12 -- Awkward Moment

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Jim se demandait s'il n'était pas en train de faire une belle connerie. Malgré ses précédentes opinions tranchées à ce sujet, il avait ramené Tobia chez lui. L'idée semblait logique : Tobia se serait ramassé seul durant cette nuit éprouvante pour l'unité fraternelle. Il l'avait fait sans arrière-pensée, songeant que l'Italien aurait besoin d'un décor différent pour digérer la soirée, pour s'aérer l'esprit.

Maintenant, alors que l'homme était pelotonné contre son flanc, Jim se demandait s'il avait bien fait. Il n'avait pas osé passer les bras autour de Tobia pour lui offrir un vrai câlin, pensant que le fait d'être dans le même lit le contenterait. Comme il n'avait pas été relancé, il avait conclu que c'était le cas, et les deux hommes s'étaient couchés sans un mot.

Jim n'aurait jamais été capable de s'endormir à côté de Tobia, même en temps normal, ne serait-ce que parce que le son de sa respiration était régulier, fort, réconfortant. Mais aussi, il sentait bon. So damn good. Impossible de dire si Tobia portait de l'après-rasage ou s'il ne s'agissait que de son déodorant, et Jim n'irait certainement pas le renifler pour le découvrir... même si c'était foutrement tentant.

Aujourd'hui n'était vraisemblablement pas un bon moment pour partir dans une telle exploration, pour lancer leur relation à ce niveau.

Tobia n'était pas dans son état normal. Jamais il n'avait été aussi silencieux en sa présence. C'était normal, logique, mais aussi troublant et vraiment dérangeant. Jim aurait préféré que l'Italien soit une pipelette en ce moment, car alors cela aurait voulu dire que tout allait bien, que son frère n'était pas dans un état critique à l'hôpital, avec son visage tuméfié, sa lèvre fendue et ses côtes cassées...
Bloody hell.

En repensant aux blessures de son ami, Jim bouillait. Il était content qu'il ait mis au tapis deux de ses agresseurs, qu'il les ait envoyés à l'hôpital eux aussi. C'était bien fait. S'il mettait la main sur ces fils de putes, il...

- Jim? Tu dors?

Le murmure de Tobia était tout sauf saturé d'endormissement. La colère retomba d'un coup en Jim, dont la silhouette se détendit d'un coup. Il devait se concentrer sur le présent pour éviter de tourbillonner dans un univers de possibles qu'il était impossible d'atteindre. Pour l'heure, il avait sur les bras un Italien inquiet qui ne dormait pas.

- No. You?

Sa question, renvoyée avec légèreté et humour, eut l'effet escompté : Tobia rit. C'était un rire faible, timidement retranché dans sa gorge, mais c'était mieux que rien.

- Tu te souviens de l'autre soir, tu disais que tu avais besoin de bouger?

La question était lancée sur un ton étrange, venant de lui. Comme s'il anticipait une réaction négative de sa part.

- Tu veux aller nager? Je crois que la piscine est fermée à cette heure...

- Non, je veux pas nager.

Il y eut une pause, que Jim s'attendait à voir se terminer à tout instant... pendant deux bonnes minutes. Perplexe, il se passa la main dans les cheveux en espérant y déloger les images qui commençaient à parasiter sa tête. Il connaissait bien une activité qui pouvait les faire bouger et les détendre, mais Tobia et lui n'en étaient certainement pas là encore. Et Tobia n'avait jamais été avec un homme auparavant, ce qui rendait la chose encore plus délicate.

Il dut réfléchir un peu avant de formuler une nouvelle suggestion potable et moralement correcte, dans les circonstances.

- Tu veux aller courir? Maintenant qu'ils sont hors d'état de nuire...

- Non, je veux pas courir, Jim.

Nouvelle pause.

Jim devint nerveux juste à l'emploi appuyé de son prénom... mais quand Tobia remua assez pour que leurs corps entrent en contact, il n'avait pas assez de neurones pour faire toutes les connexions nécessaires. Il n'était pas con, ce n'était pas l'arme de service de Tobia qui se dressait désormais entre eux. D'instinct il se retourna pour lui faire face.

Comme deux et deux font quatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant