Poudlard - 1989

Chapitre 5. Le jeu.

Dès le lendemain, on sentait que l'automne était bien installé. Les jours qui suivirent étaient marqués par un temps désagréable. Les feuilles tombaient, frappées par un vent violent. Ce jour-là, la température était glaciale et le ciel, pluvieux. Jose frissonnait sous sa cape. Ayant vécu dans le Sud de la France, elle avait encore du mal à s'adapter à la fraîcheur du Royaume-Uni. Ellie enroula une partie de sa très longue écharpe autour du cou de Jose, liant les deux amies. Serrées l'une contre l'autre, elles rentraient dans le château après une longue balade. Malgré le froid, elles avaient envie de se dégourdir les jambes. Elles avaient assisté à l'entraînement de l'équipe de Quidditch de Serpentard, qui avait duré toute l'après-midi. Jay avait démontré ses talents de poursuiveur, impressionnant une nouvelle fois les spectateurs. Ellie commençait à apprécier ce sport et se demandait si elle pouvait prétendre à un poste quand elle serait plus âgée. Elle avait appris que l'entraînement improvisé avec Rowan et Jose était normalement interdit mais que Jay avait puisé dans ses ressources pour le faire. Depuis, elle ne faisait qu'observer et se contentait des cours de vol donnés par Madame Bibine. Grâce à son intérêt grandissant pour le Quidditch, Ellie s'était un peu rapprochée de Terry. Presqu'aussi grand qu'Adrian, il venait d'une famille de sorciers. Etant tous à Gryffondor, la nouvelle de sa répartition avait été un choc. « Le Choixpeau a dû sentir mon ambition », disait-il fièrement. Il passait outre la mauvaise réputation de sa maison, aimant relever les défis. Toujours plein d'énergie, Ellie appréciait réellement sa bonne humeur et son humour, qui n'était pas du goût de tous. Friand d'auto-dérision, il faisait parfois des blagues sur les Sang-Pur et devait faire face à la désapprobation de ses camarades. « Une véritable honte », disaient les Serpentard. Terry était également très curieux et avait un besoin constant d'étancher sa soif de connaissances. Malgré ses notes catastrophiques en métamorphose, il restait un bon élève, notamment en potions. Parfois, il mettait Ellie au défi afin de savoir lequel des deux réussirait en premier sa concoction, considérant qu'un peu de compétition saine était toujours bon pour évoluer et s'enrichir - ce qu'Ellie approuvait. Elle le trouvait attachant et adorait discuter avec lui. Terry, ne croyant pas en la supériorité des Sang-Pur, n'avait pas beaucoup d'amis, même si, de façon générale, il avait une bonne réputation auprès de ses pairs (malgré leur désapprobation). Son seul ami, avant de sympathiser avec Ellie et Jose, était Adrian.

Adrian Pucey venait d'une famille de Serpentard fière d'être Sang-pur. Mais il n'était pas d'accord avec cette idéologie même si, évidemment, la meilleure maison pour lui était Serpentard, cela ne faisait aucun doute. Bon élève et studieux, il avait l'habitude de travailler à la bibliothèque. Après avoir fait la connaissance d'Ellie et de Jose, il privilégia la salle commune où les quatre élèves s'aidaient dans leurs devoirs et leurs recherches personnelles. Il parlait peu, poussant Ellie à penser qu'Adrian restait avec elle uniquement parce qu'il était ami avec Terry mais ce n'était pas le cas. Un jour, après un cours de potions, alors qu'Eléanore remarqua l'échec d'Ellie au profit de Terry, Adrian prit sa défense.

- Comme si tu arrivais seulement à comprendre la recette, Debussy, dit-il d'un ton détaché.

- La jalousie est un vilain défaut, avait renchéri Terry.

Eléanore, rouge de honte, s'était précipitée dans les toilettes, suivit par Theresa. Quand Ellie remercia Adrian, il lui répondit simplement.

- C'est normal de défendre ses amis.

Il n'avait pas dit grand-chose mais Ellie avait senti ses joues rosir, sans savoir pourquoi. Jose, qui détestait Eléanore, restait suspicieuse auprès des deux garçons mais les voir prendre la défense d'Ellie les fit augmenter dans son estime. Depuis cet épisode, Eléanore n'adressait plus la parole ni à Terry ni à Adrian. Pour le plus grand bonheur de Jose, ils semblaient être plutôt soulagés de s'en être débarrassés.