Remontant un vallon, tu aperçois à la lisière d'un petit bois une étendue de fleurs à l'allure d'un mascaret, recouvrant la verdure d'un châle frais. Tu cours pour en cueillir quelques une, les plus belles, encore remplie de rosée ; leur parfum te rappelle celui qui survolait l'endroit où le garçon était. Tu as entendu une phrase sortir de sa bouche, il s'appellerait Marco. Un nom qui réjouit tes cordes vocales un instant, avant de mourir rudement sur un braillement rauque au bout du "O". Tu le répètes encore une fois, jusqu'à ce que ces syllabes restent gravées dans ta tête et que le son s'adoucisse au plus profond de ta gorge.
Au-dessus de ta tête, une corneille bat de l'aile, son cri strident te remémorant pourquoi tu es ici. Alors, enfournant les fleurs dans ta bourse qui pendillait à ta ceinture, tu pars mollement en direction de l'endroit que tu cherches.
Ernest Letreuil, voilà le nom de ton défunt amis. Il est mort lors d'un assaut méconnu, lancée sur la garde royale il y a de cela 5 ans. Il faisait partit des brigadiers, ayant eu le "privilège" d'être transvasée dans une équipe chargée de tuer des titans ayant parvenu à grimper quelques mètres sur le mur Maria, heureusement pour eux les canons les ont vite transformés en cendre et fumée. Mais, lors du retour, il s'est fait prendre par des "amis" qui en voulaient à son argent. Cette expédition lui avait permis d'hausser son salaire et de gagner des pièces de plus; et comme on le sait dans la région, l'argent est un trésor qui prodigue bien des malheurs. Poignardé, saignée, mis en pièce et presque brûlé ; sans défense Ernest a succombé, laissant tomber derrière lui sa bourse remplie comme le ventre d'une future mère. Il n'avait que quatorze ans, et pourtant il a été enrôlé et tué. Tout ça pour l'argent...
Arpentant le long du mur, tu entres dans un village rehaussé par une colline ; les maisons de pierre grise s'y entassent à répétition et au centre fourmillent femmes, hommes et enfants, scandant joyeusement des propos de commerçant, cherchant à vendre toujours plus leurs récoltes. Tu passes devant un stand à l'odeur particulière, de la viande ?! Il est bien rare d'en voir par ici, et la demande est plutôt élevée...tout autant élevée que le nombre de gens faisant la queue devant le petit commerce ambulant. Impossible de jeter un œil sur la marchandise.
" Tant pis. Je repasserai... " Bougonnes-tu en levant les yeux au ciel.
Un peu plus loin, après avoir dépassé un carrefour bondé, tu arrives non loin d'un petite maison de bois à l'accès bloqué. Sur la porte y est gravé " Passez par derrière ".
Tu suis ses instructions et arrives sur un lieu macabre et silencieux, le cimetière que tu visites chaque année depuis 5 ans ; mais avant, tu venais d'en face, avec ta mère ; ton déménagement t'a éloigné de ce lieu à a fois sordide et mélancolique.
Soulevant tes braies pour ne pas faire goûter un nouveau met aux asticots, tu déposes en vitesse tes fleurs devant sa stèle en disant :
" Ernest, où que tu sois, j'espère que l'argent n'est plus un problème pour toi. Repose en paix... "
Et tu t'en vas, la larme à l'œil, ne pouvant rester une seconde de plus dans cette atmosphère. Le chemin du retour te paraît interminable tellement Ernest se confond avec tes pensées, ne fait plus qu'un avec ta conscience et que son nom hante tes souvenirs.
" Je ne veux plus avoir à souffrir en allant là-bas... " Dis-tu à voix base, alors que la colline redescendait comme une vague verte.
Alors, tu essayes de penser à autre chose, et là, un nom surgit dans ton esprit : " Marco. " Levant les yeux vers les collines, sans même choisir la direction de tes pas, tu es guidée instinctivement vers l'endroit où tu as aperçu le garçon.
Là, à une centaine de mètres de toi, tu vois une silhouette composer le paysage, s'en allant comme un oiseau loin des fleurs. Sans réfléchir, tu te mets à courir, traverse le pré et le parterre de lys ; et c'est en son beau milieu que tu te mets à crier :
" Marco ! - Le garçon, au loin, se retourne - Tu voulais savoir comment je m'appelle ? Moi c'est T/p ! T/p T/n ! "
Et c'est sur ces paroles que Marco fait demi-tour, remontant la colline pour venir à ta rencontre. Il n'a plus tant l'air d'un inconnu que ça, maintenant que vous connaissez vos noms. Non, maintenant il a presque l'air d'un ami ; un ami qui arrive vers toi, parmi les lys.
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Marco X Reader " Le chant des lys. "
FanfictionDans un champ au centre du mur Rose, un jeune homme vient écouter le vent lui murmurer des poèmes. Entre les quelques fleurs qui vireront au rouge, un chant perdure, faisant apothéose aux sourires du garçon. Alors que l'ode se perd sous la terre, le...