Il y a des lieux qui me font peur. Non pas de ceux qui t'oppressent les membres de leur tension sordide s'intensifiant comme un son aigu, non pas de ceux où le plafond se dérobe pour broyer la nuit obscure, non pas de ceux qui éteignent les flambeaux étouffés par leur propre chaleur. Non. J'ai peur des lieux bien trop idyllique, là où il ne règne qu'un silence plat. C'est le genre d'endroit qui dessinent la carte de mes rêves. Le genre de rêve qui se changent en cauchemar.
Mes yeux ont été destitués du bandeau noir, qui les avait couvert depuis une heure au moins. Etrangement, j'avais été un peu attaché à ce bout de tissu...maintenant je sais pourquoi.
Devant moi, s'étalant comme sur des kilomètres, il y a un mur. Un mur blanc, immaculé, peint couche sur couche de cette même couleur. Le pinceau a dû cracher de ses fines dents, un milliard de fois le même son lorsque la peinture courait sur la surface. Je sais que ce Paradis ne le restera pas éternellement, je sais que...
Mes mains sont serrées derrière mon dos, mes jambes attachées, et ma manche déchirée. Je sais ce qu'ils vont faire de moi, ou alors ce que je risque de faire pour eux...
Un homme assez grand, les cheveux attachés et le regard dansant d'amusement. Il me redresse face à lui, me tire les cheveux brutalement pour me forcer à ce que je le regarde droit dans les yeux. Ses doigts mordent ma chair, des perles se glisseront vite sous ses ongles si je ne fais rien. Vivement, je me débats de toutes mes forces pour m'échapper de son étreinte, mais il m'envois valser contre le mur.
" Ecoute moi petit, tu vas nous obéir d'accord ? Si tu cherches à riposter, on te tue ! Alors pas de ça avec nous... "
J'ai senti mon bras ripper contre le mur rocailleux, une traînée rougeâtre orne la surface blanche, comme un baptême. Quel imbécile je suis. Comment T/p a pu m'affectionner ?
Je ne réponds en aucun cas à l'homme, je ne peux plus reculer mais je refuse encore plus d'avancer. Alors, ses mains m'agrippent de nouveau et je sens un coup partir, rapidement, mon visage se tourne, un nouveau jet de sang part. Quel homme naïf j'ai été. Est-ce que T/p m'a oubliée ?
Mes yeux se tournent vers l'homme qui m'assure qu'il arrêtera si je montre un signe de coopération. Mais comme seule réponse, je lui mords la main sauvagement. J'ai l'impression d'être devenu un chien en laisse. Un toutou à qui on va apprendre à tuer, mais qui décide de s'entraîner avant tout sur ses maîtres. Mais cette transformation ne me vaut juste qu'un coup de pied dans le plexus, mon corps se tord, je me retrouve contre le mur, inoffensif. Quel incapable je suis. Comment T/p pouvait-elle apprécier quelqu'un comme moi ?
Finalement, alors que l'invité s'est décidé de continuer à repeindre les murs de rouge, comme un soldat dans le jardin de la reine, une rose éclate de nouveau le long de mon corps. C'est insupportable. Alors, je me rends comme le lâche que j'ai toujours été, et je fuis encore une fois mes principes. Quel traître envers moi-même j'ai été. J'ai l'impression d'avoir trahis T/p...
Le dompteur me tend la main, je donne la patte docilement, et il me porte de ses bras musclés jusqu'à ma nouvelle cage. Lorsque la prochaine porte s'est ouverte, je sentais déjà des crocs m'arracher les gencives, des oreilles me pousser et avoir la sensation de posséder un collier me serrant la gorge ; D'autres personnes m'attendent, carnet à la main. L'une d'elle semble émerveillée, ses yeux sont presque en larme, ébahit. Elle sait qu'elle va m'adopter.
Un fusil, ou tout du moins un tas de ferraille rouillé, gît sur la table comme un trophée, alors que tout le monde est attablé autour de lui. Il est très certainement lié à ma venue, et d'ailleurs, quelqu'un élève déjà la voix pour me souhaiter "la bienvenue".
" Oh ! C'est exactement le profil que je recherche ! Vous voyez - elle se tourne vers deux hommes en salopettes sales - je vous l'avais dit, j'ai trouvé l'homme parfait et je m'en servirais ! Là, impossible de protester ! "
Un autre type se joint à son euphorie, pétillant de joie :
" Ah ça oui, on l'a bien trouvé, enfin ! Vu le nombre d'idiots qui sont venu ici, heureusement qu'on est enfin tombé sur la bonne personne ! - Il change subitement de ton - Mais...le physique c'est bien, le mental par contre... "
J'ouvre de grands yeux qui me valent quelques têtes tournées et un fusil braqués entre ceux-ci. La femme au centre du tableau apaise directement l'atmosphère, enfin..pour moi ça l'assombrit et même bien plus que ça...
" Ne t'inquiète pas ! Ca se voit juste à ses yeux ! Il est manipulable. Par contre ce qui m'inquiète, c'est de savoir s'il est apte à tuer le roi. "
Sa phrase me choque soudainement, les trois dernier mots me font l'effet d'une balle dans le ventre. Et pourtant le fusil est encore inutilisé...
Je m'évanouis juste après avoir entendu ces mots. Pas lui ! Pas mon sauveur...
*********
- Une heure plus tôt. -
Olympe s'approche de toi avec délicatesse, comme une mère prenant soin de son enfant. Elle ressent ton stress, ta peur soudaine, ton cœur qui bat à la chamade. Elle sait qu'elle peut y faire quelque chose, mais pour le moment, il est trop tôt.
Tu es allongée dans une grange, entre quelques mottes de paille. Tu n'arrêtes pas de penser à Marco, il est peut-être mort à l'heure qu'il est ! Mais tu dois attendre, tu ne sauras la vérité que ce soir. Dans quelques minutes tout au plus.
Selon Olympe, le marché de sa sœur se situe à une rue seulement de cette grange, et durant la nuit, on devrait les voir passer pour amener un possible candidat. Marco a peut-être été prit...
Tu cherches entre les étoiles un espoir encore accroché aux branches lumineuses, mais tout cela est trop incertain...Dans très peu de temps, des larmes couleront sur tes joues. De joie, ou de tristesse ? Ca, tu ne le sais pas encore.
Soudainement, une carriole passe à la va-vite, les chevaux hennissant au clair de lune. Quelqu'un étaient à l'intérieur du carrosse obscur ; les yeux bandés et la bouche close. Les mains liées et l'attention détachée. La peau pâle et l'âme sombre.
Une larme se dessine sur ta joue, ainsi qu'un sourire.
Olympe est déjà en train de prendre les chevaux.
Marco est en vie.
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Marco X Reader " Le chant des lys. "
FanfictionDans un champ au centre du mur Rose, un jeune homme vient écouter le vent lui murmurer des poèmes. Entre les quelques fleurs qui vireront au rouge, un chant perdure, faisant apothéose aux sourires du garçon. Alors que l'ode se perd sous la terre, le...