Chapitre 7

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Plusieurs fois dans la nuit, ma compagne avait été victime d'énormes quintes de toux qui avaient beaucoup de mal à passer. À chaque moment, je m'étais levée et je l'accompagnais. À la dernière crise, je n'avais pu me rendormir. Oxane s'était littéralement effondrée sur le sol de la salle de bain tant elle faiblissait. Lorsque j'avais voulu appeler les secours, elle s'en était prise à moi. Les mots prononcés avaient été une torture à écouter. « Tu te rends compte que tu aimes un déchet » ou encore « Laisse-moi mourir en paix ». Je ne pouvais lui en vouloir. Dans la situation inverse, je l'aurais certainement fui avant tout ça. Mais cette douleur ressentie à ces mots ne m'avait toujours pas quittée.

Debout devant mon café, je contactais mon meilleur ami Paul par message. Je devais le voir de toute urgence. Le rendez-vous était pris pour l'après-midi même.

Un coup d'œil à l'horloge, il était à peine sept heures et c'était déjà la cinquième tasse que je me servais. Pour mettre ce temps à profit, je commençais la liste des invités, quant à ma compagne elle rajoutera les siens à son réveil. Un petit saut dans la chambre pour vérifier qu'elle dormait toujours, et je récupérais mes vêtements, et lui déposais un baiser sur l'épaule.

Une heure plus tard, la liste était enfin prête. Une bonne chose de fait, pensais-je. Je laissais un mot sur la table à l'attention de mon amante, puis je me changeais rapidement pour me rendre chez l'imprimeur.

Je n'avais pas le temps de faire les faire-part par internet, mais je voulais à tout prix en envoyer même si j'informais les invités par téléphone aujourd'hui pour les prévenir au plus tôt.

À l'imprimerie, tout se passa à merveille, le patron ayant compris l'urgence et grâce à un généreux pourboire me proposait de les récupérer cet après-midi.

Avant de rentrer, je m'arrêtais chez mes parents, il était encore tôt et je n'avais pas eu de nouvelle d'Oxane donc elle devait certainement dormir. Seule Erika était présente. Nous finalisions les derniers détails pour qu'elles puissent avancer le plus vite possible.

— Pour l'endroit, tu as une idée ? me demanda -t-elle.

— Je n'en sais rien maman, la santé d'Oxane se dégrade de jour en jour et je ne suis pas sûre qu'elle tienne le coup si nous avons de la route le soir...

— Et bien, nous pourrions peut-être le faire dans le jardin ici, comme ça, vous pourriez dormir là si elle n'est pas en forme.

— Ce serait super maman !

Comme chaque fois que je parlais de l'état de ma compagne, mes larmes apparaissaient. Ma mère se leva et me prit dans ses bras. Mes sanglots redoublèrent d'intensité.

— Je ne sais plus quoi faire, maman, cette nuit a été la pire de toutes... Il ne me reste plus beaucoup de temps et je ne suis pas prête à la laisser partir...

— Tu ne le seras jamais ma puce et j'en suis désolée. J'aimerais pouvoir prendre un peu de ta souffrance. Tu ne devrais pas vivre ça ! Mais ce que tu fais pour elle c'est admirable. Tu es exceptionnelle, n'en doutes jamais.

— Je devrais rentrer, je dois aller m'assurer qu'elle va bien. Je ne veux pas m'absenter trop longtemps.

— Je suis d'accord, mais tu dois prendre un moment pour souffler un peu...

— Je n'ai plus le temps de me le permettre. Merci pour tout, maman, merci d'être constamment là pour moi ! Je t'appelle ce soir. Fais un bisou à maman quand elle rentrera.

Nous avions réglé pas mal de questions concernant le mariage, et mes mères m'appelleraient en cas de besoin. Retour à la maison, comme prévu Oxane dormait toujours. Dans l'embrasure de la porte, je l'observais. Elle paraissait si sereine lorsqu'elle sommeillait... La seule chose qui me ramenait à la réalité, c'était les sifflements que provoquait sa respiration. J'aurais vraiment préféré que la malade ce soit moi ! De la même manière chaque jour, je préparais ses médicaments, uniquement des vitamines et des antidouleurs. Elle rejetait tout soin sachant que l'issue était inévitable. Pourtant le médecin nous donnait presque six mois de plus avec un traitement. Par conséquent au fond de moi en étant totalement honnête, je devais avouer lui en vouloir. Dans ma tête, elle me refusait ce temps supplémentaire à ses côtés. Elle souhaitait vivre ces derniers moments à fond sans rendez-vous hospitalier, mais finalement est-ce qu'elle en profitait à l'heure actuelle ?

À son réveil, je ne pus me retenir de plonger dans ses bras. Je m'interdisais de pleurer devant elle, alors quand une larme m'échappa, je l'essuyais rapidement avant de me défaire de son étreinte. Je lui servais son café du matin, et m'installais face à elle.

— Je suis désolée de t'avoir empêché de dormir cette nuit...

— Ce n'est rien mon amour. De toute façon, je ne dors pas très bien en ce moment et je préfère rester auprès de toi... J'ai fait la liste des invités, et il faut que tu rajoutes les personnes que tu veux. Je suis allée commander les invitations ce matin, je vais les chercher tout à l'heure. Et après je vois Paul, je n'en aurais pas pour longtemps.

— Ok mon ange, je me reposerais un peu, et ce soir j'aimerais qu'on passe la soirée uniquement toutes les deux...

— Si tu savais à quel point ça me fait plaisir de t'entendre dire ça !

Nousmangions dans le calme, je multipliais les gestes d'affection envers macompagne. Comme souvent elle n'avala pas grand-chose. Après un dernier câlin,je me mettais en route seulement après qu'elle m'ait promis de m'appeler en casde souci.

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Le jour où je l'ai perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant