8.Levis

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Le sort s'acharne sur moi, ce n'est pas possible ! Il a décidé de me rappeler, tous les jours, à quel point j'ai foutu ma vie en l'air, et surtout LA sienne.

« N'oublie pas ce que tu as fait, Levis ». Voilà ce qu'il me dirait.

Côtoyer Romy ne m'aide pas à enfouir ce douloureux souvenir, au contraire. Comme si ce n'était pas suffisant de la voir trois jours par semaine, non, il fallait aussi que je la croise dans cette banque.

-       Installez-vous, Monsieur Adams, je vous en prie, me propose le conseiller bancaire en me désignant le café et les viennoiseries sur son bureau.

Il en fait un peu trop à mon goût celui-là. Je regarde tout autour de moi, j'analyse la pièce. Il y a quelques cadres accrochés au mur, remplis uniquement de leur logo. C'est totalement moche. À quoi ça sert de mettre des cadres si c'est pour mettre ce genre de merde ?

-       Est-ce que Madame Jefferson est votre cliente ? demandé-je, curieux.

Je ne devrais pas chercher à savoir, je le sais. Mais c'est plus fort que moi.

-       Oui, mais plus pour très longtemps, je vous rassure.

-       Comment ça ? je le questionne en fronçant les sourcils.

-       Je n'ai pas trop le droit de vous en parler, vous comprenez, il y a le secret professionnel. Mais ce que je peux vous dire c'est que Madame Jefferson n'a plus trop le profil pour notre cabinet. Nous travaillons uniquement avec des clients très bien positionnés financièrement. C'est notre devise, Monsieur Adams, dit-il fièrement.

C'est quoi ce clown, qu'est-ce qu'il me raconte ? Est-ce que Romy n'a plus d'argent ?

-       Et bien, sachez que votre devise est à chier.

Il se met tout à coup à tousser et à rougir. Il a l'air mal à l'aise par ma remarque et je m'en contre fou. Je suis venu ici dans le simple but d'acquérir de nouveaux clients, et cette banque est un excellent moyen d'en avoir. Mais ce qu'il vient de me dire me donne envie de gerber.

-       Je vous demande pardon ?

-       Je n'aime pas la façon dont vous parlez de vos clients, qu'ils soient riches ou pauvres, ils sont censés être logés à la même enseigne.

-       Je suis navré, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire au sujet de Madame Jefferson.

C'est trop tard pour lui, malheureusement.

-       Je ne pense pas que notre partenariat soit une bonne idée. Bonne journée.

Je me lève soudainement et marche vers la sortie. J'entends ce type me courir après.

-       Attendez Monsieur Adams, j'ai de très gros dossiers à vous proposer, et je pense que ça pourrait vous ramener pas mal de clients, dit-il, désespéré.

Je ne me retourne pas et sors de cette banque de riche. Ma décision est prise, et tout ce qu'il peut me dire ne changera rien. Habituellement, sa remarque ne m'aurait fait ni chaud ni froid, mais là, il parlait de Romy. Et putain, ça m'a fait chier !

Je suis sur le trottoir et mon regard cherche la personne pour qui j'ai refusé un marché monumental. Elle n'a peut-être pas eu le temps d'aller bien loin. Je décide de m'avancer un peu et de regarder autour de moi. Quand tout à coup, j'aperçois Romy assise à un arrêt de bus. Elle est seule et a les yeux rivés sur son portable. Je m'approche d'elle et me résous à m'asseoir juste à côté.

-       Salut, annoncé-je.

Romy lève la tête de son téléphone et me fixe.

-       Bonjour, Monsieur Adams.

Déteste-moi plus fort [SOUS CONTRAT D'ÉDITION AVEC COLLECTION H& HARPERCOLLINS] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant