Présage Annonciateur - Lgdc Fanfiction [En Hiatus pour toujours, je crois...]

Chapitre 10

  "Houx Glacé ! Nuage de Mousse ! Où êtes-vous ?"

  Jolie Louve hurlait à s'en arracher les poumons. Sa voix, à présent cassée, était à deux griffes de se faire silencieuse. À peine avait-elle inspiré de l'air, qu'elle l'utilisait avec désespoir pour trouver ses camarades de clan. Le vent soufflait et arrachaient les feuilles séchées des arbres. Ces mêmes feuilles qui craquaient sous les pattes ivoires de la féline.

  "Houx Glacé ! Par le Clan des Étoiles, où êtes vous ?" criait-elle en vain, le vent couvrant sa voix presque éteinte

  Elle s'arrêta et reprit son souffle tandis que le vent faisait osciller les arbres. Deux félins la rejoignirent, l'un aux pattes noires et l'autre, plus petit, au pelage brun et noir.

  "Vous les avez trouvé ?" demanda la chasseuse pleine d'espoir

  - Non. Mais je pense qu'on devrait rentrer. Le vent souffle trop fort et il va pleuvoir." suggéra le chat argent

  - Mais-"objecta-t-elle

  - Il n'y a pas de "mais". Si on reste, qui sait ce qui pourrait se passer, et je ne dis pas ça pour mon propre intérêt. Tu sais ce qu'il sait passé la dernière fois : tu t'es enfuie et, merci au Clan des Étoiles, on t'a retrouvée à moitié morte. Je refuse de laisser ça passer." cracha le guerrier aux yeux émeraudes

  Jolie Louve baissa les yeux. Elle aurait préféré ne pas s'en souvenir, ne pas avoir à vivre ça. Un frisson parcouru son échine et la guerrière supplia :

  "Cinq minutes de plus, je t'en prie."

  Le matou soupira et consulta son apprenti du regard.

  "Cinq minutes et on part." concéda-t-il

  La féline argent acquiesça puis s'enfonça dans la forêt à toute vitesse. Cinq minutes si précieuses pour elle. Elle ne pouvait pas abandonner ses camarades de clan. Courant, ses yeux observèrent les alentours et elle s'arrêta dès qu'elle vit une silhouette sortir d'un arbuste, ce qui la fit revenir sur ses pas. En voyant l'intrus, la rage l'aveugla et elle sauta griffes sorties sur lui.

  "Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais être au camp. Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer." gronda la chatte aux yeux bleus

  - Je suis venu chercher ma sœur. Je veux pas faire la plante verte alors qu'elle peut être en danger." répliqua Nuage des Bois

  - On ne discute pas les ordres d'un chef, quel qu'en soit le prix à payer. Ça, je l'ai appris à mes dépends." hurla-t-elle

  Haletante, elle se calma. Elle rangea ses griffes et se retourna afin de reprendre sa course. Son apprenti se rangea à ses côtés, prêt à la suivre, dans ce labyrinthe de végétation. Malgré toute sa détermination, la chasseuse ne trouva rien et les cinq minutes s'étaient écoulées. La tête basse et le pas lourd, elle dût se résoudre à rejoindre Renard d'Argent et Nuage de Nuit. Néanmoins, ses yeux saphir continuèrent de sonder les alentours. Arrivés devant les matous, Nuage de Nuit s'exclama :

  "Qu'est-ce que tu fais là ?"

  - Pas grand chose, je cherche ma sœur." pesta son frère

  Les yeux du novice de Renard d'argent s'écarquillèrent et ses oreilles se baissèrent. Jolie Louve, déjà à fleur de peau, sentit ses poils se hérisser.

  "Tu n'as pas besoin d'être si dur avec lui, il voulait seulement savoir." lui reprocha-t-elle

  Il roula des yeux, elle semblait prête à le tuer. Elle sursauta en sentant une goutte d'eau s'écraser sur son dos. Ses pattes commencèrent à trembler et, remarquant son trouble, Nuage de Nuit proposa de rentrer au camp.

  "Je serai devant. Vous, vous restez avec elle." ordonna le matou gris perle avec autorité

  - Et pourquoi aurait-elle une protection rapprochée ? Parce que c'est la fille de la Cheffe ?" grinça la mâle rayé de noir

  - Je te laisse le découvrir." railla le premier

  - Je peux me débrouiller seule" riposta-t-elle, avant de sursauter une nouvelle fois à cause de la pluie s'écrasant sur le sol

  - Tu n'es pas en état." assura le mâle aux pattes de jais, en effleurant son museau du bout de la truffe, avant de trottiner en direction du camp

  Les minutes passaient et Jolie Louve avait l'impression de devenir folle. Elle n'aimait pas la pluie. Elle la haïssait. Elle en avait peur. Il pleuvait à verse, et elle ne cessait de voir, dans les tréfonds des bois, ce félin. Cette ombre du passé resurgissait et son cerveau ne répondait plus. En temps normal, elle aurait couru pour la rejoindre avant de se rendre compte que ce n'était qu'une de ces illusions. En temps normal, elle ne se ferait ni tenir par la peau du cou par son apprenti, ni rassurer par un félin aux yeux ambrés. Tout ça à cause de la pluie.

  Sa respiration rapide, ses pupilles dilatées et ses pattes tremblantes, tout en elle démontrait qu'elle avait peur. Le ciel était gris, il pleuvait si fort que la féline grise était trempée jusqu'aux os. Elle leva les yeux et lança une œillade à ses côtés. De l'un, son apprenti surveillant ses moindres faits et gestes, la respiration haletante. De l'autre, le novice de Renard d'Argent qui l'observait de ses yeux ambrés, emplis d'une lueur qu'elle n'aurait su distinguer. La marche fût longue et cela sembla durer une éternité. Arrivés au tunnel d'ajoncs, elle observa les alentours et, dans un murmure, elle soupira :

  "Je suis désolée, Jonquille Éclatante. Ne m'en veux pas."

  Ce murmure presque inaudible avait attiré une attention particulière.

  À peine sortie du tunnel, un grand matou noir s'approcha d'elle et l'emmena de force dans la tanière des guerriers. Une fois là-bas, il s'ébroua et toiletta la féline en maugréant. Celle-ci était allongée sur le ventre, ses pattes boueuse en face d'elle. Elle ne disait rien et se laissait faire. Le chat s'allongea à ses côtés, l'observant de ses orbes vertes.

  "Tu sais, on doit ''être fier de son passé que l'on drape d'or et de pourpre''. Une personne admirable me l'a dit, et je ne compte pas laisser ces paroles se perdre dans le temps."

  La féline se releva, lasse, et s'approcha de la sortie. Sa gorge se noua et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle se retourna vivement et fondit en larmes. Le mâle sombre s'approcha d'elle et ils s'assirent, leurs pelages trempés s'entremêlant et leur procurant de la chaleur. Celui-ci passa sa langue râpeuse sur les larmes de la chasseuse.

  "Je suis tellement désolée : je n'y arrive pas, je n'y arrive pas. Je devais rester fière mais je suis faible. J'aurais dû- J'aurais dû... Je suis désolée. Je ne suis pas comme toi. Je devrais..." pleura-t-elle sans s'arrêter

  "Tout va bien, ma chasseuse aguerrie. Tout va bien." continua de rassurer l'imposant mâle "Les caractères fiers ne pardonnent pas un soupçon de faiblesse, ils sont exigeant, mais on doit être fier de ce qu'on fait et de ce qu'on est. Tu seras toujours ma fierté, quoi que tu fasses."

  Les yeux azurs de la guerrière avaient cessé de larmoyer et elle se blottit contre son interlocuteur, savourant ce moment de complicité.

  "Merci Papa."

  Ils furent interrompus lorsque Aile Tachetée arriva en trombe :

  "On les a retrouvés !"