Chapitre V

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"Le bonheur c'est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles. "

- Indira Gandhi



      Je suis pitoyable. Je pleure comme une enfant dans les bras de la fille que je ne connais que depuis quelques jours. Fichues hormones. Quand je suis dans ma période rouge, je pars au quart de tour. Je suis vraiment une pauvre fille. Je n'aurai pas dû parler comme ça aux garçons. Je m'en veux tellement. Après tout, ils ne connaissent pas mon passé. Je ne peux pas leur en vouloir. Je suis tellement bête. Je me détache doucement de l'étreinte de Tess. Elle me regarde, désolée. Je lui fais un sourire forcé en hoquetant comme une idiote. Je m'essuie les yeux avec mes manches. Elle sourit.

- Tu vas mieux ?

        J'acquiesce.

- Est-ce que tu veux en parler ?

        J'hésite un instant. Est-ce que ça me ferait un peu de bien de me confier à quelqu'un ? Faire confiance à une personne ? Je ne sais pas. J'ai peur d'être trahie à un moment. Qu'elle m'abandonne comme toutes les personnes qui entrent dans ma vie. J'aimerais tellement ne m'attacher à personne. Vivre pour moi-même. De moi-même. Seule. Pour ne pas souffrir. Mais je ne peux pas. Je ne peux plus faire marche arrière. Je souffle un coup.

- Est-ce que ça te dérange si ... Si je t'en parle un autre jour ? Peut-être autour d'un café ou quelque chose dans ce genre ?

        Elle sourit.

- Y'a aucun problème Elena ! Sérieusement, je serai tout le temps là pour t'aider ! Tu m'as littéralement sauvée ! Je ne pourrai jamais suffisamment te remercier pour tout ce que t'as fait pour moi ! Alors prends tout le temps qu'il te faut, j'attendrai jusque-là !

       Je la remercie d'un sourire. Nous démarrons et empruntons l'itinéraire de l'hôpital. Mes yeux se ferment tout seuls. Mes oreilles sont bercées par les basses de la musique. Je fais en sorte de rester éveillée pour ne pas sombrer dans mes cauchemars. J'ai peur. Est-il possible de rester dans un cauchemar infini ? De ne jamais se réveiller ? Si je tombais dans un cauchemar sans fin, comment est-ce que je réussirais à en sortir ? Qui m'en sortirait ? Est-ce que tout s'arrêtera un jour ? Est-ce que j'arriverai à me souvenir de tout mon passé ? Quand est-ce que je pourrai enfin vivre ma vie sans avoir constamment cette peur au ventre ? Cette peur qui m'empêche d'avancer, de grandir, de mûrir. Elle me bloque dans chacune de mes démarches amoureuses. Je ne peux pas vivre comme je le voudrais. Seulement, est-ce que je le pourrai un jour ? Est-ce qu'on guérit d'un traumatisme ? Est-ce qu'on se soigne après une enfance ruinée ? Est-ce qu'on peut vraiment panser toutes les plaies ? Est-ce que je cicatriserai ?

Elena ... Tu es à moi ... Rien qu'à moi ...

        Non ! Je me réveille en ouvrant les yeux. Tess n'a pas remarqué mon léger sursaut, elle est en train de chantonner en se concentrant sur la route. Je regarde les panneaux qui indiquent que l'hôpital se trouve à quelques mètres. Enfin arrivées. Je ne pensais pas m'être endormie. Je ne pensais pas entendre encore sa voix. En ce moment, je l'entends beaucoup. Je commence à discerner une ombre. Est-ce que je pourrai enfin savoir qui il est ? Est-ce que ça voudrait dire que la fin de ce calvaire est proche ? Tess se gare sur le parking. Elle attrape son sac et pose sa main sur la portière.

- C'est bon ? Tu es prête ?

- Oui, allons-y.

         Je sors en manquant de tomber. Mes jambes sont si molles. Je serre la sangle de mon sac lorsque je passe les portiques de l'entrée. Tout est blanc, clair et très lumineux. Nous avançons jusqu'à l'accueil, où une dame assez âgée nous salue.

HEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant