Par Le Passé

Jeudi 11 mai 2017

Je ne me plierai jamais plus devant personne. Ma vie, mes choix. Alors les petites menaces de Tom et ses copains, ils peuvent se les garder.

Je ne sais pas comment je vais faire pour leur faire face, mais je le ferai. Ils ne m'effrayeront plus.

Un peu tard pour se réveiller. Oui.

Mais j'ai enfin ouvert les yeux. Je n'arrête pas de tout ressasser depuis plusieurs jours. Le scénario tout entier de cette histoire défile en boucle et je constate avec effarement que j'ai laissé passer ma vie.

Pourquoi n'ai-je jamais rien fait contre tout ça ?

Désormais, les choses vont changer.  Et le monde semble d'accord avec moi : à croire qu'il veut me mettre à l'épreuve.

Je viens de tomber sur Miki et Emilio. Le voir me fait repenser à la dernière fois. la fois de trop. La rage monte.

Sers-t-en, Kelly.

"Qu'est-ce que tu fais là ? m'agresse Emilio. Va-t-en."

- On étudie dans le même lycée, je te signale. Forcement, on se croise."

Il fronce les sourcils. Devant son mutisme, Miki me lance une pique. Je reste digne.

Soudain, Emilio change d'expression. Il semble essayer de comprendre quelque chose. Son visage se mue en une moue familière, la même qu'il affichait le jour où...

"Tu nous espionnais encore !"

Affligée, je lui jette un "quoi ? Non !" au moment où Miki, perplexe, bafouille un "encore ?" à son chéri.

Et alors je saisis ma chance. Le courage aux lèvres, je reprends :

"Tu veux dire, le jour où vous complotiez dans le dos de Miki ?

- Oh, ferme-la ! Tu sais pas de quoi tu parles !"

Mais Miki, elle, semble vouloir savoir de quoi il s'agit. Je me tourne vers elle et lance :

"Il paraît que tu passes ton temps chez lui. Ça rend les autres jaloux, eux aussi ils aimeraient connaitre tes secrets !"

Encore une fois Emilio m'ordonne de me taire. Mais ça ne prend plus. Au fur et à mesure que je parle, je vois sa copine, de plus en plus perplexe, lui jeter des coups d'œil inquiets, de plus en plus souvent.

"Mais alors que peux-tu bien cacher, Miki ?

-Arrête-ça.

- Tu as pourtant l'air d'une fille gâtée par la vie...

- Arrête, sinon...

-Populaire, avec plein d'amis, et deux par..."

Mais s'en est trop pour Emilio. Il me pousse, d'une violence que je ne lui connais pas, m'assène immédiatement d'une myriade de coups.

"On ne parle pas... pas de sujets... dont on ignore... tout !"

Les yeux clos, criant presque de douleur, je tente désespérément d'attraper son pied. En vain. Mes doigts se font charcuter par la violence de ses coups.

Et alors, je perds tout espoir. Toute chance de pouvoir sortir de ce cercle infernal, aussi accessible semblait-elle il y a quelques minutes à peine, éclate en mille morceaux.

"Stop... Stop !"

Les coups s'arrêtent brusquement. Je n'en crois pas mes oreilles. Encore sous le choc, je reste figée en position foetale, mains sur la tête, yeux clos.

De quelques pas rapides, Miki s'approche de nous, tente de calmer Emilio.

"s'il te plaît, écoute...

- Mais elle... Elle raconte n'importe quoi ! Elle te manque de respect, elle...

- Je sais.

- Ça fait trop de fois qu'elle paye pas, qu'on peut pas...

- Non, attend.

- Pourquoi tu nous laisses pas..."

La question reste en suspend. Je me risque alors à ouvrir les yeux.

Face à face, Miki et Emilio se regardent. Lui avec effarement, elle avec certitude. Elle souffle :

"Je ne suis pas comme mes parents."

La phrase me tombe dans le ventre avec le poids d'une pierre. Emilio se calme immédiatement face à cette réponse. Des milliers de questions semblent défiler sous ses yeux.

Puis, Miki pose son regard sur moi. Je n'y vois ni haine ni colère, pas plus de pitié. Non, aucune émotion, juste une extrême lassitude.

Me regardant toujours, elle dit :

"Aller, viens. On s'en va."

Lentement, sans un coup d'oeil en arrière, ils partent.

----------------------------------------------------

Mais qu'arrive-t-il donc à Miki ? Ouvrirait-elle enfin les yeux ? Est-ce seulement possible ? A suivre...😏