Chapitre 16 explications

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La voix m'a épuisée hier et je suis allée me coucher très tôt, vers  19h00, sans même manger. Ce matin à mon réveil, je suis agréablement surprise de voir Paul endormi sur le canapé.

Je me dirige, sans un bruit, vers la table de la cuisine, afin de ne pas le réveiller. Un mot est laissé à mon intention "Sarah, nous sommes partis faire des courses, tu peux réveiller Paul vers midi et lui donner le repas du frigo s'il te plaît? Nous devons chasser cette aprem. Il est resté dormir ici car il s'est fait du soucis pour toi hier comme tu t'es couchée tôt..."

Je suis donc seul avec Paul.  J'en profite pour l'observer. Sale perverse dit la voix avec dédain.

Il dort profondément, la bouche fermée, sans faire de bruit. Il a l'air serein comme ça et je me rend compte à quel point il est charismatique. Il dégage une énergie presque animale. C'est comme regarder un tigre en cage, je suis à la fois terrifiée et fascinée.

Je m'attarde sur son corps et je me sens rougir. Il est magnifique. Il porte un simple short et j'admire son torse qui monte et qui descend au rythme de sa respiration. Il est vraiment musclé et sa peau brune à l'air d'une douceur extrême.

Mes yeux commencent à descendre plus bas mais je les remonte, en proie à une grande honte. La voix à sans doute raison, je ne suis qu'une voyeuse.

Je regarde l'heure et je constate qu'il est bientôt midi, l'heure fatidique. Une pointe de panique s'empare de moi. Comment vais-je procéder?

Je m'approche de lui doucement, je n'ai pas envie de le brusquer. Il est si beau, si calme, que j'ai soudainement envie de le toucher, de le caresser pour le réveiller. Ce que je fais. Je tend ma main et la dirige vers sa joue. Mais il attrape fermement mon poignet  afin de m'arrêter dans mon geste.

Il ouvre alors ses yeux qui s'écarquillent d'effrois devant mon air affolé. Il me lâche immédiatement.

"Je suis désolé, c'est un réflexe, je dormais bien et je n'ai pas réalisé que c'était toi" dit-il piteusement.

"Ce n'est pas grave, je n'aurai pas dû te surprendre comme ça" dis-je honteuse. J'ajoute d'un air plus léger "Tu as faim? Sam a préparé un bon repas hier..."

Mais Paul ne répond rien. Je me retourne alors pour l'observer. Sa réaction m'inquiète. Il est assis sur le canapé, le regard perdu, les larmes au bord des yeux.

"J'ai tout gâché hein?" murmure t-il alors doucement. Il enchaîne, tout en continuant de fixer le sol " d'abord, j'ai été trop vite en te demandant de me donner la main, et puis, je me suis dit qu'il fallait que je te laisse venir vers moi, que je te donne du temps... Et quand tu le fais, je t'agresse et te terrorise".

Je suis émue par sa fragilité et je m'approche instinctivement de lui. Je me dois de le rassurer sur mes sentiments, je ne peux pas le faire souffrir.

Une idée germe dans ma tête "écoute, on va faire comme si rien ne c'était passé, tu te rendors et moi je te réveille. On reprend tout à zéro, ça te vas?"dis-je en arrivant près de lui.

Il me regarde, un peu interloqué, puis accède à ma demande sans un mot. Il ferme les yeux et fait semblant de dormir.

Ma main s'approche de sa joue et je la caresse tendrement avant de murmurer dans son oreille "Paul, c'est l'heure de te lever". Il pousse un soupir de soulagement quand je le touche et je comprend qu'il a attendu ce moment depuis longtemps, qu'il était vraiment en manque de contact physique de ma part.

"Ta peau est très chaude"dis-je inquiète. C'est toi qui est trop chaude, sal****  m'insulte la voix. J'essaie de la faire taire.

Je m'attends à ce qu'il ouvre les yeux mais il ne bouge plus du tout. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je rentre dans son jeu et je passe alors ma main dans ses cheveux. Ils sont si doux et sentent bon le shampoing pour homme. Il ne réagit toujours pas. Je l'embrasse alors chastement sur le front. Toujours rien.  "Lève-toi!" dis-je mis amusée mi-nerveuse lorsque je vois qu'il s'entête à faire semblant de dormir. Mais mon injonction n'a aucun effet.

Je presse un peu son épaule et je me rend compte que, moi aussi je mourrai d'envie de le toucher depuis longtemps. Tu ne sais faire que ça, tripoter des mecs dit la voix d'un ton dur.

Je suis extrêmement blessée car elle gâche notre premier moment d'intimité avec Paul. J'ai les larmes au bord des yeux mes je les ravale. Rien ni personne ne va m'empêcher d'apprécier la compagnie de l'homme que j'aime.

"Si tu veux jouer à ça, tu vas perdre" dis-je à Paul avec une voix de défi. Je crois que je ne lui ai jamais autant adressé la parole. C'est sans doute parce que je suis moins nerveuse quand il ferme les yeux, immobile. Il se trahi à cet instant car un petit sourire étire ses lèvres.

Je lui souffle alors doucement dans le coup et je laisse mes doigts courir sur ses bras afin de le chatouiller. Des frissons se forment sur sa peau et des papillons naissent dans mon ventre. Paul se met à rire et même s'il se ressaisit rapidement, cela suffit pour que je m'exclame "haha j'ai gagné!". Il ouvre enfin les yeux et je peux voir le bonheur d'être ensemble se refléter dans ses prunelles.

"Encore désolé pour tout à l'heure" dit-il sincèrement.

Cette nouvelle complicité me donne envie d'exprimer mes sentiments à son égard. Chose que j'aurai dû faire il y a longtemps, depuis le jour où il m'a fait sa déclaration dans la voiture.

"Merci de prendre soin de moi comme tu le fais" dis-je émue.

"Je n'ai rien fait de spécial" répond-il la voix éraillée par l'émotion.

"Tu es toujours là pour moi, à mes côtés, dans mes bons comme mes mauvais moments..." dis-je les larmes au bord des yeux. Avant d'ajouter "et tu ne m'as pas fait peur tout à l'heure, au contraire, je ne me suis jamais sentie autant en sécurité que lorsque tu es là, et ça veut dire beaucoup pour moi, plus que tu ne le penses".

Il me regarde soudain, se mord la lèvre comme pour se retenir de parler, ouvre la bouche pour dire quelque chose, puis se ravise.

Je soutiens son regard, essayant de déchiffrer la bataille qui se livre dans sa tête, curieuse d'entendre ce qu'il a à me dire. Pour une fois, c'est lui qui baisse les yeux en premier.

"Sarah, pour que tu sois aussi peureuse, toquée... je veux dire..."dit-il regardant le sol, très mal à l'aise. Il poursuit "Est-ce que quelqu'un t'as fait du mal?"

Il relève doucement la tête pour plonger ses yeux dans les miens, guettant ma réaction.

"Oui" dis-je dans un souffle. Il attend que je continue mais je ne peux pas.

"C'est ta mère qui t'as fait souffrir?" demande-t-il pour m'encourager à me livrer davantage.

"oui" murmuré-je.

Tais toi m'ordonne la voix, où tu vas le perdre. C'est la première fois depuis longtemps qu'elle n'est pas agressive, on dirait même qu'elle veut me protéger.

Je ne veux pas mentir à Paul, il doit savoir la vérité, ce qui m'est arrivé. J'aimerai qu'il devienne un jour mon petit ami et pour ça je ne dois rien lui cacher.  J'inspire un grand coup pour trouver le courage de continuer mon récit.



Vu et revu [Paul Lahote]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant