Livre des Nouvelles : Fantasy - Volume 1

Nouvelle # 15 - Sans conteste

oayo ypertext, mangeur_de_livre, Mayarahnee, Em_esse, AnyHunt

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Penché au-dessus de la falaise, déglutissant nerveusement après avoir évalué la hauteur, la violence des vagues se fracassant contre la roche et le contrebas escarpé laissant présager comme la chute pouvait s'avérer mortelle, Erdias haussa les sourcils.

Mais que fais-je ici ? soupira-t-il.

On pourrait croire que, dans une telle situation, l'introspection n'était pas forcément la chose la plus recommandée. Mais l'esprit humain est ainsi et parfois les choses se font le plus naturellement du monde, sans qu'on cherche à les provoquer.

D'ailleurs, concernant la situation de ce cher Erdias, impossible de le blâmer pour l'initiative ayant provoqué l'enchaînement de péripéties l'ayant mené là où il se trouvait, car à la vérité, il était dans son bon droit.

Le destin est parfois capricieux et malheur au mortel touché par la malchance en devenant celui sur lequel les Dieux déversent leur mauvaise humeur.

Tout commença le matin même. Il se rendait alors, comme à son habitude, à la taverne en bas de chez lui, pour y savourer un petit déjeuner copieux en profitant d'un instant de paix pour lire la Gazette hebdomadaire.

Après avoir savouré de délicieux harengs à l'huile d'olive, quelques œufs et bu une bonne pinte de bière brune, il fit quelques ronds de fumée en tirant sur sa pipe, tout en lisant avec grande attention la suite du feuilleton de la Gazette, narrant les mésaventures d'un baron cherchant à se faire un nom parmi la cour d'un roi imaginaire, une histoire qui le tenait en haleine depuis le premier épisode et pour laquelle il n'avait jamais manqué la moindre publication.

C'est alors qu'il vit par la fenêtre passer un homme qu'il ne s'attendait pas à voir là. La chose fut si surprenante qu'il bondit de son siège et se précipita à l'extérieur pour aller à la rencontre de cette personne.

— Hé là, Monsieur ! lança-t-il à l'individu.

Ce dernier se retourna et, en reconnaissant le visage de celui qui l'avait interpelé, écarquilla les yeux, à la manière des coupables venant d'être pris sur le fait.

— Monsieur Cirimet, quelle surprise ! dit-il en tentant vaguement de reprendre contenance.

— Comme vous dites, Monsieur Dumelin, quelle surprise ! Moi qui vous croyais parti pour plusieurs saisons dans quelques contrées lointaines, comme vous me l'indiquiez dans votre lettre en réponse à mon message de rappel concernant votre dette ! s'exclama Erdias, les mains sur les hanches.

— Oui... c'est-à-dire que le voyage a été annulé en raison de... de...

— Certes, certes, mais peu m'importe. Puisque vous êtes là, vous allez pouvoir vous acquitter de ce que vous me devez.

— Oui, sans conteste... mais voyez-vous...

— Non, mon cher Dumelin, je ne vois rien ! Hormis deux gentilshommes, l'un réclamant son dû et l'autre qui va le lui donner sans plus attendre, à moins que nous devions régler ceci par le fer, sous le regard des Dieux.

— Quelle folie me dites-vous là, cher ami. Non ! Il n'est pas question d'en appeler au jugement divin.

— Dans ce cas, j'en conclus que vous allez faire sonner les deux cent cinquante livres que vous me devez.