?

N'obtenant pas de réponse, il s'inquiéta et scruta le visage d'Hajime. Les traits crispés, le regard dur, et les mâchoires serrées, il n'avait pas l'air d'aller bien. Ignorant le pincement au cœur qui failli le faire tomber, il se releva pour se rapprocher et posa une main sur son épaule. Si Hanamaki était là, il lui aurait dit qu'il en loupait pas une pour le tripoter. Mais là, il sentait que le brun avait besoin de réconfort.

— Tu avais un attachement particulier avec cette fleur.
— Oui, avant.

Oikawa pouvait deviner facilement que cette réponse avait un sens précis mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Le voile de tristesse quitta les orbes du jeune homme qui les posa sur lui. L'étincelle qui brilla en croisant ses iris fit bondir son cœur et il s'éloigna d'un pas pour ne pas céder à ses pulsions. Il pouvait sentir la présence de la fleuriste non loin de là et savait déjà qu'elle était au bord de la syncope en les épiant.

Iwaizumi ne sembla pas apprécier cet éloignement mais ne fit aucun commentaire, reportant son attention sur une clématite rose dans un joli pot en terre cuite décoré avec des insectes colorés peints à la main, posée devant lui. Après avoir soufflé un coup pour se remettre les idées en place, Oikawa se pencha à ses côtés et observa la fleur à son tour. Il ne pouvait pas s'en empêcher, Iwaizumi s'approchait, il reculait ; s'il s'éloignait, il le rattrapait. C'était un jeu sans fin.

— Elle est très jolie. Sa couleur est douce, ça apporterait une touche de fraîcheur à ton appartement.

Il sentit son voisin tourner la tête vers lui, et il se trouva près. Très près. Il déglutit difficilement et garda le regard braqué sur la plante. Ne pas se tourner, surtout pas. Il pouvait sentir le souffle de l'homme se cogner contre sa joue et il planta ses ongles dans ses genoux pour ne pas l'attraper par le col et lui rouler la pelle de sa vie. À croire qu'il testait ses limites.

— J'ai jamais vu ton appart', murmura-t-il près de son oreille.
— C'est qu'on a pas souvent eu l'occasion de se voir, bredouilla Oikawa dont le masque d'assurance commençait à s'émietter. Enfin on se croise mais voilà, on s'est jamais donné rendez-vous.

Oulà, il n'aurait jamais dû dire ça ! Iwaizumi allait le prendre pour une invitation. Un rapide coup d'œil dans sa direction et ses craintes furent fondées. Le regard émeraude l'englobait tout entier, prêt à le dévorer. Il fallait se replier rapidement.

Dans un mouvement lest, il se dirigea vers les cactus, en attrapant un au hasard et l'analysa sous tous les angles. La fleuriste lui lança le prix et il se dit que c'était correct (n'importe quel prix lui aurait semblé correct en cet instant où il sentait le regard brûlant d'Iwaizumi dans son dos) alors il se dirigea vers le comptoir de l'accueil pour qu'elle l'encaisse.

— Tu ne veux pas me regarder ? demanda subitement le brun.

Le temps se figea, Oikawa et la fleuriste se fixèrent, tous deux muets, les yeux écarquillés. Jugeant la mâchoire pendante de la femme, Tooru se dit qu'elle allait bientôt hurler comme une fan un peu trop fan au concert de son groupe favori. Y avait-il un sous-entendu à cette question ? Un frisson traversa son corps, comme il en avait désormais l'habitude lorsqu'il se trouvait avec Iwaizumi et, toujours le dos droit, tourné, il sorti son portefeuille pour payer.

— Je suis occupé, ce serait impoli de ne pas faire face à notre jolie fleuriste.

Ladite fleuriste flancha durant une petite seconde avant de se raccrocher au bord du comptoir en bois. Oikawa lui adressa un sourire ravageur et à nouveau, elle manqua de s'écrouler. Elle se saisit difficilement de la monnaie qu'il lui tendait et, le temps qu'elle rembourse la différence, la clochette accrochée au dessus de la porte de boutique tinta. Il suffit de voir le regard déçu de la jeune femme pour qu'Oikawa comprenne. Il se retourna. Iwaizumi venait de partir, laissant un courant d'air chaud pénétrer dans la pièce.

Malgré cette vague de chaleur, le jeune homme sentit un immense froid l'envahir, ainsi qu'un profond malaise. Sa poitrine se serra et il dût prendre une profonde inspiration pour ne pas suffoquer. Son regard se posa sur la clématite et un sourire triste étira ses lèvres.

Sur le pas de la porte | Haikyū!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant