Mon fort et bon Persès, veux tu donc une histoire ?
Je va t'en conter une des plus dérisoires:
Tous les vieillards du coin, c'est sûr, t'affirmeront
Du grand-père Morin à la veuve Ninon,
En avoir connu un qui s'appelait Hector
Qui venait du midi, sacré coquin de sort!
Mon bon Persès, cet homme est fou.
Il trimait dans les champs pour tout juste dix sous
Du reste on le payait en débris de navets.
Il criait sur les toits, le cœur illuminé
Que seuls le blé, la terre, faisaient son bonheur.
Pourtant le triste idiot se tuait au labeur.
Et son rude patron le traînait par le cou,
Mon bon Persès, cet homme est fou.
Dans sa vieille grange, mal fichue, mal murée,
Hector colorait tout en éclat de gaîté.
Il nous assurait même y cacher un trésor
Et ouvrait ses volets en criant: "Voici l'or!
Don de Phébus pour qui l'argent n'est rien du tout ."
Mon bon Persès, cet homme est fou.