N'y songe même pas !

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Chapitre 08 :

- Six moiiiiiis ! chante Izuku en faisant des allers et retours entre sa chambre et sa salle de bain.

- Oui, c'est beau l'amour. N'oublie pas que tu as ton premier examen universitaire demain matin, lui rappelais-je en jouant avec une balle sur son lit.

- T'en fais pas, Katchan. On va juste manger au restaurant pour fêter ça ! sourit-il.

- Tu le ramèneras ici ou tu vas chez lui ?

- J'ai encore plein de cartons de déménagement. Je ne veux pas qu'il voie ça, rit-il. Verte ou noire ? me demande-t-il en tenant deux chemises dans ses mains.

- Noire.

- C'est toujours cette couleur que tu choisis, m'informe-t-il en se retournant pour la mettre.

Je vois son reflet dans le miroir et ce que je vois ne me plaît pas. Ses yeux trahissent sa fausse bonne humeur. Pourquoi faut-il toujours qu'il se force à faire les choses ? Je me lève du lit, pose la balle sur son bureau et je m'approche de lui. En me penchant en avant, je me rends compte que je suis vraiment plus grand que lui... Nos têtes sont si proches que je pourrais presque l'embrasser. Même en ayant cette pensée, je ne bouge pas pour autant.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas ?

- Rien.

- Deku, dis-moi.

Il recule d'un pas et baisse la tête. Il y a quelque chose. Je le sais, car je le connais. Depuis six mois, il fait semblant d'être heureux et moi, je suis entré dans son jeu. Pour son bien. Ce soir, il a l'air profondément triste.

- Très bien.

Je fais semblant de le croire et retourne dans son lit. Je n'ai pas le droit d'interférer dans sa vie. Je crois...

- Katchan. Je... J'ai peut-être...

Non, s'il te plaît. Pas cette voix. Pas ce ton. Je sais très exactement ce que ça veut dire. Je soupire pour lui faire comprendre que tout va bien, mais au lieu de sourire bêtement et de passer à autre chose, il part en sanglots et fonce sur moi pour se jeter dans mes bras. Merde, je m'y attendais pas ! En le récupérant contre moi, j'ai senti une petite douleur dans mon dos, au niveau de la base de mes ailes. Ça ne m'était jamais arrivé jusque-là. Puis-je réellement sentir la douleur ?

- Katchan, j'ai essayé... J'ai essayé de tout mon cœur.

Sa détresse me fait mal. Mais ce qui me foudroie le plus, c'est de savoir de quoi il parle et pourquoi il a agi ainsi. Je ne peux rien faire. J'ai essayé de m'éloigner de lui. J'ai essayé d'être froid et distant. J'ai même tenté la carte du méchant. Il faut toujours que je revienne vers lui, car je ne supporte pas le voir dans cet état. Qu'il soit triste, en colère, frustré ou même embarrassé, je me dois d'être présent pour lui, car je refuse de le voir mourir à nouveau. Son sourire et son bonheur sont tout ce qui compte pour moi. Seulement, je n'ai pas le droit d'être égoïste et d'accepter son amour pour moi, car je ne suis pas vivant. Je ne suis pas de ce monde. De plus, il ignore tout de moi et de ma présence dans sa vie. Plus j'y pense et plus je me dis que finalement, si je veux me débarrasser de lui, je dois lui dire la vérité.

- Deku, je t'en prie. Arrête ça. N'y songe même pas ! Tu as rendez-vous avec Sh...

Il ne me laisse pas finir ma phrase en choisissant de m'embrasser. Deku ! Deku, non ! Pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça ? Mon cœur s'affole et menace de s'arrêter. Je suis submergé par l'angoisse et un bonheur incommensurable. Je suis enfermé entre le désir profond de participer à ce baiser et celui de rester stoïque face à lui. Cette épreuve est au-delà de mes forces ! Me contenir de toute mon âme demande un effort dont je ne me croyais pas capable. Ne parlons pas des perles qui menacent de couler aux coins de mes yeux. Et mes mains tremblantes, proches des épaules d'Izuku... Je ne le touche pas encore, car je me retiens de le pousser, pourtant... Pourtant, je dois le faire. Je dois le repousser et continuer de ne pas participer à ce baiser... Deku. Aide-moi... Par pitié, aide-moi...

Je craque et pose mes mains sur ses épaules pour le pousser au bout de son lit. Je me lève en vitesse et fonce vers la fenêtre. Au lieu d'y parvenir, je finis au sol, car il a osé me tirer par mes ailes – et de toutes ses forces. Deku, ne fais pas ça ! Ne me regarde pas. Je devais faire le fort et ne jamais chialer devant lui. Malheureusement, en cachant mon visage avec mon bras, je me trahis. J'ai merdé... Encore une fois, j'ai failli à mon devoir. Tuez-moi définitivement et envoyez-moi en Enfer.

- Katsuki, il faut qu'on parle.

Katsuki ? Il vient de m'appeler... Katsuki ? 

Nombre de mots : 825

Publié le : 17.10.2021 

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Ange KatchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant