De toute l'histoire des faucheurs, la salle de conseil n'avait jamais servi ou presque. L'Ordre entier ne se réunissait qu'en cas d'extrême danger, chose qui n'était jamais arrivée jusque-là. Jusqu'à aujourd'hui.
Bien qu'il le dissimulât, Valentin était nerveux. Dans sa poitrine, son cœur battait si fort qu'il en était douloureux et ses muscles étaient devenus aussi raides que du béton, paralysés par l'appréhension terrible qui dévorait son cœur, tel un serpent vicieux.
Devant lui, près d'une centaine de faucheurs s'entassaient autour d'une immense table. Et il manquait encore ceux qui n'avaient pas pu entrer de mission à temps. Les mines sombres, ces tueurs de sorcières et de monstres se regardaient entre eux, presque aussi nerveux que leur patron. L'annonce de l'attaque prochaine de la Lune venait de jeter un froid glaçant, pénétrant.
Valentin n'était pas passé par quatre chemins. Impossible de prendre des détours dans ce contexte si périlleux que le temps leur était compté.
Tous devinaient à mi- mot que le combat était perdu d'avance si aucune solution surnaturelle ne se présentait à eux. L'astre maléfique allait étendre sa nuit sur l'Ordre.
« Avons-nous un plan pour combattre toutes ces catins de la Lune ? interrogea quelqu'un.
Sa question fut aussitôt appuyée par d'autres faucheurs. Il était hors de question de fuir. Tous étaient prêts à riposter. Ils désiraient simplement savoir qu'elle était la marche à suivre. Et ils s'en remettaient à leur nouveau patron, même s'ils ne l'appréciaient pas forcément. Après tout, la Mort l'avait choisi. Et la loyauté des faucheurs allaient à la Mort et à celui qui l'incarnait.
L'Immortel s'admonesta mentalement. Sous la table, son poing se serra. Il devait se secouer. Il n'avait pas de temps à perdre. Il fallait qu'il prenne les choses en main. Se relevant, l'immense siège grinçant alors qu'il le repoussait en arrière, il toisa l'assemblée, puisant en lui toute l'autorité dont il était capable.
— J'ai trouvé un moyen d'empêcher la Lune de nuire pour toujours. Un moyen de bannir sa magie à jamais de ce monde.
Un instant, il marqua une pause. Il savait que ce qu'il s'apprêtait à révéler allait semer le désordre. Déjà il pouvait voir les premières braises de l'agitation naître dans les regards qui le scrutaient, suspendus à ses lèvres. Entre cette nouvelle et celle de l'attaque imminente de la Lune, les faucheurs étaient comme une cocotte-minute, prête à exploser à la première secousse. Secousse qu'il s'apprêtait à donner. Il en avait parfaitement conscience. Gonflant ses poumons d'oxygène, il lâcha, contrôlant de justesse sa voix et son intonation :
— Pour cela, il faut que je trouve comment appliquer ce rituel. J'ai besoin d'aller consulter celui qui est à l'origine de tout : notre fondateur, Valentinus premier du nom.
Voilà, c'était dit. La bombe était lâchée. Une fraction de seconde, le silence plana, lourd, presque étouffant. Puis soudain, ce fut l'explosion. Des protestations s'élevaient de toutes parts, mélangées aux interrogations qui pleuvaient en un déluge inarrêtable :
— Il a pris sa retraite !
— Est-ce possible ?
— Il a disparu !
— Est-il toujours en vie ?
— Comment savoir s'il possède réellement la réponse à cette question ?
— Et si vous ne le retrouviez pas ?
— Saurez-vous où il se cache ?
Valentin se racla la gorge, réclamant le silence. Mais l'agitation était trop profonde, trop vive pour que quelqu'un y prenne gare. Un instant, il eut sincèrement envie de quitter ce fauteuil qui faisait de lui le patron de toute cette assemblée... Amadeus parvenait à imposer le calme avec tant de facilité... Sa simple présence suffisait à faire taire tout le monde. Son fils ne possédait pas sa prestance, et il déplorait sincèrement. Devant lui, un vacarme monstre s'élevait.
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Les faucheurs IV - Funeste Destin
Paranormal- Ceci est le quatrième et dernier tome de la saga des Faucheurs. Il est très fortement conseillé d'avoir lu les trois tomes précédents pour comprendre l'intrigue et éviter les spoils - La guerre entre la Mort et la Lune se poursuit, et faucheurs e...