Elle avait assisté aux dernières tentatives de réanimation

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Lexa se retournait encore et encore dans son lit. Comme tous les soirs, sa peine lui serrait tellement le coeur qu'elle ne parvenait pas à s'endormir. Son cerveau ressassait sans arrêt le jour fatal. Le jour où elle avait comprit que Costia pouvait vraiment mourir. Mais ce jour était arrivé trop tard. Ou la mort trop tôt.

Lexa avait passé les portes de l'hôpital en fin d'après-midi comme tous les jours. Elle avait prit l'ascenseur et marché jusqu'à la chambre de Costia. Elle avait donné trois petits coups sur le côté de la porte et passé sa tête.

— Salut!

Costia avait sourit et ouvert grand les bras pour accueillir sa petite amie. Lexa avait profité de l'invitation et s'était blottit contre Costia.

— Comment tu te sens?
— Fatiguée.

L'adolescente se faisait plus faible de jour en jour, comme si son corps n'arrivait plus à tenir le coup face au traitement.

— As-tu faim? Je peux aller te chercher quelque chose à la cafétéria.
— Non, merci.

Lexa lui avait déposé un petit bisou sur le front.

— Tu me fais une petite place?

Costia s'était décalé de quelques centimètres dans le lit. L'espace était juste suffisant pour que Lexa vienne s'y allonger, collées l'une contre l'autre. Elles pouvaient rester des heures comme ça. Sans dire un mot, simplement profiter de la présence de l'autre, de son odeur. Costia adorait caresser les cheveux de Lexa, sa peau douce. C'était deux choses qu'elle avait perdu. À cause de la chimiothérapie, sa peau était terriblement sèche, même rugueuse.

Soudain, une femme était entré dans la pièce. Lexa s'était redressé un peu.

— Bonjour vous deux.

La mère de Costia était une femme douce et profondément gentille. Lexa l'adorait.
Elle déposa un plateau sur le lit de sa fille.

— J'ai acheté de quoi manger à la cafétéria. Je me suis dit qu'on pourrait manger ensemble.
— Lexa vient de me proposer la même chose mais je n'ai pas faim.
— Mange un peu ma chérie, ça va te faire du bien.

Costia avait grommelé un peu mais s'était redressé difficilement dans son lit.

— Je n'ai rien acheté pour toi, Lexa. Je ne savais pas que tu avais là. Veux-tu aller te chercher quelque chose?
— Non, ça va aller.
— Mais si, tiens, va t'acheter quelque chose.

La mère de Costia lui avait tendu un peu d'argent en souriant.

— Merci.

Lexa avait quitté la chambre et était descendue à la cafétéria. Il y avait de tout mais tout semblait horriblement peu appétissant. La file était extrêmement longue ce jour-là et l'adolescente avait dû attendre près d'un quart d'heure avant même de pouvoir commander quelque chose. C'est un autre 15 minutes plus tard qu'elle avait reprit le chemin de l'ascenseur avec un sandwich au jambon et une bouteille d'eau.
Quand elle était arrivée à destination, elle avait remarqué plusieurs infirmières qui s'affairaient dans le coin. Lexa s'était glissée dans la pièce et son cœur avait raté un battement.
Costia était sur son lit, les yeux grands ouverts. La lueur de la vie les avait quitté. À côté du lit, la mère de l'adolescente pleurait à chaudes larmes. Sous le choc, Lexa n'avait même pas eu la force de demander ce qu'il s'était passé.
Des larmes coulaient sur ses joues, silencieuses. Elle aurait voulu crier de désespoir mais tous les mots restaient coincés au fond de sa gorge.
Une heure plus tard, Lexa n'avait pas bougé. Son corps n'avait plus de larmes. Elle avait assisté aux dernières tentatives de réanimation, sans succès. Costia venait de s'éteindre.
Lexa avait enfin réussi à bouger et marché jusqu'au lit. Elle avait déposé un dernier baiser sur le sommet du crâne de sa petite amie puis elle avait prononcé ses derniers mots.

— Je t'aime, Costia...

Comme par magie, ses yeux s'étaient remis à produire des larmes par torrents.
La mère de Costia, qui avait déjà serré sa fille dans ses bras et parlé aux infirmières, s'était approché de Lexa. Elle avait posé une main rassurante sur son épaule. Sans dire un mot.
Cette femme, Lexa ne l'avait revu qu'une seule fois. Elle était venue la prévenir de la date des funérailles. Mais Lexa n'y avait pas assisté. Elle en avait été incapable.

— C'est grâce à toi si elle a été heureuse ses derniers mois. Merci.

Encore un an plus tard, Lexa pensait toujours que cette femme n'avait pas mérité ce terrible événement. Personne ne méritait une chose pareille.

Les yeux dans les yeux {CLEXA}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant