Chapitre 10

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Les jours suivants furent difficiles, Oxane s'essoufflait de plus en plus. Ces douleurs thoraciques devenaient constantes. Elle mangeait encore moins que d'habitude, et elle avait perdu davantage de kilos. J'avais prolongé mes congés jusqu'au mariage, pour m'occuper d'elle. À quelques jours de celui-ci, nous avions rendez-vous chez le cancérologue, qui avait refusé de lui prescrire un cocktail lui permettant de tenir le coup samedi pour notre union par crainte que ça n'aggrave ses symptômes par la suite. C'est alors que j'avais demandé un nouvel entretien avec mon ami Paul. Avant que je ne parte, Oxane voulait avoir la discussion que nous évitions depuis un moment.

— Tu sais que pour nous il n'y aura aucune lune de miel possible. Je suis à bout et je ne pourrai résister plus longtemps mon ange...

Oxane m'offrait un sourire crispé, quant à moi les larmes menaçaient de sortir. Nous en avions parlé, mais commencer à le prévoir était pour moi que douleur et frustration.

— Je le sais mon amour, mais on a peut-être encore un peu de temps, j'ai davantage besoin de toi...

Elle posa sa main sur mon cœur avant de me murmurer :

— Je serais toujours à tes côtés. Je lutte depuis un moment déjà pour tenir jusqu'au mariage, mais je ne pourrais pas plus mon ange, ne m'en veux pas. Je peux le demander à quelqu'un d'autre, tu n'es pas obligée de faire ça pour moi.

— C'est à moi de le faire, et à personne d'autre... Je vais te sauver même si pour ça je dois sombrer.

— Promets-moi une dernière chose. Laisse Alice s'occuper de toi !

— Mon amour, je ne veux pas être avec elle...

— C'est mon seul souhait, laisse-la être ton ami quand moi je ne le serai plus. J'ai besoin que tu me le jures !

— Ok... Je vais récupérer tout chez Paul, mon amour, je reviens le plus vite possible d'accord ?

Sans me répondre elle m'enlaça, je resserrais mon étreinte, et l'embrassais sur les lèvres avant de me lever. Je lui préparais un verre d'eau et je lui ramenais son téléphone pour qu'elle ait tout à portée de main.

Dans la voiture, en me remémorant notre conversation, la colère reprit le dessus. Je n'arrivais pas à l'accepter. Je ne savais pas comment vivre sans cette femme qui partageait ma vie depuis onze ans. Comment allais-je supporter tout ça ? Comment faire pour ne pas me perdre en chemin ?

Face à Paul et Tom, je ne trouvais pas les mots. Ils se rendaient compte de mon état et ne voulaient pas me brusquer. Alors sans un discours Tom me tendit un paquet, que j'attrapais de ma main tremblante.

— Il faudra tout lui administrer, expliqua-t-il.

— Merci... Tom, sache que je ne dirais rien. Tu n'auras aucun ennui par ma faute.

— J'ai confiance en toi ma chérie.

— Je peux te réclamer autre chose ?

À l'unisson, ils haussèrent un sourcil, se demandant ce que je pouvais vouloir de plus.

— Peux-tu me faire un petit cocktail qui la boost le jour du mariage, juste pour qu'elle puisse en profiter ?

Tom se frottait le front, il semblait réfléchir avant de répliquer. J'angoissais à la pensée que la réponse pouvait être négative. Sans ça Oxane ne pourrait même pas supporter le rendez-vous à la mairie tant elle était faible. De justesse, elle avait enduré les essayages de robe à la maison deux jours plus tôt.

— Je peux, mais son état va certainement empirer dès que tu arrêteras de lui administrer cette potion...

— Je doute qu'il ait le temps d'empirer...

—Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda Paul.

— Je crois qu'elle va me solliciter pour... le lendemain. Désolée je n'arrive pas à le dire.

Rattrapé par mes sanglots, j'enfouissais mon visage dans mes mains. Mes deux amis virent m'enlacer et ne me quittèrent qu'une fois qu'ils soient calmés. Comme toujours, je ne restais pas plus longtemps. Avant de partir, on se donnait rendez-vous dans deux jours à la mairie. Par chance, il avait pu me donner quelque chose pour aider Oxane toute la journée du samedi. Je ne l'avais pas questionné sur cette mixture. J'avais une confiance absolue en lui.

En arrivant chez nous, je croisais Alice dans le couloir. Après l'avoir saluée, je ne pus m'empêcher de l'interroger :

— Il y a un problème ?

— Non Sam, je suis juste passé voir comment elle allait.

— Rien d'autre ?

— Sam, je ne veux pas te mentir, je ne peux pas te parler et trahir sa confiance. Je te promets de tout t'expliquer bientôt, me dit-elle en posant sa main sur mon bras.

Mes yeux se fixèrent sur ce geste, au fond de moi je savais qu'elle tâchait de me rassurer, mais je n'étais pas prête à supporter ce genre de contact. Alors doucement je me détachais d'elle en la saluant encore une fois et je me dirigeais chez moi.

Ce soir, j'avais à nouveau aimé ma femme sous les draps, tout en délicatesse, j'essayais de lui prouver mon affection. Les larmes ne m'avaient pas déserté tout du long, sachant très bien que cette nuit d'amour serait la dernière. À chacun de mes gestes sur sa peau je lui murmurais tout mon amour. Ma compagne m'avait elle aussi aimé en retour malgré la fatigue, et pour une fois, son sourire l'avait quitté. Sans un mot les yeux dans les yeux, les larmes qui n'en finissait plus, nous nous endormions.

Le jour où je l'ai perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant