Là, Immobile, impuissant, il se sentait lâche d'avoir cédé aussi facilement. Il entendait déjà les rires étouffés de cette vipère heurtante ou encore les insultes à n'en plus en finir de son cher ami Dahomey.
Il tira la porte coulissante et examina les alentours. Des cadres photo recouvraient l'entièreté des murs. Des paysages matinales et nocturnes, des photos de groupes, des plans d'ensemble de paysans ou de travailleurs, de simples objets du quotidien... Tout ce qui pouvait sortir de l'imaginaire colorait ces grands murs avec le crayon de la vie.
Personne n'était présent, juste le son d'une vieille radio qui diffusait une musique entraînante dans une langue que l'on pratiquait beaucoup dans sa région verte, du moins dans une des parties qu'il n'avait pas spécialement fréquentées.
« Bonjo... »
Un flash lumineux, puis un deuxième suivi d'un troisième vinrent l'interrompre. Il se fit aveugler par ces sources lumineuses avant d'entendre une voix pester :
« Hé monsieur ! T'aurais pu sourire, les photos-là seraient plus jolies ! On en reprend de nouvelles ?
- Je...
- Marfim ! Idiota ! Combien de fois je t'ai dit d'arrêter de gaspiller les pellicules ? Gronda une autre voix plus grave se trouvant probablement dans la pièce voisine. Tu sais combien ça coûte une pellicule ? »
La source de la voix sortie enfin de sa cachette : un homme d'âge mûr voulant détruire le moindre agacement de ses propres mains.
Il rangeait des cartons visiblement lourds en ne prêtant aucune attention à l'individu qui venait d'entrer.
« Ta tête ! Voilà combien ça vaut ! Donc mets-toi correctement au boulot avant que je te l'arrache !
- Pas devant un client tonton Cabo, ça fait pas bonne impression ! S'avança la république malicieuse. »
À cette remarque, il tourna la tête vers l'entrée où se trouvait le pauvre Sénégal se sentant si petit face à la voix portante du vieux.
« Monsieur Sénégal ! Se réjouit la rédactrice.
- Oh ! Pecador ! Ça fait un bail ! Depuis que ton collègue momifié m'a demandé un "dédommagement", mon porte-monnaie tousse toutes les nuits.
- Mais au moins ce sale morveux est retourné chez sa mère ! Direction Praia et sans résistance ! Ajouta la dénommée Marfim. »
À quoi il pouvait s'attendre venant de ce marchand exigeant ? République soudanaise s'approcha de lui et lui attrapa les mains en les bougeant frénétiquement de haut en bas, comme lors de ce dîner particulier.
« Contente de vous voir !
- On va dire que c'est bien de vous voir en forme. »
Quand elle agissait ainsi, elle paraissait si sûre d'elle, si invincible, si intouchable...
« Monsieur, je vous présente mes deux associés : Côte d'Ivoire et tonton Cabo Verde !
- Je ne suis pas ton associé. Cracha l'homme concentré dans son rangement. Pecador, qu'est-ce qui t'amène ici ?
- Hé bien...
- Des photos ! Des photos d'identité ! Et... Une copie de carte de presse. Toussota-t-elle en tentant de cacher sa requête.»
Il tourna subitement la tête vers elle.
« Pardon ? Je croyais que j'avais été clair !
- Oui, oui, oui, oui ! Laissez-moi m'expliquer ! C'est au cas où ! »
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Perle d'indépendance
FanfictionLa vie semble paisible, les gens vivent comme bon leur semble sans se soucier du lendemain. Mais parmi eux, se trouvent un groupe de personnes qui clame haut et fort ce qu'on appellerait en chuchotant : "La liberté." On se plonge au cœur de l'Afri...