Chapitre 2

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En me réveillant, ma compagne toujours accrochée à moi, j'essayais de faire le moins de bruit possible. Elle avait besoin de repos. Café en main, je surveillais la porte de notre chambre. Est-ce que ce matin je devais tenter une nouvelle approche ? Faudrait-il que je la pousse à bout ? Devais-je l'obliger à me parler ? Un rendez-vous avec ce médecin et notre vie entière était fichu... Il proposait effectivement de l'aide pour les patients, mais pour nous ? Qui nous apprend à gérer tout ça ? Au plus profond de moi je savais déjà que j'allais m'éteindre à petit feu, et pourtant, j'étais là, dans notre cuisine à attendre. Me revint en mémoire la journée où nous avions emménagé ici. Notre premier appartement. Personnellement, quel que soit le logement tout m'allait, la seule chose que je désirais c'était de m'endormir à ses côtés chaque jour. Mais Oxane était tombée amoureuse de ce loft, alors sans hésiter je l'avais loué. Six ans que nous avions emménagés. Mais devant ma tasse, ce coup-ci, c'était la première fois que ce lieu me donnait le vertige. Il n'était plus synonyme de bonheur, bientôt ce serait tout l'inverse. Un début de larme perlait au coin de mes yeux, et difficilement je déglutissais essayant tant bien que mal de ravaler ma douleur.

Ma compagne fit son apparition avec un sourire à vous faire frémir. Comment réussissait-elle à me faire changer d'émotions si facilement ? Elle me déposa un tendre baiser à angle de mes lèvres avant de s'assoir. Je lui proposais son café du matin, en lui tartinant de beurre le pain frais que j'avais été acheter une heure plus tôt simplement parce que j'avais besoin d'air. Mon visage criait sa colère, alors que le sien reflétait son amour. Pourquoi nous, je ne le saurais jamais... Mais je me demandais comment profiter de ces moments avec cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête... J'aurais voulu la garder près de moi pour toujours, mais on m'en a retiré le droit... Dès que mes yeux se posaient sur elle, je ne voyais plus que la noirceur. Celle de ma colère qui se reflétait, celle qui ne me lâchait plus. Plus que tout je désirais conserver quelque chose d'elle. Je passais mon temps à la détailler pour imprimer chaque courbe de son visage, chaque émotion qui se dessinait dessus, pour pouvoir la graver dans ma mémoire. Jusqu'ici je n'avais rien fait, car je doutais, toutes ces femmes qu'elle avait invitées chez nous, m'avaient ébranlées. Mais hier soir, elle avait à nouveau dit ces mots Je t'aime bien plus que tu ne peux l'imaginer. Sans attendre plus longtemps, je me dirigeais vers notre chambre, et récupérais l'écrin caché dans mes vêtements. Dans notre situation, je ne voyais pas l'intérêt de faire un grand discours, ni même de promettre quoi que ce soit. Je déposais simplement l'écrin fermé devant elle sur la table avant de me rassoir. Je la fixais un instant en plongeant mon regard dans le sien. Des yeux bleus tirant légèrement sur le vert. Lorsqu'elle quitta mon attention pour apercevoir la petite boîte, j'appuyais ma main sur la sienne et je la suppliais :

— Épouse-moi !

Elle ouvrit l'écrin, releva ses yeux vers moi avant de les détourner. Je la regardais secouer la tête de droite à gauche comme avant un refus alors je réitérai :

— Oxane, je t'aime. Épouse-moi !

— Non, Sam...

Juste ces trois petites lettres, et tout mon monde à nouveau s'écroulait. Mon cœur volait en éclat. Je ne pouvais pas m'y résoudre alors je luttais une dernière fois :

— Épouse-moi !

Silence, le temps s'était arrêté. Les yeux dans les yeux, aucune ne bougeait. Mais cette fois, pas de réponse. Devais-je abandonner comme lorsqu'elle refuse la conversation ? Impossible, je n'avais plus assez de temps pour lui laisser le choix ou pas.

— Épouse-moi ou dis-moi pourquoi tu ne le veux pas ? Je ne lâcherais pas aujourd'hui mon amour... certainement pas sur ce sujet.

Son sourire avait disparu, ces yeux s'étaient embrumés. Elle se leva, me déposa un baiser sur le front et sortit de l'appartement m'abandonnant seule avec cette bague même pas détachée de l'écrin...

Toute cette rage en moi demandait à jaillir de moi, violemment j'envoyais la tasse contre le mur. Elle se brisa comme mon cœur venait de le faire. Et c'est à genoux au sol que je laissais ma tristesse échapper. Combien de temps s'était-il passait ? Quand mes larmes avaient-elles cessé de couler ? Depuis quand je m'étais endormi à même le sol de la cuisine ? Le froid du carrelage pénétra mes vêtements et je finissais par me réveiller dans cet appartement vide...

Le jour où je l'ai perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant