L'histoire aurait été belle si elle avait eu une fin en temps et en heure, si Harry avait pu expliquer ce qu'il s'était passé ce jour-là à Londres, pendant l'hiver, alors que Louis attendait dans un café chauffé aux couleurs beaucoup trop orangées à son goût. Si les mains de Dieu, de l'Autre ou de ce qui dictait leurs actes, fatalité, destin ou libre-arbitre, avait choisi de finir ce qu'elles avaient commencé. L'attente n'aurait pas rendue la fin plus amère, la patience n'aurait pas entaché leur amour. La plume a cassé et l'encre a séché, il y a quelque chose d'euphorisant dans l'idée que Louis et Harry ait été figés dans le temps pendant si longtemps. Mais il y a quelque chose d'amusant dans l'idée qu'ils aient attendu pour connaître leur fin autant que ces mots couchés sur un clavier.
La vérité pourtant, c'est que ce n'est rien de tout ça. La vérité, c'est qu'Harry s'est expliqué, qu'ils ont parlé. Le soir-même de son arrivée aux Mots Passants, après un sourire gêné, une confession précipitée et un regard à l'intention de Gwen, il a parlé de tous ces ouvrages qu'il avait lu et qui lui rappelait leur histoire, de tous ces romans, ces nouvelles, ces chansons et ces citations qui réussiraient à dépeindre un peu mieux que lui ce qu'il ressentait. Et Louis l'a cru.
_Les deux profils étaient à moi.
Sauf que cela, Louis le savait, et dans le salon du jeune homme au dessus de la librairie, assis sur le canapé et avec Mal entre eux deux, Harry a poursuivi.
_Je ne mène pas de double vie, il n'y a personne d'autre que toi mais je ne veux pas te mentir alors ça va peut-être paraitre un peu confus. Je voudrais que tu me laisses finir, d'accord ?
Au cas où ; au cas où les explications qui s'échappaient de sa bouche ne plaisaient pas, au cas où ce qu'il avait à avancer pour une défense qui n'en était pas vraiment une n'était pas valable ou excusable aux yeux de Louis. La vérité, c'est que Harry était le fils d'un homme comme tous les autres, pas plus riche et pas moins pauvre, il était le fils d'un couple uni mais profondément catholique, profondément conservateur, et que depuis qu'il était enfant il n'avait jamais rien entendu d'autre qu'un mari et une femme. La vérité c'était que depuis qu'il avait vu Louis arriver quelques fois dans son fil d'actualité Twitter il avait commencé à questionner ses croyances et sa propre vision des choses, les propos qu'on lui avait fait avaler depuis qu'il était enfant, et qu'il avait envoyé ce premier message deux cent quarante neuf jours auparavant sans rien en attendre vraiment. Que c'était juste un besoin. Besoin d'envoyer un bonjour, besoin de connaître Louis pour démêler ses pensées un peu nouées. La vérité c'est qu'il n'avait pas eu envie de savoir où ça le mènerait vraiment parce qu'il ne voulait pas y penser, il ne voulait pas que ça ait de l'importance et pourtant, chaque nouvelle notification, chaque nouveau tweet, message et appel faisait du chemin dans sa vie en prenant de l'importance. Et c'est devenu impossible de l'ignorer davantage. D'oublier que dans son téléphone, quelque part à quelques centaines de kilomètres, il y avait un garçon avec qui il discutait tous les jours.
La vérité c'est que plus les jours défilaient, plus il ignorait la réalisation qui se montrait de plus en plus en lui et comme ils n'avaient été qu'amis, au début, puisqu'ils n'avaient jamais vraiment évoqués leurs sentiments auparavant, il a essayé de passer outre et de se rapprocher d'une de ses amies d'enfance. Ella. La jolie Ella qui avait souri lorsqu'il l'avait embrassé pour la première fois, qui l'avait regardé avec un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait lorsqu'il l'avait présentée de manière plus officielle à ses parents qui avaient sorti une bouteille de champagne pour l'occasion. La jolie Ella qui avait accepté de prendre des photos mais qui lui avait demandé s'il était sûr lorsqu'il avait fait de l'une d'elle sa photo de couverture facebook. Quelque part, il ne sait toujours pas si elle savait ou si elle se doutait juste, mais suite à cette hésitation Harry avait décidé de créer une autre profil facebook, pour couvrir ses arrières, et sécuriser le premier.
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Poisson chat
FanficPropriétaire d'une librairie à Disley, Cheshire, Louis n'a jamais rien connu d'autre que son petit village natal. Obligé d'utiliser un fauteuil roulant lors de ses « mauvais jours » à cause des séquelles d'un accident qui paralysent temporairement s...