Lundi 10 avril 2017

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Le froid, la douleur. Je suis recroquevillée, seule, dans le coin d'une rue.

Pourquoi font-ils ça ?

Voilà une question à laquelle je me sais incapable de répondre.

Miki ne dit pas grand-chose, en général. Et se contente de laisser ses super copains se défouler tranquillement.

Ceci dit, elle ne se gêne pas quand il s'agit de me faire passer pour un monstre au lycée. Elle me provoque verbalement, entourée de sa bande, et attend que je craque. Elle sait parfaitement quoi dire pour toucher la corde sensible.

Je ne résiste pas souvent, incapable de garder mon sang-froid.

Alors les gens disent que je suis violente.

"Elle démarre au quart de tour, tout le temps" chuchotait une élève un jour où elle croyait que je ne l'entendais pas.

"Elle me fait peur."

T'es-tu au moins regardé une fois, princesse ?

La vérité, c'est qu'ils ne me voient jamais dans l'état où je suis actuellement. Accroupie, en larmes, ma manche gauche déchirée et ensanglantée.

La pluie commence à tomber.

Parfait. Il ne manquait plus que ça.

Glacée, elle traverse mes vêtements pour venir refroidir mon corps.

L'eau passe sur la blessure de mon bras et se mêle à mon sang.

Et les images repassent à nouveau dans mon esprit. Des sourires mauvais. Des bottes en cuir sales. Mon regard qui se brouille.

Puis la scène se fait remplacer par la vision d'une mère inquiète dans son salon.

Je devrais rentrer.

Je me lève péniblement. Mes jambes me font mal, j'ai froid et il pleut des cordes.

Je prends péniblement le chemin vers chez moi, d'une démarche un peu tremblante, veillant bien à rester éloignée du lycée. On ne sait jamais, ils m'attendent peut-être pour un deuxième round.

Je passe la porte de la maison et pousse un soupir de soulagement.

On n'est jamais aussi bien que chez soi.

Ou plutôt, on n'est bien que chez soi.

Voici bien le seul endroit où ils ne peuvent pas venir.

J'essaie de cacher ma blessure et je salue ma mère. Elle me regarde bizarrement.

"Que t'es-t-il arrivé, tu as une ecchymose à la lèvre, lâche-t-elle en guise de bonjour.

-Merci pour le vent, ça fait toujours plaisir. Hé, ne touche pas !

- Mais tu saignes ! Comment tu t'es fait ça ?"

Elle me fixe sévèrement.

"Je me suis vautrée en essayant le skate d'un ami, je mens.

- Mon Dieu... Tu trouves toujours un moyen pour te blesser. Va désinfecter ta plaie. Tout de suite !

- Oui, chef !

Je lui souris avant de monter les escaliers en courant. J'essaie toujours de paraître enjouée face à elle. Je ne veux pas qu'elle se fasse du souci.

Je jette mon sac à dos dans ma chambre et manque au passage de faire tomber le portrait de mon père.

Mince !

Je reviens alors le poser à plat pour éviter qu'il ne se casse.

"Désolée. Je reviens."

Dans la salle de bains, j'enlève mon pull, non sans grimacer face au piteux état de mon bras.

Je n'ose même pas me regarder dans le miroir. C'est inutile. Après tout, on ne soigne pas les bleus.

Je nettoie la plaie avec un coton. Celui-ci s'imprègne doucement de mon sang. Je déteste cette couleur écarlate.

"Kelly, ma puce ? Viens manger !"

Détachant mon regard du tissu, je crie à ma mère que j'arrive.

Je ne suis pas encore descendue des escaliers que l'odeur du repas imprègne déjà mes narines. Je m'installe et commence à manger. La chaleur de la viande dans ma bouche me fait du bien.

"Tu me donneras ton pull, j'essaierai de l'arranger, me dit ma mère.

- D'accord, mais je doute que tu puisses faire grand-chose."

Elle se contente de hausser les épaules.

La discussion change rapidement. Je me détends enfin.

Même si je sais que, cette nuit, cette histoire ne me lâchera pas et demain matin, un étrange noeud dans l'estomac me fera hésiter à me lever.

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Voilà donc le premier chapitre !

La situation se présente doucement, le cadre est annoncé et vous avez rencontré le personnage principal 🙃

Alors place au chapitre 2 👀

Par Le PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant