Nouvelle #11 - C'est la vie...

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Roulrhök, district-est, Tribyannä, été 1210

— Arrête-toi ! hurla soldat en courant à perdre haleine.

Mais la voleuse n'avait que faire de ses ordres et continua sa course effrénée à travers les rues de la ville haute, cherchant à semer son poursuivant.

Elle tourna au bout de la place du lavoir en esquivant les lavandières, et s'engagea en dévalant quatre à quatre les marches tordues des escaliers aigus, avec une agilité féline.

Depuis le sommet, le soldat eut une seconde d'hésitation, mais sa rage le fit redoubler de courage et il s'élança à sa suite, entamant la périlleuse descente d'un pas moins assuré.

Foutue ville à flanc de falaise ! pesta-t-il pour lui-même.

Arrivé en bas après avoir perdu en distance, car il ne fut pas fou au point de risquer de se briser le cou, il retrouva sa poursuivante un peu plus loin, distinguant tout juste les derniers plis de sa cape disparaître à l'angle d'une ruelle.

Il se précipita à sa suite, jubilant, car il savait que c'était une impasse, mais déchanta lorsqu'il ne vit personne à l'intérieur. Soudain, l'ombre de la voleuse lui fasse lever les yeux et constater qu'elle venait d'atteindre les toitures.

Tu ne m'échapperas pas comme ça ! rugit-il en lui, dents et poings serrés.

Il monta sur les caisses, s'accrocha à un volet et se hissa gauchement, avant de grimper lourdement, rebord après rebord, jusqu'à atteindre la dernière corniche et se hisser avec peine sur les tuiles. Sa proie était un peu plus loin et semblait ne pas se douter qu'il l'avait suivie jusqu'ici, car elle reprenait son souffle tranquillement.

C'est ma chance ! sourit-il en réalisant qu'il bénéficiait de l'effet de surprise.

Il tira silencieusement sa spada et s'approcha à pas de loup, prenant garde de ne pas tomber alors qu'il marchait sur la surface pentue, bombé et irrégulier qu'offraient les toits. À quelques pas d'elle, une tuile fendue craqua sous son poids, avertissant la voleuse qui tourna la tête et découvrit avec stupeur le soldat. Elle tira sa dague et s'élançant contre lui, fer en avant.

Il para ses assauts, moins à l'aise qu'elle sur un terrain si désavantageux pour le combat à l'épée.

— C'est fini, tu es coincée ! Rends-toi maintenant et tu éviteras peut-être la corde, lança le soldat.

Pour toute réponse elle se contenta de siffler de mépris, avant de relancer l'assaut plus férocement qu'avant. Mais l'une de ses attaques fut plus grossière et le soldat réussit à se faire une ouverture pour lui expédier un coup de poing en plein estomac.

Souffle coupé, la voleuse recula en titubant, puis glissa sur une tuile et tomba, son corps roulant le long de la pente de la toiture en direction du vide, sans qu'elle parvienne à s'accrocher.

— Aaaah ! cria-t-elle en chutant dans le vide.

Mais sa chute se stoppa net et elle resta en suspend dans le vide.

Rouvrant les yeux, elle vit que le soldat l'avait attrapée par le bras.

— Maudite voleuse, tu ne mourras pas avant que j'ai pu t'arrêter ! Accroche-toi !

Lorsqu'il tira sur sa main pour la remonter, une tuile se décrocha et ils tombèrent tous les deux.

Pendant la chute, il l'attrapa et la serra contre lui, se tournant le premier en direction du sol. Dans un bruit sourd, ils atterrirent dans la fange de la porcherie en contrebas, au milieu des cochons qui grognaient de peur.

Livre des Nouvelles : Fantasy - Volume 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant