Chapitre 9

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J'aurais aimé suivre les deux loups. Cependant, malgré les fiançailles avec Jade, je n'avais pas encore les pleins pouvoirs, et ne pouvais franchir les frontières de leur territoire sans invitation. Thomas voyait très bien ce que je ressentais. L'impuissance.

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Point de vue : Aly Ross

Un jour avant.

J'avais été enfermée durant plusieurs jours dans ma chambre. Je ne devais aucunement sortir de ma chambre. J'avais été installée dans une chambre avec une douche et des toilettes. Chaque repas m'étaient apportés. Quand aux services, je ne les faisais même plus. Mélissa, ayant obéit jusqu'à présent malgré notre lien très fort, elle avait été autorisée à venir m'apporter elle-même mes plateaux repas.

Puis un soir, en m'apportant un plateau, je vis une petite lettre sur le plateau.

« Je viendrais ouvrir ta chambre discrètement, demain, vers midi. »

Elle allait être ma sauveuse. Je mangeais alors tranquillement, rassurée de pouvoir enfin sortir un peu. Puis je remis mon plateau devant la porte, et me couchais rapidement. Je voulais vite être demain. Alors autant dormir et me reposer.

Le lendemain.

Je m'étais levée vers 11h, j'avais donc très bien dormi. Je pris mon temps pour prendre mon petit déjeuner et m'habillée. J'attendais impatiemment l'heure fatidique.

Puis, discrètement, j'entendis le petit « click » significatif de ma liberté. Un petit mot avait été glissé sous ma porte.

« Ne t'en fais pas pour l'Alpha, il est sorti chasser. La meute doit revenir d'ici 2 heures. Fais attention à toi, et reviens avant le temps imparti. Mélissa. »

Je souris, puis brulais la lettre dans la cheminée. J'avais deux heures pour m'aérer l'esprit. Parfait.

Je tournais tout doucement et sans bruit la poignée de porte. Je l'entrouvris et regardais le couloir. Personne. Je filais discrètement par l'entrée principale, car les seuls loups restants étaient les domestiques. Les majordomes étaient donc retournés dans leur quartier et les servantes aussi.

Je me faufilais à l'extérieur, et attendis d'être dans la forêt pour me transformer. Mes os craquèrent, et je fus maintenant une grande louve noir. Etrangement, on pouvait dire que je ressemblais à mon père. Le gène de la fourrure noire était dominant, ce qui signifiait que l'un de mes deux parents possédait forcément une fourrure noire. Et nous étions les seuls loups noirs de la meute. Ma sœur avait hérité du gène récessif de mon père pour sa fourrure dorée. C'est pour cela qu'elle n'avait pas de fourrure noire.

Je me mis à courir. Vite. Très vite. Je devais me dépêcher d'aller au lac. La chasse avait lieu à l'est de notre territoire. Je devais donc aller à l'ouest. Je sentis l'odeur de la meute pas très loin d'ici. J'accélérais donc la cadence.

Une fois arrivée, je bus toute de suite l'eau du lac. Puis j'entendis un grognement. Zack venait de me signaler leur présence à Thomas et lui. Je le regardais, amusée. Puis une forte odeur me chatouilla les narines. Je me retournais, puis baissais mes yeux et ma tête. Non.

L'énorme loup noir qu'était mon père se jeta sur moi, me mordant férocement à la nuque. Je restait en position de soumission, tête bien baissée. Puis il me lâcha et me montra les crocs. Je sentais le sang dégouliner sur ma nuque.

Puis un grognement très puissant intervint. Zack donnait toute sa rage et sa domination. Je restais en position. Mon père aperçu Zack de l'autre côté du lac, puis grogna à son tour. Il referma ensuite ses crocs sur ma nuque. J'émis un couinement tellement bas que même l'ouïe fine de Zack ne dut pas le percevoir.

Il me tira, me trainant par terre afin de rentrer au manoir. Il déployait toute son aura autour de moi, m'oppressant et m'étouffant. Pourtant, je ne dis rien.

Une fois arrivés au manoir, je fus jeter dans une chambre plongée dans le noir. Pas de fenêtre, pas de salle de bain, pas d'issue... la porte se referma violement puis j'entendis le verrou s'enclencher. Je pris conscience du pétrin dans lequel je venais de plonger. J'étais toujours sous ma forme lupine. Et grâce à ma bonne vue, je m'aperçus qu'il n' y avait pas de lit. Seulement un matelas posé à même le sol, sans couverture.

La pièce n'avait pas été chauffée depuis longtemps. Je frissonnais. Quoi qu'il arrive, je devais garder ma forme lupine afin de survivre au froid. Je m'approchais alors du matelas, et tournais sur moi-même afin de me rouler en boule. Je maintenais ainsi une douce chaleur corporelle. Je réfléchissais à un moyen de me sortir de là, et je sentais la douleur arriver sur ma nuque.

Mon père m'avait mordu sans scrupule. Et je devais attendre que ma plaît bien profonde se referme. Pour accélérer le processus de guérison, je décidais de fermer les yeux, et de m'abandonner aux bras de Morphée.

Je fus réveillée le lendemain par des cris dans le couloir, à ma porte. Je restais couchée.

- Monsieur, je vous en prie, ne lui faites pas cela !

- Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire, femme ! Elle ira là-bas et c'est tout ! gronda-t-il.

Je sentis son aura dominatrice. Puis la porte s'ouvrit sur sa silhouette. Je clignais des yeux.

- Lève-toi.

Je me levais difficilement, ma plaie à la nuque me faisant souffrir. La guérison était bien entamée, mais elle était douloureuse à défaut de prendre du temps. Une fois sur mes quatre pattes, tête baissée, il me fis signe de le suivre.

- Donne-lui un bain. Et habille-la. Je vous attendrais dans mon bureau.

Elle acquiesça. Elle m'emmenais dans une salle de bain spacieuse. A l'intérieur se trouvait une robe orange clair. J'interrogeais Mélissa du regard.

- Tu... Tu as été vendue à l'Alpha Sam Morgan, au sud, finit-elle par avouer, les larmes aux yeux.

- V... Vendue ? Mais pourquoi ?

- Il veut se débarrasser de toi comme une esclave inutile. Il veut être sûr que personne n'apprenne qu'il est ton père, et que, par conséquent, tu puisses être une menace pour sa place d'Alpha.

- Mais Jade l'est aussi, non ?

- Jade étant fiancée au fils Powell, elle sera envoyée sur le territoire de son fiancé. Jamais elle ne prendra la place de ton père. Enfin tant qu'il ne mourra pas. Il se débarrasse de vous en quelque sorte.

- C'est ignoble...

- Je dois te préparer à...

- ... à partir de ce territoire.

Je me douchais, puis m'habillais. Lentement. Comme si j'allais assister à un enterrement.

Cœur d'Alpha [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant