14. Sauvetage

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Ruggero

Mes oreilles bourdonnent. Ma jambe m'élance douloureusement. Le monde n'a plus de sens. La poussière ocre vole dans mon champ de vision. Je tente de me redresser, mais mon équilibre est précaire. Tout tourne autour de moi, mais je parviens à me mettre debout. Mon attirail paraît soudain incroyablement lourd. La grenade a fait beaucoup de dégât en explosant.

Un éclat s'est fiché dans ma jambe. Je ne sais pas de quoi il s'agit, mais les conditions ne sont pas réunies pour le retirer. Il est planté si profondément en moi que je crains de déboucher une artère si jamais je le retire. Tant qu'il fait bouchon, je peux avancer.

Pablo me rejoint en rampant. Il a échappé à l'explosion. En voilà au moins un qui est prêt à continuer. Je ne sais pas ce qu'il en est du terroriste, mais je préfère ne prendre aucun risque. Pour le moment, je me trouve protégé, derrière les restes d'une maison qui s'est effondrée sous l'explosion.

- Tu vas bien ? demande mon binôme d'une voix sourde.

Je l'entends de façon lointaine. Le bruit de l'explosion semble avoir abîmé un peu mes tympans. Je porte une main à mes oreilles. Mes gants se couvrent de sang. Je retiens une grimace. Dans quel état vais-je retrouver ma Karol ? Je hoche la tête en souriant à mon ami.

- On continue ! asséné-je.

- Tu plaisantes ? Tu es blessé et...

- On sauve les otages !

Le bruit des coups de feu devient de plus en plus fort, signe que ma surdité passagère reflue. Debout, j'avance en traînant ma jambe blessée. L'adrénaline est une chose formidable qui empêche la douleur de me paralyser. Pour le moment, je continue à avancer, suivis par mon binôme qui couvre mes arrières. Je me penche pour me cacher autant que je peux, approchant de l'endroit où se trouve le terroriste qui a lancé la grenade.

Je le découvre à terre, sonné. Je ne peux pas le laisser reprendre ses esprits. La détonation part. Un trou se forme sur son front, ensanglantés. Je me détourne rapidement. Je n'ai pas le temps pour faire de sentiments. J'ai une mission à mener, et elle va me ramener près de ma famille. Ils sont nombreux, les hommes à dire qu'ils tueraient pour ceux qu'ils aiment, et peu nombreux ceux à effectivement le faire. Je fais signe à Pablo de me suivre. Nous continuons d'avancer dans les rues désertes.

Mon regard scrute chaque recoins, chaque toit duquel pourrait surgir un terroriste. Nous remontons l'allée jusqu'au coeur de l'oasis. La maison qui tient encore debout est la mieux gardée. Je me baisse derrière un énorme 4x4 et fixe Pablo.

- Les otages sont probablement là-dedans.

- Qu'est-ce qu'on fait ?

J'aperçois mes hommes qui se rapprochent également. Jorge et moi échangeons un regard de connivence. Nous nous comprenons sans un mot et c'est essentiel. Je remarque qu'il manque quelques un d'entre eux, mais les coups de feux que j'entends au loin me convainc qu'ils attirent quelques terroristes plus loin. Nous sommes, pour la plupart, tous en vie. J'aimerais bien que ça le reste.

- Jorge, Logan, avec moi ! Pablo, tu prends plusieurs gars et vous faites le tour ! Encerclez cette baraque et éliminez tous les terroristes ! Le premier qui atteint les otages lance le signal de la libération ! Je veux au moins trois hommes autour d'eux pour les emmener jusqu'au 4x4 et se tirer d'ici ! Des questions ?

Personne ne moufte. Ils ont tous compris un plan particulièrement simple et s'éparpillent. J'attends qu'ils soient tous en place et que les premières détonations résonnent pour me lever. Les terroristes comprennent que nous avons avancé loin dans leur oasis. Nous sommes à leur porte et, même s'ils ne paniquent pas, ils craignent de perdre les otages. C'est précisément ce qui va arriver.

Mi AmorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant