Chapitre 11

23 4 1
                                    

  "On les a retrouvés !"

  La guerrière bicolore était trempée, de l'eau dégoulinait de ses poils. Elle haletait, et avait ce sourire rassurant comme toujours. Ce sourire qui redonnait espoir, qui lui avait donné son nom. Jolie Louve se releva. Sans se préoccuper de la tempête, elle courut vers l'extérieur.

  L'orage grondait mais ils étaient là. Nuage de Mousse reprenait sa respiration, les oreilles baissées tandis que le lieutenant se faisait emmené, inconscient, chez le soignant. La jeune apprentie semblait épuisée, un faible sourire éclairant son visage. Elle aperçut la féline argent et, suite à ça, s'écroula au sol. La guerrière argent se précipita à ses côtés alors que sa vision s'embuait. Étaient-ce ses larmes ou la pluie ? Elle n'en savait rien. Elle s'en moquait. Tout ce qui la préoccupait était la santé de la petite féline. Elle renifla avec inquiétude le corps brun qui gisait au sol. Son flanc se soulevait toujours, mais pour combien de temps ? Elle donna de petits coups de pattes dans le flanc pour la réveiller, en vain.

  "Ne pars pas. Je t'en prie, Nuage de Mousse, ne pars pas." supplia-t-elle dans un murmure.

  Elle enfouit sa truffe dans le pelage mouillé de sa camarade. Interrompant cet instant de tendresse, Museau d'Ivoire attrapa la boule noisette par la peau du cou et l'entraîna dans son antre. Jolie Louve la regarda partir - ou plutôt se faire traîner dans le sol boueux - sans un mouvement. Elle restait seule sous la pluie, contemplant la trace de boue sur le sol. Elle n'avait plus la force de bouger. Elle n'avait plus la force d'avoir peur. Une forme noire et brune s'installa timidement à ses côtés, miaulant :

  "Elle s'en sortira. Tu sais, elle n'aurait pas aimé te voir comme ça. Comme elle le dit toujours : ''L'espoir ce n'est pas de croire que tout ira bien, mais que les choses ont un sens''. Suivons son conseil, tu ne crois pas ?"

  Même si ces paroles étaient optimistes, la chasseuse ferma les yeux et eut un rire amer :

  "C'est beau de voir des inconnus devenir amis."

  - Jonquille Éclatante était une de tes amies ?" demanda un peu trop rapidement le félin aux yeux ambrés, avant de regretter ses paroles : "Ou-oublie ce que j'ai dit ! Je ne suis qu'un idiot. Un idiot !"

  - Ce n'est rien. Tu... Tu as le droit de savoir. Tu aurais fini par le savoir." Elle marqua une pause : "Tu veux savoir qui était Jonquille Éclatante ?"

  Elle lança un regard vers le tunnel d'ajoncs. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux et elle eût un rire bref, un rire amer. "C'était un mentor, une amie, une compagne et... une mère. Tant de choses qui ne pourront jamais être remplacées." termina-t-elle le regard perdu dans le vague. 

  Un goût amer se mélangea à sa salive, son cœur se serra.

  "Ses ailes étaient prêtes..." Elle réprima un sanglot : "...mais mon cœur ne l'était pas."

  Le tonnerre gronda et un éclair déchira le ciel. Elle le regarda, les yeux brillants et les oreilles basses. Elle sourit faiblement.

  "Rentrons." dit-elle d'un miaulement rauque, avant de se cogner contre quelqu'un.

  En relevant la tête, elle rencontra le regard préoccupé de sa mère. D'un signe de queue, elle indiqua à Jolie Louve de la suivre et à Nuage de Nuit de rentrer dans sa tanière. Le petit matou exécuta les ordres. Une fois seules, les félines entrèrent dans la grotte destinée à la meneuse. Sans un bruit, mère et fille s'y enfoncèrent et rejoignirent Poil d'Orage, l'ancien du clan. Jolie Louve s'assit à ses côtés, le pelage emmêlé et le cœur lourd.

  "Eh bien, c'est quoi ce pelage ébouriffé, Nuage de- Enfin, Jolie Louve. Je suis déçu de voir que mon apprentie se met dans un tel état." plaisanta-t-il la voix chevrotante

  Jolie Louve laissa échapper un rire et rétorqua sur un ton fanfaron :

  "Je suis, et j'ai toujours été, une rebelle. Je n'écoute personne."

  Un raclement de gorge de la meneuse la fit rectifier : "Presque personne."

  Des rires résonnèrent dans la cavité rocheuse, et ce, jusqu'au lendemain. Cela faisait des lunes qu'elle n'avait pas ri comme ça, des lunes que ces souvenirs la hantait et l'empêchait d'avoir du répit.

***

  Elle ouvrit les yeux avec difficulté. Sa tête tournait et lui faisait mal. Impossible pour elle de se concentrer : elle avait l'impression de flotter hors de son corps. Pourtant, elle était bien dedans. N'est-ce pas ?

  Où était-elle ? Elle ne savait pas. Elle releva la tête et observa les alentours. Cette endroit lui était inconnu. Puis elle se souvint de la dernière chose à laquelle elle avait pensé. Son cœur s'accéléra. Elle observa une nouvelle fois les alentours. Rien. Sa queue battait nerveusement le sol et sa respiration s'accéléra. Où était-il ? Elle voulut se relever mais se sentait clouée au sol. En se hissant sur ses pattes tremblantes, elle retint un cri de douleur. Quand c'était-elle blessée ? Elle ne savait pas. Elle ne s'en souvenait plus. Elle avait beau chercher dans les tréfonds de sa mémoire, elle n'y arrivait pas.

  Elle se leva tant bien que mal et avança petit à petit en grinçant des dents. Qu'avait-il bien pu se passer ? Était-elle seule ? L'avait-on abandonnée ? Elle réfuta bien vite cette hypothèse. Elle entendit un simple murmure qui lui suffit à se diriger en cette direction. À chaque pas, elle souffrait. À chaque pas, elle peinait à respirer. À chaque pas, elle menaçait de s'effondrer. Mais à chaque pas, elle se rapprochait de la source du bruit et pourrait enfin apaiser certaines de ses craintes. Elle s'en approcha en claudiquant, alors que la douleur s'intensifiait. Sa vision diminuait et elle se sentait de plus en plus légèrement lourde.

  Lorsqu'elle le vit, là, allongé, elle en fut soulagée. Il était encore là. Elle s'approcha tout doucement, comme par peur de le réveiller. Elle le couva du regard et s'allongea à ses côtés. Avec une tendresse infinie, elle s'endormit à ses côtés, au détriment de sa blessure...

Présage Annonciateur - Lgdc Fanfiction  [En Hiatus pour toujours, je crois...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant