Chapitre 2 : " Le prince sous le ciel."

105 27 17
                                    


" Que fais-tu par ici ? " Demande le garçon, te le susurrant presque ; de sa voix douce et mielleuse. 

T'asseyant entre les lys avec lui, tu laisses planer le doute quelques secondes avant de lui expliquer que tu partais pour Yalkell. A la fin de ta phrase, tu rajoutes :

" J'allais voir un ami... " 

Le garçon hoche la tête silencieusement, posant ses mains à plat entre les rares brins d'herbe dépassant de la couverture blanche, le regard vers les cieux déclinant d'identité pour virer au rose, puis prochainement au noir profond. Il tourne sa tête vers toi, écoutant attentivement le murmure permanent régnant à cet endroit.

" Tu l'entends ? " Ses yeux profonds plongent dans les tiens.

" Qui ça ?! " Réponds-tu, surprise, tournant la tête à gauche puis à droite, devant-vous et derrière-vous. Ton reflexe arrache un léger rire à Marco, qui, attirant ton attention, la fait reposer sur le champ de fleur.

" Personne. - Continue-t-il - Je parlais du chant qui tourne autour de nous, comme les notes d'une partition qui serait morte sous nos pieds, reprenant vie parmi les plantes. - Il marque une pause et en profite pour observer les abeilles venant butiner les fleurs - Depuis que j'ai découvert cet endroit, je ne cesse d'y revenir. J'ai l'impression qu'il nous parle, qu'il rassemble, qu'il veut nous guérir. "

La tête baisée une seconde auparavant, tu la relèves immédiatement lorsque tu entends la fin de sa phrase, que tu reprends alors :

" " Qu'il veut nous guérir " ? Vous êtes souffrant ? Allez-vous bien ?! " 

Marco se remet à rire, des étoiles frappant ses yeux ; on aurait dit un lac de météores. Il secoue la tête, faisant valser ses cheveux devant son front que sa main vient vite recouvrir :

" Bien sûr que non je ne suis pas malade ! Et, t/p, tutoies moi bon sang ! Quelle horreur ; parler à quelqu'un comme s'il était plusieurs... " 

Un peu vexée, tu tentes de te justifier du mieux que tu peux :

" Oui mais de là où je viens les femmes vouvoient les hommes ! J'ai du mal à me défaire de cette idée... Je suppose que c'est plus pareil, ici.  " 

Après un temps de réflexion, Marco te réponds en te pointant du doigt :

" Oh ! Je sais ! Je sais ! Tu viens de ce village où presque l'entièreté des hommes ont rejoint les Brigades spéciales ? C'est pour ça que tu avais l'habitude de tutoyer même les plus jeunes que toi ! C'est ça ?! " 

 Tu clignes des yeux, lui annonçant que "oui", avant de réprimer un soupir de mécontentement. Marco t'attrape l'épaule, ce qui te fait frissonner, et demande avec ce ton toujours aussi doucereux :

" Oh, je vois, j'ai entendu dire que les mentalités de là-bas n'étaient pas les plus belles. Mais ne t'inquiète pas, ici nous sommes égaux, on peut se tutoyer, et en plus nous pouvons rejoindre l'armé quel que soit notre genre... " 

" Ah... - Souffles-tu - tu sais donc les rumeurs qui courent sur mon ancien village... Ces rumeurs, elles sont totalement vraies. Et, quand tu parlais du fait que cet endroit rassemble et guérit, tu avais raison aussi. - Tu inspires un grand coup, regonflant tes poumons de cet air parfumé - Plus jeune, je voulais entrer dans l'armée avec un ami, cet ami, c'est celui que j'ai visité tout à l'heure. Le problème étant que, dans mon village, les femmes n'avait pas la même place que partout ailleurs, ce qui était désolant. Au final, alors que j'étais retenu par la loi de ces lieux, Ernest est parti tout seul gonfler les rangs de volontaires. Pendant longtemps, j'avais pensée à me faire passer pour un homme, mais l'idée fut vite rejetée par deux éléments imprévus... " 

Attentif jusque-là, Marco te coupe comme un enfant, et commence à théoriser les raisons de "pourquoi t/p n'a pas pu falsifier son identité", il déclare fièrement :

" A mon avis...tu ne pouvais pas... - Il lance un "mmm" prolongé - parce que tu étais amoureuse !  " 

Tu te sens rougir soudainement, et remue la tête affirmativement en baissant les yeux. Marco aussi semble avoir le rouge lui montant aux joues, couleur pâlissant de suite après qu'il eut dit la 2ème raison de "pourquoi tu n'as pas pu " :

" Et ensuite...il serait...mort ? " Il évite ton regard, honteux d'avoir dit une bêtise, mais tu ne trouves qu'à redire :

" Oui, il est mort il y a cinq ans. - Tu essayes de changer de sujet alors qu'il chuchote ses condoléances - Et toi ? Qu'as-tu à guérir ?  " 

Marco ne répond pas, trop absorbé par le souffle du vent, lorsqu'il émerge enfin de ses rêveries, il te dit seulement :

" Le soleil va se coucher... Les bêtes peuvent rôder dans les environs. T/p, tu devrais rentrer... " 

Et sur-ce, il te relève par la main et vos chemin se sépare dans deux directions opposées après qu'il t'ai donné rendez-vous au même endroit, pour le lendemain. 

***

" Il est si pur. - Chuchotes-tu en pensant à lui, une fois chez toi - On dirait un prince qui se serait évadé du mur Sina. " 

Et te voilà qui t'endors, espérant revoir le champ de lys dans tes doux rêves, le jeune garçon t'y attendant comme durant cette journée.




Marco X Reader " Le chant des lys.  "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant