SEALED

Part 3

Sur le chemin, elle restait silencieuse, ne cessant de penser à ce qu'elle avait vu à l'Institut. Elle se demandait d'où lui venait cette aura, pourquoi ses yeux avaient changer de couleur et si elle était vraiment devenue un Démon. Tant de questions qui se bousculaient dans sa tête et qui restaient sans réponse. Gin n'avait jamais été très bavard, ni même très ouvert à la discussion. Elle regarda Hitori, qui marchait à ses côtés, peut-être pourrait-il lui apporter quelques réponses.

Elle s'apprêtait à l'interroger lorsqu'ils arrivèrent devant l'entrée d'une petite bâtisse, agrémentée d'une cour remplie de plantes et entourée d'une palissade de bois . Un chemin de terre menait jusqu'à l'entrée principale alors qu'un escalier menait à une passerelle extérieure, donnant accès à plusieurs logements. L'endroit était modeste mais agréable. Il se dirigea vers l'entrée principale où il arrivèrent dans une pièce commune, la cuisine y était intégrée et un escalier menait vers l'étage. Une femme y préparait le repas quand elle se retourna vers eux et dit:

-Ah Hitori, tu es rentré ! Et je vois que tu nous as ramené la jeune fille dont tu m'as parlé.

-Oui Kitari, je te présente Seira.

-Sois la bienvenue Seira. Mon nom est Kitari, c'est moi qui m'occupe de cette pension, lui dit-elle en souriant puis elle ajouta, Dis-moi, où étais-tu avant ?

Seira baissa la tête, se rappelant du conseil que Gin lui avait laissé avant de partir et lui répondit:

-Je... je ne me souviens pas... Je ne me souviens de rien, ni d'où je viens, ni où je suis actuellement.

-Je vois... La Purge du Guerrier Noir , lui répondit-elle d'un air compatissant puis se tournant vers Hitori, ... Elle doit être surement fatiguée, tu devrais lui montrer sa chambre.

-Oui, lui répondit-il puis en s'adressant à Seira, Viens suis moi.

Ils sortirent et montèrent les marches de l'escaliers. Sur la passerelle, il ouvrit une des portes qui menait à une chambre. Elle était assez grande pour une personne, avec un lit, une commode et un bureau face à une fenêtre qui donnait sur la cour ainsi qu'une salle d'eau dans le fond de la pièce. Elle entra en l'examinant et se dirigea vers le bureau en regardant par la fenêtre. Puis elle lui demanda ce qu'était la Purge qu'avait mentionné Kitari à son arrivée. Il s'assit sur le lit et lui expliqua.

Plus d'un siècle auparavant, une rébellion avait éclaté au sein du royaume de Soruita. Elle était dirigée par un des quatre Généraux de l'actuel souverain, le Seigneur Zeno, créant le désordre et le chaos. Zeno était un être cruel dominé par la haine et la violence. Il refusa tout dialogue et toute conciliation face à la colère de son peuple et à la trahison de son Général. Il se lança dans une guerre, tuant tous ceux qui s'opposaient à lui. Lorsqu'il réussit enfin à reprendre le contrôle de la situation suite à la déchéance du Général.

Il lança une campagne d'extermination de ses partisans, ce que tous appelèrent la Purge du Guerrier Noir. Des familles entières furent décimées, hommes, femmes et enfants sans exception, réduisant d'un tiers la population des démons. Se rendant compte qu'il ne resterait bientôt plus personne à gouverner face au rythme effréné des exécutions, il lança un décret, épargnant les plus jeunes en âge de se débrouiller mais dont les pouvoirs n'étaient pas encore suffisamment développés pour résister au processus de suppression de la mémoire. Un nouveau Général fit son ascension et les raisons de la rébellion tombèrent peu à peu dans l'oubli . Même si cela s'était produit de nombreuses années dans le passé, il arrivait que des orphelins continuent de faire leur apparition. Privés de leur mémoire, ils ne se souvenaient ni d'où ils venaient, ni d'où ils se trouvaient.

Seira l'écouta raconter son histoire avec attention, comprenant qu'il devait faire partir des orphelins dont il parlait. Il se leva et lui lança un sourire en lui disant de ne pas s'en faire car elle n'était plus seule et qu'il l'aiderait pour tout ce qu'elle ne savait pas. Elle le remercia alors qu'il se dirigeait vers la porte pour sortir de la pièce, en lui indiquant que sa chambre se trouvait au bout de la passerelle. Elle resta près de la fenêtre le regardant s'éloigner puis elle alla s'allonger sur le lit. Elle resta songeuse un moment avant de s'endormir, fatiguée par la longue journée qu'elle avait passée.