Nouvelle #1 - La créature du tableau

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×× Cette nouvelle a reçu la mention spéciale du concours ××


Par une belle journée de printemps, une de celle où les courants d'air de la ville étaient chargés du parfum enivrant des fleurs fraîchement cueillies accrochées aux fenêtres et aux balcons, un homme marchait à vive allure, en affichant le regard ...

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Par une belle journée de printemps, une de celle où les courants d'air de la ville étaient chargés du parfum enivrant des fleurs fraîchement cueillies accrochées aux fenêtres et aux balcons, un homme marchait à vive allure, en affichant le regard nerveux de ceux pressés d'atteindre leur destination.
Se retournant sans cesse, il était aisé de deviner qu'il avait à ses trousses quelques poursuivants, ceux-là même à qui il devait une coquette somme d'argent perdue au jeu la veille, comme cela lui arrivait régulièrement.
Cherchant à les semer en prenant des détours, il trouva finalement refuge au fond d'une ruelle, bien caché à l'abri derrière trois sacs de grain. Les claquement de bottes de ses poursuivants résonnèrent comme dansèrent leurs ombres tout près de lui alors qu'il retenait son souffle presque jusqu'à l'asphyxie, mais, convaincus que leur gibier n'était pas ici, ils décidèrent de poursuivre ailleurs.

Soupirant lourdement, son regard fut soudain attiré par quelque chose qui lui sembla briller à quelque pas de là, au milieu d'un tas de détritus.
Intrigué, il s'approcha de l'objet qui était partiellement recouvert d'une toile grossière à peine ficelée. Lorsqu'il lorgna l'endroit dévoilé où avait dansé un rayon de lumière, il reconnut la couleur dorée du métal précieux que les hommes aiment tant.

– De l'or ! s'écria-t-il, se couvrant tout à coup la bouche lorsqu'il réalisa s'être exclamé à haute voix.

Certes la ville d'Ehrtlez n'était pas la plus mal famée qu'il ait connue, mais le quartier des Gargotins n'était pas non plus un endroit où l'on pouvait entrer en clamant haut et fort avoir les poches pleines et espérer en ressortir sans qu'elles devinssent vides.

Soudain saisi par la peur, avec plus aucune autre priorité à l'esprit que celle de mettre son trésor à l'abri, l'homme saisit le large objet et fila en vitesse jusque chez lui, dans une petite mansarde à quelques rues de là.

– Hé là, monsieur Pontinier, ne passez pas en hâte, approchez un instant ! lui souffla le petit bout de femme qui balayait la cour.
– Bien le bonjour, madame Lenier, quelle belle matinée n'est-ce pas ? dit-il dans son plus charmant sourire.
– Si fait, si fait ! répondit la petite femme avec quelque agacement dans la voix. J'ai remarqué que vous n'étiez pas chez vous hier au soir. J'ai frappé par trois fois et n'ai pas eut réponse.
– Hé, si j'avais su que j'aurais le plaisir de votre visite, alors je serais resté pour profiter de votre compagnie, bicha-t-il.
– N'en soyez pas si sûre, je venais vous rappeler à vos obligations concernant le paiement de votre semaine. Vous tardez, monsieur ! gronda-t-elle.
– Ah... certes... à ce propos, madame Lenier, je dois vous dire... j'ai dû me séparer de mes derniers deniers... hier soir, justement. Ma pauvre sœur qui souffre de la maladie des bronches, je lui rendais visite, il fallait payer le médecin...
– Et moi ! Qui va donc me payer ? s'énerva-t-elle en s'armant soudain de son balai.
– Calmez-vous, calmez-vous, chère madame, implora-t-il. Par les Dieux n'ayez pas de geste regrettable sur ma pauvre personne, ce serait malheureux pour tout le monde, n'en doutez point.
– Que me chantez-vous là, beau merle ? demanda-t-elle d'un air méfiant.
– Et bien, figurez-vous que... qu'en dédommagement pour mon geste altruiste de tantôt, ma sœur m'a confié ce précieux objet que je tiens sous le bras. Voyez, dit-il en brandissant sa trouvaille. Il a très grande valeur et cela ne me prendra que le temps de le vendre pour que l'argent arrive dans votre poche.
– Mouais, sa valeur sera-t-elle suffisante pour avancer les deux semaines qui suivent ?
– Sans l'ombre d'un doute ! assura-t-il.
– C'est heureux pour vous, car si vous ne payez pas rapidement, je n'aurai qu'un mot à dire pour que mes fils vous jettent dans le caniveau. Les oiseaux comme vous on tendance à perdre leurs plumes, monsieur Pontinier, alors méfiez-vous ! menaça-t-elle en le désignant de son balai, avant de s'en retourner chez elle en maugréant.

Livre des Nouvelles : Fantasy - Volume 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant