2 -- The More the Bloody Merrier

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Quand Jim fit son entrée au Café Loco, il se sentit tout de suite plus serein. Il ignorait ce qui le calmait réellement, dans cet endroit. Peut-être étaient-ce les rayons du soleil, même timides de bon matin, qui éclaboussaient l'endroit avec générosité et chaleur au travers de l'immense baie vitrée qui donnait sur la rue tranquille? Ou bien la nouvelle décoration qu'il mettait en place petit à petit depuis son arrivée, ce mélange de bois chaleureux et de fer frais dont les couleurs rappelaient les grains de café à la base même de cette entreprise?

Peut-être même étaient-ce les souvenirs heureux qu'il entretenait en même temps que l'endroit... ou ceux qu'il créait chaque jour depuis son retour d'Angleterre?

Jim travaillait fort pour tourner la page. Il sentait qu'il y arrivait mieux depuis quelque temps. Et l'une des personnes qui lui avaient permis de faire un si grand pas dans la bonne direction était déjà au comptoir, à en astiquer la surface avec l'aisance de l'habitude.

En fait, il ne voulait pas l'avouer, mais ce qui le calmait le plus, c'était lui, la plupart du temps. Il était devenu son ancre dès leur première rencontre.

Luca Rivoli, jumeau d'Antonio, était l'exact opposé du rustre que Jim venait de quitter. Toujours souriant, plein d'entrain et de charme, il était, lui aussi, une certaine forme de torture visuelle. En particulier depuis qu'il s'était fait tatouer une manche colorée au bras gauche et qu'il avait renoué avec ses lunettes. Il avait l'air du croisement impeccable entre un bad boy et un intello. La chemise de travail noire imposée aux employés lui donnait un air soigné qui entrait en vif contraste avec sa chevelure éméchée couleur de chocolat au lait.

— Salut, Jim!

Ce matin, en particulier, à l'image de son frère, il était de bonne humeur. La différence résidait dans sa façon de l'exprimer. Les yeux bruns de Luca étaient constamment éclairés d'une étincelle de bonheur lorsqu'il croisait le regard des gens, comme s'il était content de voir tout le monde, en tout temps.

Et c'était le cas. Luca aimait tout le monde.

Il dirigea vers Jim un sourire rayonnant, brûlant, qui l'atteignit en pleine poitrine et en réchauffa l'immensité jusqu'au moindre centimètre cube. Il accueillit le sentiment pour ce qu'il était : une profonde et sincère affection.

Étrangement, même si Luca était identique à Antonio, il n'avait pas le même effet sur Jim. Il était séduisant, certes, mais il n'inspirait pas à Jim le corps à corps brutal et sensuel qu'il aurait réservé à Antonio s'il lui en avait donné l'occasion. Il y avait une question de dominance dans sa relation avec Antonio qui ne s'établirait jamais avec Luca.

Avec ce dernier, il n'avait rien à prouver. Il était son égal, son ami. Le premier vrai ami que la vie lui avait envoyé depuis longtemps. Il était son employé, aussi, mais il y avait longtemps que Jim ne le considérait plus comme cela non plus.

Buongiorno, Luca.

— J'ai lancé une fournée de muffins, préparé la caisse et sortit la paperasse pour l'inventaire.

Perfect.

— Ah, et avant que j'oublie, Cass' m'a demandé de te dire qu'il y a une séance de yoga ce samedi...

— Je sais, le coupa Jim, légèrement irrité. Antonio m'en a parlé. J'ai dit que je réfléchirais.

— Ok...

Luca eut l'air surpris, et Jim n'eut pas à demander pourquoi. Qu'une telle information se soit rendue à lui par le biais du plus détestable des trois frères relevait du miracle, à marquer d'une pierre blanche. Inutile de briser le silence pour expliquer comment lui et son frère en étaient venu en de tels termes. Même Antonio devait en ignorer la cause.

Comme deux et deux font quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant