Chapitre 7 : La sentence d'une justice rebelle.

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Les sabots noirs s'écrasent dans la boue ; dans les rues, la peur anime les fauteurs de troubles, ils n'ont été que des moutons suivant naïvement leur bergère. Bêlant sans même savoir que l'objet de leur colère est au centre de tous les enjeux.

Sur leur fourrure blanche, des déchirures invisibles, des trous déjà pré-dessinés, ou leur cou se sentant serré. Les soldats descendent de leur monture et brandissent sans procès, leur arme devant les animaux. Parmi-eux, au cœur même des foules, deux femmes se lancent des regards provocateurs. L'une d'entre elle est la Bergère, l'autre une louve affamée qui n'a eu d'autre choix que de se ranger avec ses bêtes. 

Entre les stands dévalisés et les marchands ( pour certains ) assassinés, les deux silhouettes se dressent dans toute leur rivalité. Hostile, déchirant les bords de sa robe, l'une d'entre elle brandit le tissu qu'elle exhibe comme un drapeau :

" Regardez mes jupons où le sang de ces égoïstes coule à flot ! Admirez ! Vous savez tous que le roi a ses privilégiés ! Et voilà, voilà qu'ils se gavent comme des porcs de notre nourriture ! Et l'argent...Oh l'argent ! Ca, ça ne leur manque pas en plus, ils- " 

" Elise ! - L'autre femme la coupe violemment et se tourne vers les révolutionnaires encore debout. - Arrêtons ce massacre ! Arrêtons de piller, de voler ! Sinon, il sera impossible d'établir un lien de confiance avec qui que ce soit... " 

Trois gardes royaux arrivent vivement d'une ruelle et se mettent à tirer dans le tas. Les cris fusent, certains se mettent à couvert, mais les deux femmes ne bougent pas. Alors, la fusillade se stoppe d'un coup, tous les yeux se tournent vers le drapeau de sang brandit en l'air. Un homme d'une cinquantaine d'années s'avance et braque à nouveau son fusil vers elles, il leur demande d'une voix menaçante :

" Rendez vous puis déclinez votre identité ! De suite ! "

La femme la plus docile des deux, s'incline devant le garde en mettant ses mains en évidence pour démontrer qu'elle ne possède aucune arme sur elle :

" Je suis Olympe Feather ! Civile de Shiganshina ! Je suis ici pour négocier avec... " 

Soudain, Elise se met à filer au loin, suivie de tout ses fidèles qui la talonne en criant. En quelques secondes, la place est désertée et reste au sol que le drapeau de la femme. Son rouge tâche le sol terne. 

Olympe lâche un soupir et parle pour elle :

" C'était Elise Sword. Ma soeur. Une représentante des habitants de Shiganshina, et femme vouée à la révolte... "

Sur ses paroles, le soldat l'attrape par le bras et lui passe les fers aux mains. 

" Rattrapez-moi les autres...et les gosses de tout à l'heure. - Lance-t-il à ses camarades. - La boucherie va continuer. " 

**********

Ton ventre gronde à répétition, ce qui arrache à chaque fois un rire à Marco. Cela fait trois heures que vous essayez de chasser, mais impossible pour toi de faire taire ton estomac.

" Je devrais te laisser faire, les bêtes fuient à cause de moi... " 

En réponse, le grondement double d'ampleur et Marco ne peut se retenir de glousser. Peut-être que son rire est plus nerveux qu'autre chose en fait...Depuis qu'il a agressé ce garde tu n'oses même plus aller au marché. Etant donné que les récoltes se font rare dans les autres murs, seul à l'intérieur de ceux de Sina vous avez la chance de dégoter quelque chose. Mais du coup, tu ne prendrais pas le risque de t'exposer...

Marco bande son arc, se place dans un coin, et attends. Toi tu n'oses pas bouger, de peur que le vacarme recommence. Alors, tu l'observes avec attention et reste à l'abri des feuillages.

Quelques frondes masquent ses éphélides ainsi que ses cheveux de jais. Seul ses yeux luisant ressortent de la verdure. Marco plisse automatiquement des yeux lorsque le décor bouge, en face de lui il a quelque chose. Il tire encore sa corde, se concentre et...

" Hein ? " 

Le garçon ne tire pas, au contraire, il recule. Tu hésites à bouger mais il te fait signe de ne pas avancer. En levant la tête, tu vois un corps sur le sol, de dos. Tes gargouillis retentissent de nouveau, mais la personne ne semble pas réagir. Tu chuchotes :

" Merde...il est mort ? " 

Marco s'avance d'un pas, enlève les feuilles qui masquaient son corps de devant lui, et retourne la personne. C'est un homme assez petit au teint mat et aux yeux mi-clos. Il semble respirer difficilement, alors Marco le relève avec précaution. Le type semble reprendre connaissance petit à petit, tu t'approches de lui et remarque un objet non loin de ses jambes. 

Revenant à soi, le gars vous regarde avec des yeux apeurés et se met directement à gueuler :

" Non ! VOUS NE M'AUREZ PAS ! " 

 " Ecoute... " Essaye Marco, pour le calmer.

L'homme tend sa main vers les fougères et en sort une arme, la brandit vers celui-ci et attends.

" Je vous l'ai dit ! Jamais je ne révèlerai les secrets de Dame Sword ! " 

Dans un reflexe, tu ramasses l'arc que Marco avait laissé de côté et le dirige vers le garçon, il te regarde avec des yeux horriblement tristes et soudain, repousse Marco. Tu bandes ton arc, la flèche s'apprêtes à partir mais ton coup est devancé...L'homme a déjà retourné son fusil et a mit fin à ses jours lui-même.

" Quoi ? " 

Le sol est vite tâché de milles et une perles rouge, sous vos yeux choqués, un corps gît comme la première fois que vous l'avez, vu devant vous. 

Marco remue les membres de l'Homme avec espoir, mais rien. Il est bien mort. D'un coup. Le garçon se met la main sur la bouche, visiblement très mal, et une larme s'infiltre sous ses doigts rougit d'éclaboussures.  

" Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi ? Pourquoi le monde doit-il être si cruel encore une fois ? "


Marco X Reader " Le chant des lys.  "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant