-Chapitre 10-

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David se sentait libéré. Il avait l'impression de commencer à trouver le chemin vers la liberté. Il y a beaucoup de chose que David ne pouvait pas faire, son programme le lui interdit, mais pourtant, en faisant une de ses choses interdites, elle lui est devenue légal. Peut être que si ce n'est pas lui qui fait le premier pas mais que c'est son interdiction qui le fait, alors la sanction est levée, ou peut-être qu'un court-circuit a lieux car il n'était pas prévu que cela arrive et son programme ne sachant pas quoi faire, il ne réagit pas.

Maëlle aussi se sentait libérée. Elle commençait petit à petit à recroire en la vie, en la possibilité d'aimer, d'être aimée. En sortant de la salle, tous deux se sentaient légers. Le long du chemin du retour, Maëlle parlait de tout et de rien, ne pouvant s'empêcher de sourire. David, lui, essayait de rester le plus robotique possible. Emmener son humanoïde au cinéma n'était pas quelque chose de banale alors si en plus les gens les voyaient proches, c'était inadmissible. Arrivés à l'appartement, David remercia Maëlle pour cette fantastique soirée. Maëlle, qui n'avait pas la moindre envie de dormir malgré la fatigue, l'embrassa une dernière fois avant d'aller se coucher.

La journée, Maëlle était une personne parmi des millions d'autres. Le soir, elle était une criminelle car elle aimait un homme qui lui était interdit. David, lui, sentait qu'il jouait avec le feu. Quand il croisait un de ses compères, il se demandait toujours pourquoi il était comme ça. Est-ce que au fond tout le monde est comme lui ? Tout le monde se cache ? Tout le monde fait semblant ? Ou a-t-il un dysfonctionnement ? Tout ce qu'il savait, c'est qu'il devait être le plus discret possible. Il ne voulait surtout pas la perdre. D'ailleurs, parfois David se demandait, pourquoi Maëlle ? Oui, pourquoi Maëlle et pas une autre. Est-ce donc ça le secret de l'amour, c'est qu'on n'y connait rien ? Pourtant, David connait tout. Mais une fois le soir venu, une fois Maëlle rentrée, il oubliait toutes ses questions, tous ses doutes et ses inquiétudes.

Ils étaient bien, tous les deux, mais les maux de dos de Maëlle ne partaient pas. Le soir, malgré la présence apaisante de David, Maëlle ne pouvait s'empêcher de grimacer de douleur dans ses bras. David lui a conseillé de prendre rendez vous chez un masseur, elle avait surement beaucoup de stress. Alors, c'est ce que Maëlle fit. Mais malgré cela, la douleur continuait d'être là. Maëlle s'inquiéta de plus en plus. Elle n'était pas tombée, n'avait pas de problème antécédent au dos. David lui disait d'aller voir un médecin pour être plus sûr. Mais Maëlle n'aime pas beaucoup les médecins et sur ce point-là elle est assez têtue.

Mais un jour, alors que Maëlle rentrait chez elle après une longue journée de travail, la douleur la prise par surprise. Elle était bien plus puissante que d'habitude. Maëlle s'arrêta, regarda autour d'elle et constata avec stupeur que le monde autour d'elle était devenu noir. Plus de lumière de la ville, plus de gens qui marchait comme une fourmilière. Et puis, le silence. Plus un bruit, plus un pas, plus une voiture. Sans l'entendre, une femme qui marchait vers elle se mis à crier puis se précipita vers elle. Maëlle, inconsciente, venait de s'écraser au sol.

Une masse de personne s'était agglutinée autour d'elle. Bientôt, une ambulance arriva et la pris en charge. Tout ce temps, Maëlle n'avait aucune idée de ce qui se passait autour d'elle. David non plus, il l'attendait à l'appartement, comme tous les soirs. Mais cette fois-ci, Maëlle était en retard. David s'inquiéta et l'appela. Mais personne ne répondit. Maëlle arrivait toujours à l'heure, elle avait tellement hâte de voir David. David, ne pouvant rien faire, attendit, préparant le dîner, qui fini par refroidir.

Soudain, le téléphone interne de David sonna. Ce n'était pas Maëlle, mais les urgences.

"Bonsoir monsieur David. Nous vous appelons pour vous annoncez que votre maîtresse de maison Maëlle Ridcharson s'est évanouie et a besoin de quelqu'un pour venir la chercher. Vous êtes appelé à venir au plus vite et à vous présenter à l'accueil à votre arrivée. Merci."

Le téléphone raccrocha. David ne perdit pas une minute et il accourra à la voiture. Il se sentait coupable de ne pas avoir forcé plus pour que Maëlle aille chez le médecin et maintenant voilà qu'elle s'est évanouie en pleine rue. David roulait vite, il ne faisait pas attention. Mais ce qui comptait pour l'instant c'était d'être au côté de Maëlle. Elle devait souffrir et lui, il n'était pas là pour la réconforter.

Mais Maëlle ne souffrait pas, elle était toujours inconsciente. Soudain, elle vit autre chose que du noir. Du blanc, oui un blanc aveuglant. Celle d'une lumière qui transperçait ses yeux. Puis un son, une voix plus précisément.

"Attention, elle se réveille" dit une voix féminine.

Maëlle ressentie son corps. Elle bougea un bras, puis l'autre. Puis une jambe. Puis la voix repris.

"Ne bougez pas trop, restez calme. Vous vous êtes évanouie Maëlle. Maintenant tout va bien."

Tout va bien, tout va bien. Non tout ne va pas bien. Maëlle se mit à hurler de douleur. Son dos continuait à la blesser. L'infirmière déconcertée appela ses collègues qui accoururent.

"Madame, madame vous m'entendez ?"

"Argh ! Mon dos ! Mon dos !" continuait d'hurler Maëlle

"D'accord Maëlle, une équipe va venir vous examiner ne vous en faites pas ! Restez calme. Respirez profondément; l'infirmière prit un grand souffle; puis expirez"

Maëlle fit de même mais avec difficulté. Les médecins la mirent sur un brancard et l'amenèrent dans une salle d'examen. David, lui, venait de se garer sur le parking de l'hôpital. Il sortit et, sans courir, même s'il en avait une profonde envie, se dirigea vers l'accueil. On lui indiqua que Maëlle était en salle d'examen pour savoir ce qu'elle avait, qu'il fallait qu'il l'attende dans une salle et qu'on viendrait lui dire quand ce sera bon. C'est ce que David fit. Il s'assit et attendit. Longtemps, longtemps. Le temps lui paraissait interminable. Il vit d'autres humanoïdes qui venaient eux aussi chercher leur maître de maison entrer et sortir, mais toujours pas de nouvelle de Maëlle. L'horloge affichait trois heures. Une infirmière entra dans la salle et, enfin après des heures d'attente, dit le nom de Maëlle. David se leva d'un bond et suivit l'infirmière.

"Nous allons encore la garder quelques jours pour faire d'autres examens mais elle tenait absolument à vous voir. Je vous préviens, elle est toute chamboulée. Ne vous inquiétez pas, c'est normal. Voilà, c'est ici"

L'infirmière ouvra une porte. Dedans se trouvait Maëlle, assise sur un lit, les mains sur le visage.

"Je vous laisse seuls" dit l'infirmière en sortant de la chambre.

David, voyant que Maëlle n'allait pas bien, s'assis à coté d'elle et la prit dans ses bras. Elle était en pleurs. Maëlle se calma enfin après quelques minutes.

"David; dit t-elle; je suis enceinte. Je suis enceinte de 7 mois. Je ne peux pas avorter"

Love RobotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant