« Les secrets ne sont pas faits pour être gardés indéfiniment. Comme des serpents, ils rongent, ondulent, creusent pour remonter à la surface. On aura beau lutter, tenter de les cacher, de les occulter, voire même de les détruire, un jour où l'autre, inévitablement, la vérité éclate. »
Nahima, Conteuse de l'Ordre des faucheurs.
*
« Valentin...
Le jeune homme papillonna des yeux. L'habitacle de l'avion était plongé dans une obscurité profonde. Pas un bruit, pas un son, pas un mouvement. Seules les ombres qui s'étendaient sur les sièges, les hublots et l'allée centrale. L'extérieur était lui aussi comme figé. Entièrement blanc et lumineux, en parfait contraste avec l'intérieur.
Pas besoin d'être devin pour comprendre. Il était dans un rêve. Encore.
Devant-lui, sur le siège qui lui faisait face, se tenait une femme. Enrobée dans une longue cape noire, semblable à celle de la Mort, le capuchon tombé en arrière dégageait son visage. Malgré leur pâleur extrême, ses traits reflétaient une douceur sans borne, tout comme ses grands yeux noirs qui dévoraient le faucheur du regard. Et lorsqu'elle sourit, avec tendresse, une fossette apparue au coin de ses lèvres.
Valentin la reconnaitrait entre mille même s'il ne l'avait jamais connue.
Pourtant, cette vision qui aurait dû le rendre heureux le plongea dans une perplexité sans bornes. Un brasier s'alluma en lui, à mi-chemin entre la colère et la lassitude, grignotant sa raison sans concession. Si c'était la Mort qui avait encore emprunté ses traits, il finirait probablement par la battre en froid lui aussi.
— Je ne suis pas la Mort, protesta aussitôt la femme, sa tendresse s'envolant aussitôt.
Un air très sérieux, dévoré par l'inquiétude venait de ronger son expression. Le faucheur se redressa sur son fauteuil.
— Dans ce cas, que faîtes-vous là ?
— J'ai un message à te faire passer.
Un message ? Encore ! Entre les jumeaux, la sorcière Ielena, la Conteuse et maintenant, sa propre mère, il avait reçu plus de messages ces derniers temps qu'en toute une vie. Immortelle qui plus est ! Valentin ne parvint pas à retenir l'amertume qui empoisonna aussitôt ses veines. Qu'elle soit venue pour lui passer simplement un message... il était à deux doigts de perdre le contrôle. Mais quand avait-il seulement vraiment eu le contrôle de quoique ce soit ? Il avait perdu toute maîtrise de la situation à la mort de son père...
Consciente des tourments du faucheur, celle qui était sa mère se releva de son siège pour s'agenouiller face à lui. Sans le toucher. Le moindre frôlement semblait lui causer un déchirement des plus terribles. Et son immense cape noire semblait absorber toute la lumière capable de l'atteindre.
Le tueur de sorcière hocha de la tête avec raideur. Il avait la sensation qu'on venait de lui donner un violent coup dans ses abdominaux qui se contractèrent sous l'appréhension.
Les grands yeux noirs de la femme s'accrochèrent avec la force du désespoir aux siens et Valentin sentit son cœur bondir avec hargne dans sa poitrine. Cette situation avait quelque chose de terriblement ironique. Il ne la connaissait pas, n'avait pas partagé plus de trois jours avec elle... Et pourtant, en cet instant, alors qu'il savait qu'il ne s'agissait que d'un songe éphémère, il aurait voulu pouvoir lui parler, réellement. Sans aucune contrainte. Mais c'était impossible. Alors qu'elle effleura son visage des doigts, dans un geste empli d'amour, elle murmura, d'un ton sinistre :
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Les faucheurs IV - Funeste Destin
Paranormal- Ceci est le quatrième et dernier tome de la saga des Faucheurs. Il est très fortement conseillé d'avoir lu les trois tomes précédents pour comprendre l'intrigue et éviter les spoils - La guerre entre la Mort et la Lune se poursuit, et faucheurs e...