Chapitre 4

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Sénégal marchait en observant depuis un vieux pont, qui portait le fier nom de "Faidherbe", la mer peu agitée. Pour une fois qu'il n'avait pas à partir au marché, il comptait profiter d'un des rares jours où le ciel n'était pas gris.

Cela ne voulait pas dire qu'il allait vagabonder dans les rues de la capitale. Il devait travailler.

Les vagues se cognaient doucement sur les piliers du pont. Un peu plus loin, on pouvait voir les pêcheurs, jeunes et vieux, dans leur pirogue qui naviguait cherchant à tout prix le poisson tant convoité.

L'environnement était animé et s'accompagnait d'une chaleur réconfortante due à la douceur de la température et à la joie que les habitants ne tentaient pas de dissimuler. Mais cela ne faisait pas pour autant disparaître leurs problèmes du quotidien.

Il passa devant un groupe de trois enfants d'environ huit ans qui s'amusaient à placer des koris, qu'ils avaient sûrement pris à leur mère, de manière à faire une belle forme ou juste d'écrire des mots avec.

Cette scène le fit rire, "ces enfants jouent vraiment avec la monnaie d'échange de mon enfance, les temps ont évolué." Pensa-t-il distraitement en se dirigeant vers le quartier des pêcheurs.

Il traînait beaucoup trop...

Quand il fut arrivé, il n'eut même pas le temps de respirer un coup qu'il fut alarmé par des interpellations incessantes. Il fut surpris de voir que tous ces cris provenaient en fait de son collègue mauritanien. Pourtant, celui-ci évitait de se faire remarquer en publique d'habitude.

« 'Gal ! Tu es enfin là !

- Qu'est-ce qu'il y a ? Rien de grave j'espère ?

- Viens à la plage ! S'écria son collègue, agité. »

Oui, ça avait clairement l'air grave s'il réagissait ainsi. Sénégal tenta tant bien que mal de suivre son collègue complètement paniqué en esquivant la foule.

Une fois à destination, Mauritanie le dirigea vers une des nombreuses pirogues de couleur diverse et de taille différentes, alignées comme des athlètes en début de course et prêtes à se faire pousser.

Il y avait un groupe de pêcheurs à l'endroit indiqué.

Son collègue sortit avec une rapidité impressionnante plusieurs filets. Il demanda à un des piroguiers de tenir l'un des côtés et ils l'étirèrent pour avoir un aperçu.

« Ho mon... »

Des coupures, plein de coupures. Voilà ce qu'il voulait lui montrer, voilà ce qui était arrivé aux filets. Les filets à ethmalose avaient subit plus de dégâts que ceux des sardinelles. Cela n'aurait pas été aussi grave si on attrapait les deux espèces dans le même filet, mais il tenait à sa licence de pêche.

« Sabotage ! C'est du sabotage ! Cria Sénégal visiblement en colère.

- J'aurais cru que tu connaîtrais le coupable ! Cracha l'un des chalutiers.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ces gars nous l'ont dit. Je voulais juste en avoir le cœur net. »

Il se tourna vers les dits gars et ils s'échangèrent des regards vides sans laisser le moindre mort sortir de leur bouche. Le Sénégalais s'avança pour être plus proche de l'autre groupe. Chaque pas semblait être un verre qui se remplissait peu à peu de sa colère et de son agacement.

« Qui a fait ça ?

- Et toi ? Si je savais, tu crois que je serai là ?

- Ah oui ? Et tu penses que je vais te laisser m'accuser ? Se défendit-il en brandissant le poing.

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