06 - Sable et brouillard

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- Je ne comprendrais jamais l'art abstrait.

   Thomas louchait depuis 3 bonnes minutes devant le tableau minuscule d'un artiste suédois contemporain dont il était incapable de prononcer le nom. Armin s'approcha à son tour et lui en expliqua le sens.

- Woaw, tu connais vraiment tout toi.
- C'est écrit ici, répondit-il en pointant une note près de l'œuvre.
- Ah.

   Le jeune homme se sentit un peu stupide et décida de changer de salle, suivi par le blond. Ils arrivèrent dans la pièce du musée consacrée aux artistes allemands et Armin s'arrêta devant une photo de la ville de Stuttgart. Il ressentit à nouveau ce sentiment de déjà-vu, cette sensation indescriptible qui lui tordait l'estomac puis il se souvint.

*.• - Trois ans plus tôt - •.*

- Tu m'y emmèneras un jour ? demanda le blond.

  Eren quitta la photo des yeux avant de lui jeter un regard un coin.

- À Stuttgart ? Ma tante sera ravie de nous héberger. Et puis ça fait longtemps que je n'y suis pas allé, alors pourquoi pas.

   Armin glissa sa main dans celle de son copain et le tira vers la photo suivante. Il écoutait avec un grand intérêt toutes les anecdotes que le brun lui racontait sur ses voyages en Allemagne avec sa mère quand ils retournaient voir sa famille. Il remarquait que les yeux d'Eren brillaient dès qu'il parlait des endroits qu'il préférait ou de toutes les choses qu'il devait lui faire découvrir. Le blond adorait le voir aussi enthousiaste.

- Et là y'a ma grand-mère qu'est arrivée et qui lui a balancé...
- T'es beau Eren.

  Le visage du brun afficha un air stupéfait avant de rougir intensément.

- Ne me coupe pas quand je te raconte les disputes entre ma grand-mère et son voisin s'il te plaît, fit-il en détournant le regard.
- Désolé, je le ferai plus.
- Donc je disais, elle est arrivée et lui a balancé un...

Il marqua une pause.

- ... un quoi ?
- Nan mais là t'es censé m'interrompre une deuxième fois pour me redire que je suis beau.
- Pfff t'es con, rit Armin en mettant une petite tape derrière la tête d'Eren.

   Ce dernier riposta en tentant de le plaquer à la manière d'un rugbyman (il n'avait jamais vu un seul match de rugby de sa vie) mais le blond se défendait en enroulant ses bras autour du torse de son copain.
   Ils furent bien évidemment virés du musée après s'être concentrés comme ils pouvaient pour ne pas éclater de rire devant le conservateur, qui leur expliquait qu'à 20 ans on devait grandir et que les salles d'exposition n'étaient pas des ring de catch.

⟣—•.*.•—⟢

   Les yeux bleus du garçon se remplirent de larmes sans qu'il puisse expliquer pourquoi. Il les essuya rapidement avant de continuer la visite.
   Au moment de prendre le métro, Thomas le rattrapa par le bras.

- Attends...

Armin leva un sourcil.

- C'était cool aujourd'hui, dit-il.
- Ouais, merci, répondit le blond en souriant.

   Il attendait que son ami le lâche mais à la place, ce dernier approcha dangereusement son visage du sien. Armin allait le repousser lorsque, comme sauvé par des entités divines, son portable sonna.

𝐋𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐁𝐨𝐲 - 𝖾𝗋𝖾𝗆𝗂𝗇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant