1. Katsuki

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Le calme absolu régnait dans la petite chambre d'hôpital, on entendait à peine le chant des oiseaux qui profitait de l'air frais du matin. Le ciel jusque là nuageux ne laissait pas la lumière du soleil pénétrer entièrement la pièce, ce fut lorsqu'un rayon parvint à illuminer la chambre que Katsuki plissa les yeux, agressé par cette soudaine luminosité. Il tenta de remonter son bras pour le mettre devant son visage, mais une douleur foudroyante le força à ouvrir les yeux en se redressant, surpris. Il baissa le regard: son bras droit était emprisonné dans une attelle allant de son épaule jusqu'à son poignet. Enfin il pouvait deviner que c'était son poignet, en vérité il ne voyait qu'un plâtre ne laissant passer que le bout des ses doigts.

Putain, comment est-ce qu'il avait bien pu se retrouver dans un état pareil? Il releva la tête et aperçu une perfusion remplie d'un liquide rougeâtre, qu'il identifia immédiatement comme du sang. Il suivit du regard le chemin que prenait le tube relié à la pochette, celui-ci finissait sa course dans la fosse cubitale de son bras gauche. Ses sourcils se froncèrent, ses doutes commençaient à se confirmer. Pour s'en assurer, il survola de son regard l'entièreté de la pièce: à gauche de son lit se trouvait une fenêtre si grande qu'elle composait plus de la moitié du mur; en face un siège de grand-mère coincé dans le coin de la pièce, une table avec un réveil qui indiquait 10h10 et une télé surélevée; enfin à sa droite se devinait le reste de la chambre, que Katsuki ne put observer car un rideau bleu lui bloquait la vue. Il reporta son attention vers la fenêtre.

Tch. Alors il était dans un hôpital hein? Ses souvenirs encore déconstruits et son mal de crâne n'aidant en rien, Katsuki eut du mal à comprendre les raisons de son arrivée ici. Ce qu'il comprit vite et bien à contrecœur c'était que Deku y était pour quelque chose, il ressentait de nouveau les vagues d'émotions, les images du combat qu'ils avaient engagé. Comme si celui du terrain Bêta n'avait pas suffit, il fallait qu'ils en remettent une autre couche. Sauf que là c'était pas pareil, il était à l'hôpital et apparemment il avait perdu beaucoup de sang...Est-ce que Deku était lui aussi à l'hôpital? Ou alors c'est lui et lui seul qui se retrouvait comme une merde ici? 

À l'idée d'être l'unique perdant de l'histoire, Katsuki sentit la frustration le crisper, si vite que ses membres en tremblaient. Il dut serrer les dents pour ne pas lâcher des jurons, quoique certains avaient tout de même réussi à franchir la barrière de sa bouche. Il reconcentra son attention vers le paysage pour ne pas aggraver la situation, même s'il s'en mordait les doigts à l'intérieur. 

C'est justement en se laissant aller au silence que ses souvenirs lui réapparurent aussi vite qu'ils étaient partis. De la pluie, de la dispute, de ce que ça avait engendré, pourquoi ils étaient tous les deux si mal en point. Son sang se glaça dans ses veines, il aurait aimé être partout mais pas ici. 

Après plusieurs longues minutes où beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête, il entendit une porte s'ouvrir derrière lui, coupant court à ses réflexions. Il se retourna et se retrouva face à un jeune infirmier qui le prit tout de suite en charge, comme un robot. Les formulations habituelles, "ça va?" "tu as mal?" "tu peux bouger?" impatientèrent Katsuki plus qu'il ne l'était déjà. L'infirmier soupira lorsqu'il remarqua l'attitude clairement désintéressée que lui offrait le blessé; il baissa le regard vers sa feuille tout en parlant: 

- Bon je te fais un résumé sur ta situation parce que t'as pas l'air de vouloir taper la discute: de ton côté c'est luxation de l'épaule droite, poignet droit cassé et pour finir tu as l'artère sous-clavière perforée, d'où la perfusion, t'as perdu pas mal de sang. indiqua t-il en relevant son stylo vers la pochette. T'es coincé ici pour au moins cinq jours et ton camarade aussi.

Katsuki releva la tête, la mine de nouveau sérieuse. Il en avait presque rien à faire de tout ce que venait de lui déblatérer la personne en face de lui, seule une information comptait plus que toutes les autres. 

- Huh? Mon camarade?

L'infirmier répondit en affichant un sourire ô combien ironique:

- Bah ouais, t'es arrivé avec quelqu'un, tu t'es pas fais ça tout seul. Je devrais le mettre au soleil lui aussi d'ailleurs. Il se leva et poussa le rideau assez fort pour que celui-ci se rabatte complètement contre le mur. Je vous jure, remplir des lits d'hôpitaux avec des gamins qui n'ont rien d'autre que de la testostérone dans la tête, quelle plaie...

À droite de Katsuki un autre lit occupait la pièce, bien sûr son occupant n'était autre que celui qui lui devait ce petit séjour à l'hôpital, Deku. 

- Bon lui apparemment il est plus sonné que toi, je reviendrais vers midi voir où ça en est. L'infirmier s'apprêtait à partir, mais il se retourna au dernier moment, le regard tout de suite plus sérieux: on a pas pu faire autrement, on est plein, c'est vraiment la galère pour les hôpitaux en ce moment. Facilitez-nous la tâche et vous chamaillez pas, n'osez ne serait-ce que casser un bouton de la télécommande et je vous étripe." Sur ce, il sortit tout en marmonnant nerveusement.

La porte se ferma dans un bruit sourd. Il fallait que dans une situation comme celle-ci, les hôpitaux soit pas fichu de faire leur boulot et qu'il se coltine de force l'autre boulet. Putain, on dirait que même dans les vapes il gardait son petit air satisfait qui pensait savoir tout sur tout tout le temps! 

Mais la colère de Katsuki s'évanouissait bien vite au fur et à mesure que la conversation qu'ils avaient eu il y a quelques heures à peine lui revenait en tête. Il jeta un œil vers le réveil qui indiquait 10h38, puis il se retourna définitivement pour faire dos au lit d'Izuku. Sa sale tronche il voulait pas la voir pour le moment, alors il profita du silence et du paysage. Lorsque son voisin se réveillerait, pas sûr que la chambre reste réellement intacte. 

Deux lits, une télé et un rideauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant