Les Erinyes

67 9 4
                                    

 Accroupies dans l'ombre, repues de leurs souffrances,

Nous n'avons pour ces êtres aucune bienveillance.

Nul refuge à l'Olympe les dieux sont formels,

Nul refuge non plus en bas, chez les mortels.


Vous vivez aveugles sans chaleur ni lumière

Dans ce sépulcre enfoui bien profond sous la terre

Qu'est l'Erèbe ! Voûte sombre aux parois de fer,

Enfantée par Chaos, une ville d'enfer.


Et vous allez parfois seules, la face blême

Ravir au meurtrier, justement, en tout flegme

L'âme dont il s'est rendu indigne en tuant

Un misérable que vous vengez maintenant.


Il faut le reconnaître, vous faîtes la justice

De manière noble, un peu persécutrice.

Vous mériteriez bien d'être autant vénérées

A Rome, à Spartes, à Delphes et non dans le Léthé.


Pourtant d'autres le savent et nous vous citerons :

Athéna la sage, mère de ceux qui vont

Combattre par la mer, vous a nommées gardiennes

De cette ville-là, que l'on appelle Athènes.


De longs serpents remplacent votre chevelure

Insensible est celui qui blâme votre allure.

Le venin de ces reptiles sert à guérir

Mais vous êtes vouées, malheureuses, à punir.


Je vous vois assises, fixant le noir espace

Les yeux cernés, les bras tombants, la tête lasse,

Vos œuvres sont nobles mais la reconnaissance

Absente, tue dans vos cœurs toute l'espérance. 

Vers sur le ressentiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant