Quand Alice était revenue à table, elle s'était servi la même chose. Je ne savais vraiment pas quoi dire à cette femme. Alors je commençais par des excuses, lui précisant que je ne savais pas qu'elle travaillait ici. Et surtout, je la questionnais sur ce qu'Oxane avait bien pu lui dire. Apparemment, elle s'était vue plusieurs fois pendant que je bossais et ma compagne lui avait tout confié de son état et de son envie de me caser avec quelqu'un. À ce moment, je ne pus que me justifier, lui prétextant que moi je ne cherchais rien. Que jamais je ne pourrais oublier ma femme ! Et que bien entendu, je n'étais au courant de rien. C'est alors qu'elle me stoppa, levant son téléphone devant moi !
— En parlant du loup ! me dit-elle avec un grand sourire.
En tout cas, j'avais beau me montrer froide et distante, rien ne contrariait Alice. Mais pour quelle raison ma moitié lui écrivait ?
— Et je peux savoir ce qu'elle veut ?
— Elle désirait juste être sûre que tu n'es pas pris la poudre d'escampette.
Je rappelais le serveur pour remplir à nouveau mon verre. De nervosité, je passais ma main dans mes cheveux comme pour les replacer. Ce qui était totalement inutile vu le peu de longueurs de ceux-ci. Après un léger soupir, je relevais la tête en direction de ma voisine, et avalais mon whisky d'une traite avant d'en recommander un.
— Je suis désolée, mais tout ça : toi, moi, à boire un verre c'est complètement... Je ne sais même pas. Je n'ai pas les mots... Je n'ai rien à t'offrir !
— Je ne t'ai rien demandé, j'ai fait une promesse à Oxane et je compte bien la tenir !
— Quelle promesse ?
— Je ne peux rien te dire, en tout cas considère-moi comme une amie, rien de plus !
Je secouais la tête comme pour sortir de ce cauchemar. Après quelques verres, l'alcool m'aida à être plus détendue. Quant à avoir une relation amicale, dans d'autres circonstances j'en aurais été ravi, mais là... Je n'avais pas la patience pour tout ça, bien que je ferais des efforts puisqu'Oxane me le réclamait.
— Écoute Sam, ne te prend pas la tête ce n'est pas vraiment le moment. Tu as bien des choses à penser et je ne suis pas là pour te forcer... Si tu veux partir, je ne dirai rien à ta compagne !
— Je... Merci. Je suis vraiment désolée, mais j'ai besoin de temps... On se revoit plus tard, car je suppose qu'Oxane va certainement te réinviter, têtue comme elle est.
En prenant mon portefeuille pour régler ma note, Alice m'en empêcha. Je l'ai remercié à nouveau, avant de partir. En sortant, la chaleur me transperça, j'avais oublié la température extérieure. D'un pas rapide, je me dirigeais vers l'imprimerie pour récupérer les cartons d'invitations. Le patron avait fait un super boulot. Les faire-part étaient magnifiques, j'observais l'image qu'il avait choisie selon mes critères : deux mains enlacées qui paraissaient dessinées au crayon, et la date du mariage, rien de plus. C'était très sobre et ça nous ressemblait. J'avais hâte de les montrer à ma compagne, ainsi que de commencer à les envoyer.
De retour chez moi, devant la porte je regardais ma montre... Seize heures cinq, je pourrais rentrer, mais qu'est-ce que j'allais bien pouvoir lui raconter ? Finalement, je n'avais rien appris au sujet d'Alice, et si elle venait à me poser des questions, qu'allais-je répondre ? Je prenais le temps de songer à tout ça, avant de passer la porte. Après quelques minutes de réflexion, je me décidais enfin. Avec hésitation, j'abaissais la poignée, l'appartement était plongé dans le noir. Un lourd silence planait et me provoquait des frissons. À chaque sortie, j'avais toujours cette angoisse en rentrant. Je fis le tour d'un loft, mais je ne voyais ma compagne nulle part. Je jetais un coup d'œil à mon portable : aucun message. Jamais elle ne serait partie sans me donner de nouvelle. Les battements de mon cœur s'intensifiaient, il ne restait plus qu'un endroit à vérifier. Effectivement, elle était là, sur le balcon, assise sur une chaise avec un plaid sur les jambes... Je m'approchais lentement, et je déposais mes bras au-dessus de ses épaules pour l'enlacer, en lui murmurant à l'oreille :
— Si tu savais à quel point tu m'as manqué mon amour.
Oxane joignit nos mains pour entrelacer nos doigts.
— Ça s'est bien passé ?
— Je suppose que tu me demandes par rapport à Alice... Je n'ai pas vraiment envie d'en parler. Excuse-moi mon ange, mais j'ai un peu de mal avec tout ça. En revanche, j'ai nos cartons d'invitations si tu as fini ta liste, je pourrais les envoyer ce soir !
— Super ! Je peux les voir ?
Ma campagne les avait adorés. Devant un café, je les remplissais rapidement. Bien sûr, elle avait tenu à inviter cette femme... Cela ne me plaisait pas particulièrement. Mais après tout, la seule chose que je désirais à l'heure actuelle c'était de m'unir à Oxane. Ne souhaitant pas me disputer avec elle aujourd'hui, je préférais ne rien dire. Je lui signalais que le reste de la semaine, je pourrais demeurer à ses côtés. Comme souvent allongées dans les bras l'une de l'autre, le soir devant la télévision, elle s'était endormie. Je ne désirais pas la réveiller par peur qu'elle ne retombe pas dans le sommeil. Alors c'est dans ce canapé que nous passions une bonne partie de la nuit.
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La suite arrive bientôt!!!
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Le jour où je l'ai perdue
RomanceSam vingt-huit ans, en couple avec Oxane depuis onze ans, va voir sa vie chamboulée et virer au cauchemar. Comment va-t-elle s'en sortir ? Saura-t-elle refaire surface ?