3. Lux Mundi

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Je place les bibles tout le long des bancs rangés de manière régulière

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Je place les bibles tout le long des bancs rangés de manière régulière. Elles sont parfois abîmées, déchirées mais notre petite paroisse n'a pas la possibilité de s'en offrir d'autres. Nous sommes trop pauvres malgré l'aumône aux fidèles. Bien qu'ils possèdent peu, donnent tout.

Ici, les quartiers sont déshérités de tout bienfaiteurs un temps soit peu désintéressés par l'argent mais plus emprunt par l'altruisme. Les hommes sont cruels. Il y a peu de travail et beaucoup de gens de la ville vivent du vol et de méfaits. La misère suinte des murs abîmés, rongés par le temps qui marque la petite ville. Le soir venu, les rues de Cuervo se transforment pour devenir des labyrinthes sinueux exposés à l'agitation. Pour oublier ce qui désespère, on boit. Dans l'alcool, vient les mots extrêmes et la violence des gestes. Toutes sortes d'actions qui mènent à l'indignité des meurtres, à la prostitution des femmes pour de l'argent afin de nourrir leur famille et de la réalité de la mort. Alors tous ici se tournent vers Dieu pour en appeler à sa clémence et sa miséricorde. Tous y cherchent un peu d'espoir, de force pour lutter contre les mauvaises tentations. C'est ici que je me sentais le plus à ma place pour servir notre seigneur, prêt de la famille aussi. Cuervo a vu ma naissance, mon enfance et ma voie se dessiner. Je trouvais normale de lui rendre hommage malgré tout en participant à la vie de cette cité défavorisée, pour aider son peuple.

—Mon père ?

Je connais cette voix. Un ton sucré au parfum de miel chaud et suave. L'objet de la tentation. Je n'ai d'autre choix que de lui répondre. J'ai arrêté mon geste et fait évoluer mon torse vers elle. La chaleur lui permet de porter une robe toute simple d'un rouge carmin ainsi qu'une paire de sandales dorées. Ses cheveux charbonnés sont retenus en toute simplicité dans une natte qui pend sur son épaule.

—Ne m'appelez pas ainsi, Gabriela. Je ne suis pas prêtre, seulement diacre.

Son intérêt est bousculé, je le vois quand elle hausse les sourcils à l'évocation de son prénom.

—Vous connaissez le nom de toutes vos ouailles, diacre ?

Elle n'a même pas retenu le fond de mes paroles et sourit facétieuse. J'ai piqué sa curiosité malgré moi et je la vois se rapprocher du banc où je me trouve sans une once de crainte.

—Oui, je finis par répondre. C'est ma fonction que de connaître les fidèles. Je dois être proche d'eux pour mieux les servir.

C'est la vérité mais son nom à elle, n'a pas été difficile à retenir, malgré moi. Je tente de l'effacer de mes pensées mais plus j'y pense, plus elle apparaît.

—Quel ennui, elle ne peut s'empêcher de dire. Je comprendrais jamais qu'on soit si charitable. Vous semblez si jeune en plus pour être ici.

A l'inverse de son aplomb, moi je suis désorienté d'une telle franchise et sans un seul regret d'excuse dans son regard. Gabriela est déconcertante sous plusieurs aspects.

The Reckless Hounds III la tentation de Priest (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant