Love Robot

-Chapitre 11-

David resta neutre. Maëlle, elle, était inquiète. Elle espérait que David comprendrait. Bien sûr qu'il comprendrait. Mais du moins qu'elle ne lui ait pas créé de court-circuit.
« J'ai dû tomber enceinte quelques jours avant la mort de Walter et puis, dû au choc émotionnel, j'ai fait un déni de grossesse » dit Maëlle après un grand silence.

« Je suis très heureux pour vous, Maëlle » lui répondit David en se tournant vers elle.
Maëlle lui fit un grand sourire toujours les yeux pleins de larmes et le prit dans ces bras.
« Est-ce que vous vous sentez mieux ? » ajouta David
« Un peu mieux qu'avant, il commence à prendre sa vraie place" dit Maëlle en regardant son ventre.

"Quand pourrez-vous rentrer à l'appartement ?"

"Une fois qu'on sera assuré que le bébé va bien"

  Maëlle sentait que David n'était pas vraiment conquis par sa réponse.

"Bientôt David, bientôt. Occupe-toi de l'appartement, recharge-toi et ne t'en fais pas pour moi. Ils t'appelleront pour que tu viennes me chercher"

  David n'avait toujours pas l'air satisfait. Il avait presque même l'air inquiet. Cela parut étrange à Maëlle car ça devrait plutôt être l'inverse. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'elle soit enceinte. Était-il jaloux? Jaloux que ce soit l'enfant de Walter ? Après tout, David aimait Maëlle, alors pourquoi ne pourrait-il pas ressentir de jalousie pour Walter?

"David ?"

"Oui ?"

"Est-ce que tu es jaloux ?"

  Maëlle n'a pu s'empêcher de demander. David, lui, était assez surpris par ce que venait de lui demander Maëlle.

"Non, bien sûr que non, je suis même très heureux pour vous"

  David regarda Maëlle un moment dans les yeux puis se leva.

"Je ferais mieux de partir, reposez-vous bien. Je leur demanderai de bien prendre soin de vous" dit David

"Merci David."

  Et David ferma la porte derrière lui. Il sortit de l'hôpital, prit la voiture et rentra à l'appartement. Il entra, et s'arrêta. Rapidement, il se dirigea vers la chambre de Maëlle et ouvrit en grand son placard. D'un mouvement de main il dérangea toutes ses affaires et se mit à explorer le placard. Il y trouva en son fond une valise. Une grande valise. Assez grande pour partir à l'autre bout de la galaxie si on le voulait. David fit le tour de l'appartement, prit un vêtement par ci, une brosse à dent par là. Lors d'un de ses allers-retours entre la valise et le reste de l'appartement, il s'arrêta devant une photo. Maëlle et Walter, bras dans les bras, quelques heures avant d'entrer en hibernation vers Fassbendor. Il retira délicatement la photo de son cadre et la plia dans sa poche.

  L'appartement avait l'air sans dessus dessous par rapport à son habituelle propreté. David ferma la valise. Il retourna à la voiture, mit la valise dans le coffre, puis remonta. Il éteignit les lumières et coupa l'eau. Dans un noir complet, il se brancha puis ferma ses paupières artificielles.

Un jour s'était écoulé et David était là, dans le noir, la seule lueur était celle de son câble d'alimentation. Un bruit retenti. David avait reçu un message. Maëlle pouvait partir, elle l'attendait. Il se ralluma aussitôt, son temps de chargement a été presque inexistent. Il se débrancha d'un mouvement brusque puis prit son câble d'alimentation et le mit dans son sac. Il alla à la voiture, mit son sac sur le siège passager et se mit à rouler jusqu'à l'hôpital. David était concentré . Il n'écoutait pas de musique. La voiture était presque muette. Seuls les légers ronronnements du mécanisme de David se faisaient entendre. Il faisait encore nuit dehors, mais la lune commençait tout juste à se cacher.
   La ville fut presque entièrement éclairée par les rayons du soleil quand David arriva à l'hôpital. Il se dirigea vers la chambre de Maëlle. Elle était prête.
« Qu'est-ce qu'elle est belle » se dit une ligne de code de David.

  Maëlle était assise sur son lit. Elle lisait. Une robe légère et ample l'habillait. Quand elle entendit la porte s'ouvrir, elle se retourna et vit David.
« Je n'aurais pas pensé que le voir me ferait autant de bien » dit la conscience de Maëlle.

« Ça fait du bien de te revoir » dit Maëlle
« Je vais vous prendre votre valise »
Maëlle fut légèrement déconcerté par le ton que prit David. Elle sentait qu'il y avait quelque chose.

David prit les affaires de Maëlle et sortit de la chambre se faisant suivre par Maëlle. Elle le trouvait plutôt calme, presque pensant. C'était comme si ...
« Vous vous sentez mieux ? »
« Hein ? Oh oui ne t'en fait pas. » répondit Maëlle.
David mit les affaires de Maëlle dans le coffre, vint ouvrir la porte pour Maëlle et s'installa à la place du conducteur. David se mit à rouler.

« Regarde David, regarde comment mon ventre s'est arrondi. Ça va tellement vite, le petit bonhomme à l'intérieur doit se sentir libéré. » dit Maëlle en soulevant son haut pour faire dépasser son ventre.

David regarda le ventre de Maëlle. En effet, celui-ci avait atteint la taille d'un ballon. Un beau ballon fait de chair et décoré de motif de craquelures dues à l'expansion soudaine du ventre de Maëlle.

« Je n'arrive pas à croire qu'il y a un être humain de l'intérieur de moi. Tu te rends compte, il était là depuis tout ce temps sans que je le sache. C'est comme un petit ange gardien qui était là pour veiller sur moi. J'ai toujours su que Walter était toujours là avec moi, maintenant je sais pourquoi ». Maëlle caressa son ventre en silence pendant un moment. « Il faudra lui trouver de la place à celui-là, peut-être déménager... Et puis peut-être que quitter notre appartement sera bénéfique, ça permettra de tourner là page... David, tu veux bien te charger de trouver une sélection d'appartements, avec une chambre supplémentaire ? »

« Cela sera inutile » rétorqua David

Maëlle, surprise de ce refus venant de son humanoïde de maison, le regarda déconcerté puis tourna le regard pour se rendre compte qu'il ne prenait pas du tout la direction de l'appartement, mais celle qui menait en dehors de la ville.