Chapitre 8

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La chaleur de ce mois de juillet était insupportable. En pantalon court en jean et avec un simple débardeur noir, je m'en voulais de ne pas avoir enfilé un short. Paul m'avait donné rendez-vous dans un café non loin d'ici, et je m'y rendais à pied. Là aussi, je me haïssais de ne pas avoir pris la voiture pour pouvoir mettre la climatisation. J'espérais que dans ce bar la température soit plus clémente. En arrivant, je l'apercevais à une table à l'intérieur. J'entrais alors dans l'établissement. L'air environnant me fit frissonner de plaisir. Face à la porte, un grand comptoir longeait le mur à droite, et au fond une piste de danse prenait place. Certainement un bar ambiance, pensais-je. Le lieu était plutôt chaleureux, dans des tons très modernes : tout en gris et rouge, sauf les tables noires. D'un pas lent, je me dirigeais vers mon ami. À sa hauteur, il se leva et m'étreignit avec force. Je commandais un demi au serveur. Après quelques minutes de silence à se regarder, Paul capitula :

— Comment tu vas ma chérie ?

— Un peu fatigué. Mais je tiens le coup !

— Et Oxane ?

À l'entente de son nom, mes yeux s'embuèrent automatiquement. Le cancer des poumons de ma compagne n'était un secret pour personne. Ni même le fait que depuis deux mois il s'était généralisé. Tout le monde se préparait à lui dire au revoir. Bien que j'aie espéré longtemps un miracle, j'avais fini par me resigner...

— C'est pour ça que je t'ai fait venir ! Tu veux la bonne ou la mauvaise nouvelle d'abord ?

— Choisi ! De toute façon, je pense savoir pourquoi tu m'as appelé.

— OK... Alors j'aimerais que tu sois mon témoin pour mon mariage samedi seize juillet !

— Quoi ? demanda-t-il presque en recrachant sa gorgée, heu... Oui, évidemment, j'en serais très heureux ! Mais c'est une super annonce ! Oh ma chérie, je suis réellement content pour toi et Oxane, vous méritez un peu de bonheur toutes les deux.

Il me proposa son aide, que je refusais puisque de toute manière ce n'était pas moi qui m'occuper des préparatifs. Le connaissant il contacterait certainement mes parents. Pour la mauvaise nouvelle, je ne savais vraiment pas comment commencer. La tête dans mes mains, les coudes sur la table, j'essayais tant bien que mal de réfléchir. La douleur reprit son chemin à travers moi, s'insinuant jusque dans mon cœur. Paul tendit alors la main vers moi, s'efforçant de saisir la mienne. Il appuya légèrement sur ma paume, pour me prouver qu'il serait constamment à mes côtés. Les larmes aux yeux je me décidais enfin :

— C'est la fin Paul... Je vais avoir besoin rapidement de ce que je t'ai demandé, si ton mari est toujours d'accord bien entendu.

— Tu es sûre de toi ? Est-ce que tu vas le supporter ? Et Oxane n'envisage pas d'attendre encore un peu ?

— Oxane désirait que ce soit fait il y a un moment déjà. Je ne veux pas la laisser faire ça seule, même si pour ça je dois sombrer... Je n'ai pas envie d'en reparler s'il te plait. Tu as le droit de refuser, je sais ce que Tom risque.

— On a promis que nous serrons là et nous tiendrons notre engagement.

Mon regard balaya le bar pour essayer de me détacher de la conversation, mettre de la distance était devenu le seul moyen pour moi de ne pas perdre la tête. Surprise, mes yeux se posèrent sur une femme, en reconnaissant cette personne qui était attablée chez moi quelques jours plus tôt, je fus prise d'un doute.

— Paul ? Peux-tu me dire pourquoi tu as choisi ce bar ?

—Et bien, il est sympa non ?

— Ne me mens pas, ça fait plus de quinze ans que je te connais, tu ne laisses jamais rien au hasard ! Serais-tu de mèche avec ma future femme ?

— Disons que je ne suis pas gardée à l'écart...

À ce moment précis, j'avais envie de tuer mon ami ! Ne pouvaient-ils pas me laisser en paix tous les deux ? Mon visage se crispa et je jetais un regard noir à Paul.

— Écoute Sam, j'ai mis en contact ta chérie et Alice, car elle a besoin de faire ça pour toi ! Comme toi tu as nécessité de l'accompagner dans cette démarche de... enfin, tu vois ! Alors oui je t'ai invité ici. Oxane a fermé la porte à clef derrière toi, et refuse que tu rentres avant seize heures ! Maintenant, c'est à toi de savoir si tu veux faire plaisir à ta femme ou non ! En tout cas, j'ai été heureux de te voir, et je te tiens au courant pour Tom. À bientôt, Sam, et appelle-moi au besoin.

— Tu... Quoi ? Non, ne me laisse pas seule, bordel ! Tu ne peux...

Impossible de terminer ma phrase que Paul m'avait embrassée sur la joue avant de fuir. Il me restait deux heures à tuer. Est-ce que je devais partir, ou est-ce que je devais faire plaisir à ma compagne... Certes, j'étais en colère, mais je comprenais. Oxane me laisserait peut-être tranquille si je faisais un effort aujourd'hui. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas remarqué qu'Alice s'était approchée.

— Je te sers autre chose ?

— Bonjour, Alice, heu..., on dirait que je n'ai pas vraiment le choix, car je ne peux pas rentrer. Alors ça sera un whisky s'il te plait.

Après ces révélations, j'avais besoin d'un petit remontant. Elle était repartie en direction du bar, et au lieu de commander au serveur, elle passa derrière celui-ci et le servit elle-même. Travaillait-elle ici ?

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J'espère que l'histoire vous plait toujours autant! Merci de lire. Bientôt un nouveau chapitre sera disponible alors pensez à vous abonner pour en être informé.

Le jour où je l'ai perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant