Deux mois se seront bientôt écoulés depuis que Kishi est partie. Megumi est assis en classe et écoute la leçon de mathématiques dispenser par leur professeur d'une oreille distraite.
Le vent souffle dehors, il se demande s'il n'y a pas une tempête qui se prépare. Il entend la mer s'agiter, le ciel gronder au loin. Il n'est pas très attentif à ce qui se passe en classe contrairement à d'habitude. Il est happé par la fureur de la météo qui va sans doute se déchaîner dans la soirée. Une brise légère vient lui chatouiller l'oreille et remuer légèrement ses cheveux mais Megumi n'y prête pas attention.
Peut-être aurait-il dû : car la scène de leur deuxième rencontre est sur le point de se reproduire.
La tête tournée vers la fenêtre, Megumi ne remarque pas la nouvelle arrivée en classe. Il a à peine perçu le chuchotement du vent lorsqu'elle est entrée et fait encore moins attention à la présence fantomatique qui se rapproche de lui en sautillant entre les pupitres. Même Yuji la suit du regard avec un grand sourire aux lèvres, mais Megumi ne l'a toujours pas vue.
Elle se plante devant sa table, et se penche à son oreille. C'est en sentant son souffle glacé contre son lobe que Megumi écarquille enfin les yeux.
— Ne bouge pas, murmure-t-elle.
C'est exactement la même scène que la dernière fois. Megumi ne dit rien, sous le choc. Kishi ne peut empêcher un rire cristallin de sortir de sa jolie bouche. Content pour eux, Yuji se remet à prendre le cours en note même si son cahier ressemble davantage à un recueil de gribouillis.
— Rejoins-moi près du temple cet après-midi. Je t'y attendrai avec Shiro et Kuro.
Sur ces douces paroles, Kishi fait demi-tour. Megumi la regarde s'éloigner la bouche entrouverte et les sourcils froncés. Il n'en revient toujours pas. Il a envie de se lever pour l'enlacer, qu'elle s'agrippe à son bras de nouveau, qu'il la serre contre lui de toute ses forces pour l'empêcher de filer et de l'abandonner une nouvelle fois. Mais Megumi ne fait rien.
C'est Kishi qui prend l'initiative de faire encore un demi-tour pour revenir vers lui. Lorsqu'il la voit slalomer autour des pupitres, les feuilles des lycéens se voletant sur son passage, il sent son coeur bondir dans sa poitrine, encore et encore, comme si on l'avait mis sur un trampoline.
Kishi se penche à nouveau. Mais cette fois-ci, ce n'est pas pour lui chuchoter un mot. Elle l'embrasse sur la joue et effleure le coin de ses lèvres, Megumi la soupçonne de l'avoir fait exprès. C'est comme quand elle plaque son bras contre sa poitrine : elle fait semblant de ne pas l'avoir remarqué, mais en réalité, c'était calculé d'avance pour le déstabiliser.
— Tu m'as manqué.
Le coeur de Megumi est sorti du trampoline, il est désormais monté sur ressort : impossible de freiner ses battements erratiques. Kishi effectue un dernier demi-tour en direction de la porte, il ne peut s'empêcher de la suivre du regard en se tenant la joue qu'elle a embrassée.
Yuji alterne ses mouvements de tête entre Kishi et Megumi, il ne sait pas trop lequel regarder. Il n'a pas raté une miette de la scène qui vient de se produire, il se serait cru au cinéma en train de nager en pleine comédie romantique. Il aurait aimé avoir des pop-corn à grignoter tant il était à fond dans le film.
Avant de passer au travers de la porte, Kishi fait un signe de main à Yuji qui s'empresse de le lui rendre. Elle sourit, Yuji sourit, et elle disparaît derrière le mur. Discrètement, il cherche le regard de Megumi. Il s'agite pour attirer son attention et lorsque Megumi se détourne enfin de la fenêtre pour le fixer en fronçant les sourcils, Yuji lève son pouce en l'air pour le féliciter. Megumi grimace et lève les yeux au ciel.
— Itadori, je peux savoir ce que vous avez ?!
Nos deux compères sursautent, Megumi plaque sa main sur sa bouche pour s'empêcher de rire. Yuji se lève d'un bon pour s'excuser, l'air gêné d'avoir été pris sur le fait.
— Rien, excusez-moi monsieur, ça ne se reproduira plus !
Quelques gloussements moqueurs s'élèvent dans la classe tandis que le professeur soupire et reprend sa leçon. À la fin du cours, Megumi range ses affaires et ne tarde pas à voir apparaître Yuji derrière son pupitre qui le dévisage avec de grands yeux. Il est clair qu'il est impatient de découvrir ce que Kishi a bien pu lui murmurer.
— Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Oh, et c'était quoi ce bisou, vous sortez ensemble ?!
Megumi le prie de baisser d'un ton, il n'aimerait pas que des rumeurs le concernant se propagent dans le lycée.
— Elle m'a demandé de la rejoindre au temple avec Shiro et Kuro. C'est tout.
— T'as pas répondu à ma deuxième question.
Question que Megumi élude d'un geste de la main. Yuji comprend qu'il serait vain d'insister alors il lâche l'affaire et suit son ami pour le cours suivant.
Megumi ignore d'où lui est venu la patience d'attendre la fin de la journée et retrouver Kishi qu'il n'a pas revue depuis deux mois. En classe, il ne pouvait pas s'empêcher de taper du pied et de frétiller sur sa chaise comme un poisson hors de l'eau. Il n'avait que faire du programme scolaire, des leçons d'anglais et du devoir de sciences. Ses pensées étaient toutes tournées vers Kishi et ses yeux bleus, Kishi et ses courts cheveux noirs qui s'agitent si joliment lorsqu'elle sautille et tourne sur elle-même.
Lorsque la dernière sonnerie retentit, Megumi balance sa trousse et son cahier dans son sac qu'il referme d'un coup sec. Il se demande s'il a déjà été aussi rapide pour ranger ses affaires. Yuji doit même se dépêcher pour le rattraper.
Megumi ne fait pas attention à lui. Il ne fait plus attention à rien : que ce soit les élèves qui se pressent à côté de lui, Yuji qui l'appelle et lui demande de ralentir ou le ciel couvert de nuages qui menace de pleuvoir. Il n'y a plus que Kishi, Kishi qu'il retrouvera près du temple, Kishi qui est enfin revenue après deux mois de silence.
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Les cris du typhon
FanficMegumi savait qu'il n'aurait jamais dû s'attarder dehors aussi longtemps avec la tempête qui se préparait. Le vent souffle si fort qu'il a l'impression qu'il pourrait s'envoler à tout instant. Son parapluie ne lui est d'aucune utilité sous cette plu...