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- On s'est déjà rencontrés, non ? murmure Kishi, les sourcils froncés

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- On s'est déjà rencontrés, non ? murmure Kishi, les sourcils froncés.

Yuji la regarde avec des yeux étonnés.

- Je crois pas. En tout cas ça me dit rien.

Megumi hésite. Il ne sait pas s'il doit révéler la véritable nature de Kishi ou se taire et la laisser improviser. Il ignore si Yuji est au courant de parler à un esprit ou s'il est assez naïf pour penser qu'il s'agit d'une lycéenne banale avec la peau un peu plus claire que la normale.

En tout cas, Kishi a l'air persuadé qu'ils se sont déjà vus quelque part.

- Ah, je sais ! s'exclame-t-elle enfin. C'est parce que tu ressembles beaucoup à une de mes connaissances.

Yuji rigole nerveusement, un peu gêné. Kishi ne réfléchit pas avant d'attraper le bras de Megumi et de se hausser sur la pointe des pieds pour lui chuchoter à l'oreille.

- Demande-lui s'il a un frère qui s'appelle Sukuna.

Megumi ne sait pas trop d'où elle sort cette information, il a toujours pensé que Yuji était fils unique. En tout cas, il n'a jamais entendu parler d'un frère ou d'une sœur cachée. Mais Kishi a un regard insistant et il est difficile de lui résister - surtout qu'elle a toujours son bras contre sa poitrine.

Il ne sait pas si Kishi a conscience de ce qu'elle fait - il la soupçonne d'être parfaitement au courant de son pouvoir d'attraction - mais il faudrait qu'elle perde cette mauvaise habitude d'attraper les bras des gens pour les plaquer entre ses seins. Il espère qu'elle ne fait ça qu'avec lui, elle pourrait tomber sur certains pervers qui ne laisserait pas passer cette occasion. Elle a tendance à donner sa confiance un peu trop vite à son goût.

- Dis, Itadori, est-ce tu aurais un frère qui s'appelle Sukuna ?

Megumi est surpris, parce que cette expression sur le visage de Yuji, c'est la première fois qu'il la voit. Il a ralenti le pas, s'est pincé les lèvres et a baissé la tête. Apparemment, ce nom ne lui est pas étranger. Kishi n'a pas encore lâché son bras, mais bizarrement, Megumi préfère faire comme si de rien n'était.

- Est-ce qu'il va bien ?

Yuji a tourné la tête vers Kishi qui relâche son emprise autour du bras de Megumi sous le coup de la surprise. Elle hoche la tête, ne sachant que répondre.

- Mon frère est mort sous mes yeux, explique-t-il alors, et c'est la première fois que Megumi a l'impression que Yuji sourit pour de faux. Il faisait partie de la mafia japonaise, donc il fallait s'y attendre. Il a toujours ses tatouages sur le visage ? Je serais curieux de savoir. Enfin bref, un jour, je devais avoir dix ans, j'étais seul avec lui à la maison, je jouais dans l'entrée. Ma mère nous avait laissé seul à contre cœur, mais elle avait une réunion très importante au boulot. Elle n'aimait pas ce qu'était devenu mon frère, mais il était toujours son fils, le mettre à la porte était tout simplement au-dessus de ses forces.

Megumi se rend compte à quel point il s'est fourvoyé sur le compte de Yuji. Il pensait qu'il avait toujours eu une vie facile. Il est tout le temps joyeux, alors Megumi se disait que sa vie devait être guidée par le bonheur et qu'il ne connaissait pas la tristesse ou la peur. Yuji sourit à tout le monde, il est gentil et attentionné, et il ne fait pas semblant. Il était convaincu que Yuji et lui étaient diamétralement différents.

Mais en réalité, il ne sont pas aussi éloignés qu'il l'avait pensé.

- On a frappé à la porte. C'était assez violent, je me suis dit que ça devait être un homme pressé. Je m'attendais à ce que Sukuna aille ouvrir, mais à la place, il s'est barré par la baie vitrée derrière la maison. Quand je suis allé voir ce qu'il faisait, il était en train d'escalader la clôture du jardin. Il s'est fait fusiller dessus. Je ne sais pas ce qu'il a fait pour mériter ça, mais il avait dû sacrément merder.

Megumi sent son cœur se serrer, il cherche quoi répondre à ça. Mais en voyant les larmes aux coins des yeux de Kishi et les tremblements qui secouent ses épaules, il se dit qu'il va la laisser parler. Elle, elle a de la compassion et sait s'exprimer, elle saura y faire. Parce que Megumi, il ignore la bonne façon de réagir face à ça. Le faux sourire de Yuji n'a pas quitté ses lèvres, et c'est sans doute ce qui lui fait le plus de mal.

- Désolé, je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça... Je crois que j'avais besoin d'en parler à quelqu'un au moins une fois, c'est épuisant de faire comme si tout allait bien dans ma vie.

- Tu n'as pas à t'excuser ! le coupe Kishi qui renifle fort. Si tu as besoin, parle nous autant que tu veux, on t'écoutera sans te juger ! De toute façon, je suis déjà morte, alors, alors...

Mais les larmes qui coulent sur ses joues l'empêchent d'articuler davantage, ses sanglots lui emtravent la gorge. Megumi panique un peu en voyant qu'elle s'est mise dans tous ses états, et sort un mouchoir de sa poche. Sauf que lorsque Kishi essaye de le lui prendre, ses mains passent au travers et ses larmes redoublent d'intensité.

Megumi panique un peu, il tente de lui essuyer le visage lui-même en tapotant ses joues avec son bout de tissu. Il grimace lorsque Kishi lui attrape la main pour apporter son mouchoir sous son nez et se moucher dedans. Il regarde avec dégoût la morve fantomatique qui entache son mouchoir, il n'a aucune envie de le remettre dans sa poche dans cet état. Sauf que Kishi continue de pleurer et qu'il n'a plus rien pour essuyer ses nouvelles larmes.

Megumi ne sait pas s'y prendre avec les esprits, la situation lui échappe complètement. Déjà qu'il ne sait pas comment faire pour consoler les vivants, c'est encore plus catastrophique lorsqu'il s'agit des morts.

Soudain, il se rappelle de la présence de Yuji lorsqu'il éclate de rire à côté d'eux. Un rire joyeux, pas un rire forcé. Megumi se sent soulagé de retrouver le Yuji qu'il connaît.

- Tu t'appelles comment ? demande-t-il en regardant Kishi.

- Ki, Kishi Ikari ! Mais tu peux m'appeler Kishi !

- Moi, c'est Yuji Itadori. Merci Kishi, je suis content que Fushiguro se soit trouvé une amie aussi sympa que toi. Ah, c'est ici que je vous laisse ! À plus !

Il leur fait un signe de la main, et tourne les talons.

Les cris du typhonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant