Quand l'horizon drapé d'une nuit sans étoiles
S'étale sur nos fronts lugubres et vieillissants,
Et que les araignées s'en vont tisser leur toile
Sur les portraits désuets de nos amis absents;
Quand les hirondelles s'envolent vers l'Afrique
Emportant la chaleur de nos amours d'été
Et que l'espoir terré en une sombre crique
N'ose encore émerger sous ce soleil glacé;
Quand le gris de la mer alourdi du vacarme
Des vagues qui se cognent aux éternels rochers
Erafle le col bleu luisant de chaudes larmes
D'un jour qui ne veut poindre au-dessus du clocher;
Quand les volets vernis d'une maison trop grande,
Se ferment au petit jour comme dernier adieu,
Que l'on vient arracher les dernières lavandes
Pour semer à la place un chrysanthème ou deux;
Quand sur l'angle d'une table, un verre d'absynthe
Se vide pour griser l'âme d'un solitaire,
Qui, au fil des nuits, se noie dans la sombre étreinte
Des boissons ravageuses aux odeurs délétères;
J'attends le lendemain.