pour les camarades : Mayarahnee, Em_esse, AnyHunt, ypertext, mangeur_de_livre
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Aujourd'hui, le soleil se levait à peine lorsque monsieur Dubonnet ouvrit les volets de sa chambre. Non pas qu'il fasse partie de ces braves travailleurs contraints de se lever aux aurores pour commencer leur besogne ni qu'il fut obligé de se rendre à quelque convocation ou autre forme d'obligation, non. Dubonnet était rentier depuis toujours et n'avait jamais eu à se contraindre à quoi que ce soit, sinon de devoir choisir combien il mangerait d'œufs à son petit déjeuner. C'est donc par pur plaisir que, ce matin-là, il sortit de son lit avant les autres hommes et pour cause : c'était le jour du grand marché.
Certes il y avait marché tous les matins, dans nombre de rues à divers endroits de la ville, mais de ces marchés-là, Dubonnet n'en avait cure. Le grand marché, c'était toute autre chose.
Il n'avait lieu que deux fois par saison à des dates très précises et avait la particularité d'accueillir des marchands ambulants proposant des curiosités venues des quatre coins du monde. On y trouvait de tout, pourvu qu'on se donne la peine de chercher d'une place à l'autre, d'une rue à l'autre, d'une étale à l'autre.
Pour Dubonnet, c'était un véritable jeu de piste, ou plutôt un jeu de hasard, car à la vérité il n'avait pas vraiment d'objectif en tête lorsqu'il parcourait le grand marché. Il était simplement excité par la nouveauté, se laissant tout bonnement aller à l'émerveillement et si un article lui faisait grande envie, alors il se l'offrait. Il n'avait qu'une règle pour ce jeu : ne faire qu'un seul et unique achat.
Cette règle stricte était moins établie par manque de moyen que pour se donner un peu plus de frissons, car l'oisiveté impose de trouver continuellement de nouvelles distractions. Comme le dit le philosophe : à force de ne manquer de rien, on finit par manquer de tout.
C'est donc avec une joie non dissimulée que Dubonnet, apprêté comme s'il fut convoqué par Sa Majesté en personne, se rendit sur la place de l'orient et s'installa à la terrasse de la brasserie des trois merles.
— Monsieur Dubonnet, je vous attendais ! fit le patron tout joie en le voyant arriver.
— Monsieur Henri, j'avais peur d'être un peu tôt.
— Mais vous l'être, comme à chaque jour de grand marché. Et comme à chaque fois ce n'est que vous que j'ouvre une demi-heure plus tôt.
— Vous me gâtez.
— Je ne saurais refuser telle faveur à mon plus fidèle client. Tenez, installez-vous ici, vous ne raterez rien.
— Merci, mon bon ami, merci.
Il s'assit à la table que lui indiqua le patron, puis commanda une pinte de bière brune et la gazette de la semaine. Le temps que tout cela arrive, il patientant en faisant quelques ronds de fumée avec sa pipe, sans perdre de vue le spectacle des marchands qui dressaient leur étale.
— Tenez, pour ajouter à l'exotisme de cette journée, fit le patron en posant la pinte devant lui.
— Qu'est-ce donc ?
— Une nouvelle bière, brassée avec du blé noir, arrivée tout droit de Noräth-Weddën.
— Moi qui croyais que les weddëniens ne brassaient que du cidre, en voilà une curiosité, fit Dubonnet en trempant ses lèvres dans le breuvage foncé.
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Livre des Nouvelles : Fantasy - Volume 1
FantasíaCe volume contient les contes et histoires se déroulant dans l'univers des romans que vous trouverez sur ma page. Événements passés, présents ou futurs, il y a en a de toutes sortes et de tous genres. NB: Certaines nouvelles sont directement liées a...