La porte d'entrée s'ouvre sur une seule et unique pièce composée de la cuisine, d'une salle à manger et d'un salon. La pièce est petite, encombrée mais néanmoins propre. Ce qui est déjà mieux que ce que j'ai connu ces derniers temps (ou devrai-je dire, ces dernières années).
Un vase en faïence éméché trône au milieu d'une table abîmée. Il déborde de fleurs des champs et embaume la pièce d'un parfum délicat. C'est ce que j'aime le plus dans le salon. Ce vase.Il me fait dire que peut-être qu'un jour, je pourrai me sentir ici chez moi. Les petits riens ont parfois leur importance.
Je contemple le reste de la pièce rapidement, pour revenir me concentrer sur le vase. S'accrocher à ce qui nous fait du bien murmure la voix.
Un raclement de gorge me coupe dans mes réflexions. Sam est au milieu du salon, il se dandine sur un pied, ne sait pas trop où se mettre. Il se gratte la nuque, signe de son mal-être apparent. Il est trop grand pour cette pièce, pour cette maison.
"Voici le salon... euh je suppose que tu veux voir ta chambre..." Il est économe en mot. Je vois. C'est certainement le genre de type qui dit: "ça ne sert à rien de parler pour ne rien dire, je ne m'exprime que pour les choses importantes." Il dégage cependant quelque chose d'intéressant, un charisme évident. Il à l'air d'être quelqu'un de posé et réfléchi. Il va falloir que je prenne exemple sur lui. Dans mon monde bouillonnant d'émotions, de stress et d'angoisses, un peu de calme me ferait le plus grand bien.
"Oui". Je suis choquée par ma propre voix. Je la voulais pleine d'assurance, elle est sortie très aiguë et presque inaudible. J'aurai voulu imiter un couinement de souris, je n'aurai pas fait mieux. Sam me regarde, me jauge, il semble inquiet maintenant. Je ne le blâme pas. Je ne dois pas ressembler à grand chose. L'ombre de moi-même, si tant est que j'ai déjà été quelqu'un.
Après avoir croisé son regard, je baisse immédiatement les yeux et regarde mes pieds qui sont soudain très intéressants. Puis, je vois qu'il se déplace, je le suis alors vers un couloir, en prenant bien soin de raser les murs au passage. L'habitude.
Le couloir est étroit et sombre. La peur reprend le dessus. Je me concentre sur les quelques cadres accrochés sur le lambris. Emily et Sam sont en photo. Ainsi qu'un gros chien noir. Je n'ai pas vu de gamelle dans la pièce principale. Pas de niche ou de coussin, rien qui ne laisse présager l'existence d'un chien dans cette maison. Dommage, j'adore les chiens, ils ont ce quelque chose que les humains n'ont pas: la loyauté.
Nous arrivons rapidement à la première porte. Sam pousse la poignée et la porte grince sur ses gonds. Le son m'insupporte et je prends une grande inspiration afin d'endurer ce bruit. A ma grande surprise la lumière est très forte. Je plisse les yeux pour m'y accommoder. Ma chambre est sommaire mais je l'aime bien. Comme le reste de la maison, elle est petite. Un lit, une commode, une armoire. Bien plus que ce que je pouvais espérer. Les murs sont clairs, les rideaux marrons foncés et au dessus du lit est accroché un attrape rêve.
La voix de Sam, grave et douce se fait de nouveau entendre. "La chambre fait un peu vide, on en est conscient. Mais on a fait exprès de ne rien mettre car tu pourras la décorer selon tes goûts".
L'attention me touche beaucoup. Le fait d'avoir une chambre que je peux occuper seule, que je peux décorer à ma façon veut dire beaucoup plus pour moi qu'il ne peut s'imaginer. L'émotion m'envahit. Suivie d'une angoisse profonde. "Décorer selon tes goûts". Quels sont mes goûts au juste? Et si je n'arrivai pas à savoir, à me connaître, à choisir? Et si je n'étais rien?
Trop de sentiments d'un coup, les larmes me montent aux yeux. Mais je me dois d'être forte. De ne rien laisser paraitre. Comme toujours. Poings fermés, j'enfonce alors profondément mes ongles dans la paume de ma main et je serre la mâchoire le plus fort possible. ça fonctionne, les larmes s'assèchent.
Nous continuons la visite. Le reste de la demeure comporte deux autres pièces, la chambre d'Emily et Sam ainsi qu'une salle de bain. Ces dernières sont à l'image de la maison, tout est petit, encombré mais propre. Enfin pas assez propre à mon goût. Mais rien ne le sera jamais.
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Vu et revu [Paul Lahote]
FanficOn peut lire cette histoire sans connaître l'univers twilight, il suffit juste d'aimer les beaux gosses. :D Fanfiction twilight (ahah j'ai plusieurs années de retard) avec une histoire d'amour entre l'héroïne et Paul Lahote. Je sais que les fanficti...