Assise depuis longtemps sur les marches d'escalier du poste de police, elle faisait le vide dans sa tête. Elle avalait avec difficulté tout ce qu'elle avait assimilé en une si courte durée.
Était-on réellement maître de son propre jeu ?
Cette chose si précieuse, si délicate, si fragile, qu'il en était facile de la briser avec une simple percussion de calebasse.
Et l'héritage que chacun devait porter était lourd, beaucoup trop lourd pour de simples épaules qui supportaient à peine le poids d'un jeune nourrisson.
Un héritage lourd et dangereux. Un héritage que personne n'avait imposé, un choix.
Un choix dont personne ne voulait.
Un choix qui demandait de faire don de sa personne.
Un choix que seul ceux qui acceptaient de peintre leur corps de ce rouge agressif et puissant pouvaient supporter.Il fallait jouer comme on le ferait avec une marionnette, quels que soient les membres qu'elle perdrait...
« Et s'éteindre silencieusement...»
Par réflexe, elle repoussa violemment l'avocat avec son bras qui avait l'audace de lui chuchoter des insanités dans un moment pareil.
« Haute-Volta ! Qu'est-ce que tu fiches ? S'énerva la journaliste le poing fermé.
- J'étais certain que ça te ramènerait parmi nous ! Alors, on dit quoi ? Il a parlé ou il fait toujours l'enfant ? »
Elle hésita un peu. Elle détourna la tête, alertée par les enfants jouant joyeusement sans comprendre les problèmes internes de leur colonie.
« Il a parlé, mais pour beaucoup d'idioties. Que des idioties qu'il lâchait pour faire l'intéressant.
- Comme ?
- Une histoire de vautour et de poison...
- Du poison hein ? Moi, j'ai annoncé les nouvelles à mademoiselle Gambia, elle semblait heureuse. Elle avait plutôt intérêt : j'ai pas pris de congé pour elle et à cause de toi.
- C'est ça, dis que c'est de ma faute maintenant... »
Il éclata de rire, tapant frénétiquement des pieds en soulevant son gros porte-documents d'une main, et s'étouffant avec sa brioche de l'autre.
Il essayait tant bien que mal de se réchauffer dans son vieux costume qu'il portait sans cesse au travail et qui devenait un peu plus étroit chaque jour à force de prendre du poids.
Soudainement, ils entendirent une voix gronder comme le tonnerre à l'intérieur du poste.
L'éclatement inattendu de ces cris était si violent que la journaliste laissa sa curiosité débordante la pousser à assister à ce vacarme.
Elle se leva hâtivement en glissant sa main sur le sol, manquant de tomber. Elle se précipita vers le bâtiment suivi par Haute-Volta qui préférerait se passer de cet incident passager.
À l'intérieur, des grondements encore plus sourds qu'à l'extérieur qui s'éloignait petit à petit, des coups violents et répétés sur les murs, des hommes muets tétanisés par la peur et la honte ne pouvant que baisser la tête vers le sol pour endosser le poids de leur responsabilité.
Il ne fallait pas chercher bien loin pour trouver la source étouffante de cette tension électrique.
L'inspecteur, cet homme nerveux, brûlait, explosait de l'intérieur.
Rien, ni personne n'arrivait à décrire ce déferlement de colère qui s'abattait dans ce petit périmètre.
De loin, il insultait ses subordonnés, jurait, mettait leur incompétence à l'épreuve et le ressassait encore et encore.
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Perle d'indépendance
FanfictionLa vie semble paisible, les gens vivent comme bon leur semble sans se soucier du lendemain. Mais parmi eux, se trouvent un groupe de personnes qui clame haut et fort ce qu'on appellerait en chuchotant : "La liberté." On se plonge au cœur de l'Afri...